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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3
Autoren: Mireille Calmel
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Elora. Et pour finir Marie, seule au chevet de Philippine, administrant à cette dernière un somnifère pour la calmer.
    Pas de mensonge par ce biais-là. Marie avait véritablement vécu tout cela.
    — Assez! grinça Mathieu en posant une main ferme sur l'épaule de Marthe.
    Sans obtempérer, celle-ci tourna la tête. Elle n'avait plus face humaine.
    — Vous nous tueriez tous que vous n'y changeriez rien. Ce n'est pas l'enfant de Djem, ne le voyez-vous pas ?
    Une fraction de seconde. Un souvenir accrocha la mémoire de Marthe. Le retour de Philippine après sa fuite avec le prince.
    — Montoison ? avait-elle demandé.
    — Mort. Après m'avoir violée, lui avait répondu la jouvencelle.
    Elle libéra Marie de Dreux. Cet imbécile de chevalier avait tout gâché.
    Pendant quelques secondes, Marthe demeura immobile avec le sentiment de s'être trompée. Puis un soupçon la rattrapa. Elle fouilla le visage de Mathieu. Mathieu si servile et pourtant capable de lui tenir tête. Mathieu prêt à tout pour Algonde. Il ne savait rien. Marthe l'avait vérifié et le vérifiait encore. Pourtant… elle tiqua. Le plaqua au mur.
    — Elle serait partie sans toi ? Je n'y crois pas.
    Le souffle putride de la Harpie balaya son visage. Il détourna la tête, refusant cette fois de toutes ses forces les effets pervers de ses pouvoirs. Mais Marthe n'avait aucunement envie de jouer. D'un ongle acéré, elle suivit la ligne de sa cicatrice à l'œil droit, la rouvrant en surface.
    — L'auriez-vous épargnée si elle était restée ?
    L'argument porta. Marthe s'écarta. Pour autant, l'impression persistait. L'instinct. Elle se retourna vers Marie, recroquevillée contre la porte voisine de celle de Philippine.
    — Aymar de Grolée ?
    — Il est parti hier soir pour régler une affaire. J'ignore laquelle, hoqueta la damoiselle, en se protégeant le visage de ses bras par crainte d'un nouvel assaut.
    Il ne vint pas.
    — Allez-vous-en, Marthe. C'est terminé. Nous n'y sommes pour rien, quémanda Mathieu, la joue en sang.
    Marthe fut sur le point de s'y résoudre. Elle n'avait plus rien à faire là. S'il n'y avait eu cette sensation… Son regard accrocha le bois derrière Marie qui dardait sur elle des yeux suppliants. Marthe s'approcha. La damoiselle s'époumona d'effroi, ratatinée plus encore.
    Par pure méchanceté, Marthe lui décocha un coup de pied dans les tibias.
    — Je t'ai assez vue. Disparais !
    En pleurs, Marie s'échappa à quatre pattes, petite souris grise de robe. Marthe ouvrit la porte, passa la tête.
    — Attends.
    Marie s'immobilisa, fixant le palier comme un chien attaché la liberté.
    — À qui est cette chambre ?
    — Au baron…
    Marthe franchit le seuil.
    Le jour baignait la pièce, du feu brûlait dans l'âtre et le lit était fait. L'odeur du sang y était forte pourtant. Elle en fit le tour sans rien remarquer d'anormal.
    Elle poussa la porte de communication, à peine distraite par la cavalcade dans les escaliers. Marie avait pris ses jambes à son cou pour lui échapper. Dans sa couche, Philippine dormait toujours profondément.
    Marthe rabattit l'huis.
    L'odeur du sang. Elle était plus marquée dans cette pièce-ci que dans celle de l'accouchée. Pourquoi ?
    Avait-on laissé ouvert entre les deux, puis refermé en aérant l'une et pas l'autre ?
    Détail.
    Mathieu s'était accoudé au chambranle. Les bras croisés, il la regardait aller et venir le nez en l'air.
    Elle finit par s'immobiliser près du lit. Bien qu'il sente le savon, c'était là que les relents étaient les plus tenaces. Elle s'assit, caressa l'oreiller d'un doigt songeur. Avisa le jouvenceau qui la fixait, le visage fermé, zébré de pourpre. L'odeur était trop puissante pour émaner de sa joue blessée. Pour imprégner autant les murs, il fallait que beaucoup de sang ait coulé.
    Elle l'apostropha en ricanant.
    — Qu'espères-tu à rester là ? Ta récompense ?
    — Oui. Celle que vous m'avez promise. Allez-vous-en, insista-t-il d'une voix sourde.
    Mais Marthe n'avait plus envie de partir. Une idée venait de germer en elle. Qui expliquerait tout.
    — Qui à part Hélène était enceinte dans cette maison ?
    — Marie de Dreux. Elle a accouché le mois dernier… D'un enfant bossu, ajouta Mathieu, agacé.
    — Personne d'autre ?
    — Non. Personne…N'avez-vous de plaisir meilleur que de nous tourmenter ?
    Marthe se pencha en avant. Cura l'interstice entre deux lames de parquet. Retrouva une
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