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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3
Autoren: Mireille Calmel
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Algonde dont le visage, exaspérant, la ramenait à l'enfant roi qu'elle avait abandonné là.
    Levant ce corps exécré à huit pieds de haut, elle le fit tournoyer sur lui-même de plus en plus vite, de plus en plus fort avant de l'envoyer se disloquer contre la falaise. Elle savait que Mélusine n'en mourrait pas. Les êtres de leur trempe ne finissaient pas de si petites choses. Bondissant de rocher en rocher, elle se ramena à sa hauteur. Couverte de sang de la tête aux pieds, brisée jusqu'au crâne, Mélusine vivait.
    — Il y a des siècles que j'attends ça, se réjouit Marthe.
    Au pied de la falaise, alertés par les loups qui hurlaient à la mort depuis la grotte, les gens de Fontaine s'approchaient déjà, armés de fourches et de faux.
    Marthe ne perdit pas davantage de temps. Elle plongea sa main dans la poitrine de Mélusine, lui arracha le cœur de ses griffes puissantes, agitant le corps de soubresauts, puis, le levant au-devant de ces hommes qui voyaient le diable dans cette créature-là, croqua dedans comme en une pomme, les faisant reculer d'effroi.
    Emportant avec elle la vie de sa sœur, Marthe escalada la paroi abrupte si vite que ces hommes et ces femmes n'eurent que le recours d'un signe de croix.
     

Épilogue
    On raconte que lorsque Mathieu découvrit le cadavre de celle qu'il prit pour Algonde, il sombra dans une telle folie qu'il maudit la contrée tout entière, mais plus encore Aymar de Grolée et Jacques de Sassenage auxquels il prédit une mort aussi terrible que celle de son aimée. Ensuite, sous le regard hébété des gens de Fontaine, il s'enfuit en courant, des larmes de sang sur les joues.
    On ne le revit pas.
    Certains dirent qu'il s'était jeté dans le Furon, d'autres qu'il avait rejoint la bande de malandrins qui, sous le commandement d'une jouvencelle, pillait et assassinait à tour de bras.
    Quoi qu'il en soit, dans les mois qui suivirent, sans nouvelles de lui et moins encore de Marthe qui avait disparu, Philippine, bouleversée de chagrin, reconnut Elora comme sa fille et l'éleva avec tout l'amour dont elle était privée, relayant ainsi la parole qu'Aymar de Grolée avait donnée à Algonde.
    Jeanne de Commiers survécut à ses couches. Elle n'eut pas d'autre vision et coula des jours paisibles à Saint-Pierre-de-Bressieux, aimée par son amant, protégée par son époux, et choyée par ses enfants retrouvés enfin.
    Nul, à part ceux-là, ne sut qu'elle était revenue d'entre les morts, et Sidonie, libérée du joug, conserva sa place à la Bâtie et dans le cœur de Jacques.
    Remise de ses frayeurs, Marie de Dreux épousa Laurent de Beaumont. Bien qu'elle se fût installée dans ses domaines, il ne se passa pas une semaine sans qu'elle rendît visite à Philippine. Pas une seule fois pourtant Marie ne réclama Mayeul, devenu le compagnon de jeu d'Elora qui, contre toute attente, réagissait comme si Algonde était encore là.
     
    Enguerrand de Sassenage poursuivit sa quête de l'oubli, comme Mounia la sienne.
     
    Quant à Djem, il regardait souvent par la fenestre de sa prison de Bourganeuf. Sans aucun espoir de revoir un jour son aimée et la liberté. Il fut finalement placé sous la garde d'Hugues de Luirieux qui, ne retrouvant pas la dépouille de Montoison, en conclut comme Guy de Blanchefort qu'il avait bien été dévoré dans les bois.
     
    Mais la vérité dormait sous terre, dans les eaux du Furon.
     
    Malgré la douleur qui bouleversait Mathieu et qu'elle aurait, de toute son âme, voulu apaiser, Algonde l'avait acceptée.
    Présine, quittant son apparence de louve, était venue s'agenouiller au bord du lac, près de la Rochette, pour lui présenter sain et sauf l'enfant roi. Sans ses longs poils, enlevés et plaqués par magie sur un mort-né de la veille, il ressemblait à n'importe quel nourrisson.
    Il ne l'était pas.
     
    Lui prenant la main, Présine lui avait dit ceci :
    — Je voudrais pouvoir te libérer, Algonde. De tout mon cœur. Mais je ne le peux pas. Si la malédiction tombait, Marthe serait libre elle aussi. Elle saurait que je suis cachée ici. Elle reviendrait, et tous, oui tous, nous subirions sa vengeance. Elle répandrait le malheur et la mort sur son passage.
    — Alors je vais rester là.
    — Oui. Comme moi. Comme Constantin. Le temps qu'il faudra.
     
    Le temps qu'il faudra.
    Pour que Constantin devienne un homme.
    Pour que l'antique passage vers les Hautes Terres soit retrouvé.
     
    Algonde n'était pas triste. Elle
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