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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3
Autoren: Mireille Calmel
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odeur familière jusque-là masquée.
    — Que cherchez-vous à la fin ? s'emporta Mathieu.
    — Je ne cherche plus, j'ai trouvé, grinça Marthe en crispant les poings.
    Mathieu blêmit.
    — Quoi ?
    D'un bond Marthe fut devant lui et lui prit la main. Elle y déposa quelque chose d'infiniment léger qui lui chatouilla la paume, puis, lui refermant les doigts dessus, le bouscula pour passer.
    — Tu peux dire adieu à ton Algonde, pesneux, dit-elle avant de s'élancer à toute allure dans l'escalier.
    Interdit, il baissa le front et se mit à trembler devant ce long poil noir maculé de sang séché.
     

42
    Montée à la garçonne, les jupes tirebouchonnées entre ses cuisses, Algonde aurait aimé pouvoir forcer l'allure, mais avec Constantin dans les bras, elle ne put guère dépasser le trot léger. À peine tentait-elle d'accélérer que le nouveau-né régurgitait et qu'elle devait s'arrêter pour le calmer. Elle y avait renoncé. Jouant de son avance.
    L'enfant était plus précieux que tout.
    Bien sûr ils avaient pris toutes les précautions, tout prévu dans le moindre détail. Aymar de Grolée était un homme de tactique, de rigueur guerrière. Il ne laisserait rien au hasard et emmènerait Elora avec Jeanne de Commiers dans le souterrain qui reliait Bressieux à Saint-Pierre. Le passage ne possédait plus depuis longtemps de sortie sur l'extérieur. Elle avait été murée. Il était peu probable que Marthe le connaisse et moins encore qu'elle perde du temps à en découvrir l'accès.
    Non. Au pis-aller, si Marthe avait un doute quelconque, c'est à ses trousses qu'elle se précipiterait.
    Algonde s'efforçait d'y croire.
    Mais n'en était pas rassurée pour autant.
    À la hauteur de l'ancienne tour des Templiers, la voix de Présine résonna dans sa tête.
    — Balme de Glos…
    Le lieu de leur rendez-vous. Algonde se rembrunit. Elle aurait préféré ne pas avoir à pousser jusqu'au village de Fontaine, lui déposer l'enfançon dans sa cabane à Sassenage. Présine devait avoir ses raisons. Sans doute craignait-elle que Marthe ne soupçonne sa cachette et se précipite là en premier lieu si les choses tournaient mal.
    Un frisson, glacial, lui balaya l'échine.
    Avait-elle par là voulu le lui annoncer ?
    Serrant plus fort l'enfant contre sa poitrine, elle s'agrippa fermement au licol de sa main libre et talonna sa monture.
    — Je n'ai que trop tardé, s'excusa-t-elle en l'entendant pleurer.
    Mieux valait qu'il soit malade que damné. À Présine de trouver le moyen de le remettre sur pied.
    *
    Lorsque les deux eunuques, méconnaissables sous leur caftan, vinrent la chercher dans sa cellule obscure, Mounia loua le ciel, quel que fût le Dieu qui l'avait exaucée. Ses prières avaient été entendues.
    Elle allait mourir.
    Pinçant au-dessus de ses lèvres l'étoffe modeste dont on lui avait demandé de se couvrir de la tête aux pieds, elle se laissa emmener sans mot dire, les yeux rasant le sol, au long du couloir humide éclairé de torches. L'endroit puait mais elle ne sentit rien. On la fit sortir de la prison par une petite porte. Devant, la nuit habillait le couloir de roche. Les deux hommes n'en parurent pas incommodés. L'un devant, l'autre derrière, ils la forcèrent à avancer. Mounia ignorait où on la menait, mais ne s'en souciait guère. Certaines exécutions, elle le savait, étaient aussi discrètes que ce qui les avait justifiées.
    Lorsqu'ils débouchèrent dans la lumière, Mounia écarquilla les yeux de surprise. Elle était hors de l'enceinte du palais. Face à elle, la Corne d'Or miroitait.
    La prenant par les coudes chacun d'un côté, les deux hommes l'entraînèrent vers le port du Boucoléon qui grouillait d'animation au pied des remparts de la vieille cité. Anonymes par leur allure au milieu d'une foule bigarrée, ils la menèrent devant la façade d'un vieux bâtiment désaffecté rencogné entre deux estaminets de belle facture. L'un des eunuques inséra une clef dans la serrure. Le battant vermoulu s'ouvrit dans un grincement lugubre.
    — Entre, lui ordonna-t-on.
    Perplexe, Mounia obéit. L'endroit était habité de rats qui filèrent sous ses pieds, la salle étroite et basse. Vitement retombée dans l'obscurité sitôt la porte rabattue, l'Égyptienne ne put en distinguer davantage.
    On la poussa en avant, sans ménagement.
    Elle en ressentit une pointe au cœur. D'angoisse et de satisfaction mêlées. L'endroit idéal pour une fin discrète. Elle attendit
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