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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3
Autoren: Mireille Calmel
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rendre ce que tu as perdu mais, au fil du temps, il adoucira tes blessures.
    Mounia ne voulut pas la détromper. À quoi bon ?
    — Un jour viendra. Peu importe quand. Où tu me demanderas un poignard et où je te le donnerai.
    Le regard de Mounia s'éclaira de l'envie de s'ouvrir les veines. Mais la Khanoum secoua la tête.
    — Ce jour-là, ce n'est pas contre toi que tu l'utiliseras, mais contre Ihda. Ce jour-là, avec la vie que tu lui prendras, tu seras guérie. Et libre aussi.
    Elle s'inclina devant elle, de la tendresse plein les yeux.
    — Je viendrai chaque jour dans l'espoir que ce soit celui-là. Bonne nuit, Mounia.
    *
    Les loups tenaient la place. Huit au total, crocs découverts, ils se disputaient une charogne sous le porche pyramidal de la grotte, en plein milieu du passage. Si leur présence à proximité des habitations l'étonna, Marthe ne s'en émut pas. Les bêtes étaient semblables aux hommes. Il suffisait de peu pour les abattre. Parvenue devant l'entrée, elle les écarta l'un souffle. Refluant vers le fond, ils se couchèrent en gémissant. Marthe balaya l'espace du regard. Aucune trace de Présine. Elle avait dû emmener l'enfant. Furieuse, elle revint sur ses pas. Coula un regard indifférent à la petite forme écharpée qui gisait là et s'immobilisa, frappée de stupeur.
    Un petit pied velu se devinait encore. Son sang s'accéléra dans ses veines pourtant froides. Elle se précipita. Releva ce qu'il restait du cadavre.
    — Impossible. Non, impossible, répéta-t-elle en tournant et retournant entre ses doigts un bout de chair accroché encore à un tout petit tibia.
    Elle lâcha le tout, livide d'effroi.
    — Idiote, idiote, idiote, se fustigea-t-elle.
    Elle comprenait tout à présent. Oui, tout. Même le rôle innocent d'Algonde, manipulée jusqu'au bout par Présine. Jamais sa mère n'avait voulu ravir l'enfant pour son compte. Elle voulait juste qu'il meure. Qu'il meure pour les punir une seconde fois. Empêcher que la prophétie ne s'accomplisse, voilà quel était son dessein en vérité.
    — Idiote, répéta-t-elle encore en s'arrachant les cheveux.
    Des siècles entiers elle avait attendu ce moment-à. Et pourquoi ? Pour rien. Rien. Elle avait perdu son temps auprès de ces humains insipides alors qu'elle l'aurait mieux employé à regagner les Hautes Terres. Mais cela aussi leur mère l'avait prévu. Pendant qu'elle et Mélusine croupissaient ici, le passage d'Avalon se refermait.
    Jetant la dépouille aux loups, Marthe redescendit en courant le sentier caillouteux.
    « Tant pis, se dit-elle. Je n'ai pas besoin d'un enfant roi. Le plus urgent désormais, c'est de trouver le moyen de retourner là-bas ! »
     
    Elle déboula au pied de la falaise, se figea de surprise.
    — Algonde ? Ou est-ce toi, ma chère sœur ?
    — À ton avis ? ricana Mélusine qui l'attendait.
    Sans lui laisser le temps de se reprendre, elle lui lança au visage le flacon débouché qui contenait le poison de la vouivre. Marthe l'esquiva. Tandis qu'il se fracassait contre un rocher, quelques gouttes l'éclaboussèrent, pénétrant dans ses chairs comme un acide puissant. Au visage, au bras. Décharnant l'os du nez, le dessus des doigts. Folle de rage et de douleur, Marthe fonça sur sa sœur.
    — Falicaïl ! hurla Mélusine, s'armant aussitôt d'un bouclier invisible de protection.
    — Si tu crois m'arrêter avec ça, gronda Marthe, rongée par le poison qui, grignotant ses chairs, pénétrait profondément en elle. Pas en quantité suffisante pourtant pour la détruire.
    D'un simple geste, elle fit exploser le maigre rempart d'énergie, emplissant l'azur d'un bruit de tonnerre et d'une vague bleutée.
    Mélusine recula.
    — Mère, appela-t-elle à la rescousse, amenant un rire gras aux lèvres brûlées de Marthe.
    — Égosille-toi, vas-y. Elle se moque bien de toi. De nous. Elle a tué l'enfant pour que nous ne l'ayons pas. Crois-tu donc qu'elle te sauvera ?
    Mélusine songea à Algonde, prisonnière des eaux du Furon.
    — Pardonne-moi, murmura-t-elle, certaine que la jouvencelle l'avait suivie en pensée, pas à pas.
    Sans y croire, elle se jeta en avant, armée d'un poignard d'argent caché dans sa manche. Son dernier atout. Si elle atteignait le cœur… Marthe lui brisa le bras avant qu'elle ait seulement fini de le penser.
    Le poignard tomba sur le sol caillouteux.
    Folle de rage, de souffrance et de vengeance, Marthe se déchaîna autant contre sa sœur que contre
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