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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3
Autoren: Mireille Calmel
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chameau.
    « Dormir, murmura-t-elle. Dormir et ne plus me réveiller. »
    Elle se laissa aller. Elle était tellement fatiguée de lutter.
    *
    Coupant à travers la forêt, Algonde ne fut pas longue à parvenir aux Cuves. Ne pas prendre de risques, lui avait conseillé Présine la dernière fois qu'elles s'étaient vues.
    Attachant son cheval à une branche d'arbre, Algonde gagna le bord du réservoir, là où le torrent passait sous la montagne. Lorsque l'eau lui caressa le bout des souliers, elle s'agenouilla, se pencha en avant et, les mains sur ses genoux, plongea son visage dans le courant.
    — Mélusine ! appela-t-elle par deux fois, certaine que l'onde de sa voix lui parviendrait.
    Elle n'avait plus qu'à attendre. Elle sortait le nez de l'eau lorsqu'une force brutale le lui fit replonger. Surprise, Algonde lança ses mains par-dessus tête pour se dégager. Elle battit le vide. Comprit aussitôt. Marthe la tenait. Par magie. Elle se calma instantanément.
    — À l'aide, Mélusine ! appela-t-elle encore avant de se mettre à respirer.
    Marthe la laissa quelques minutes à sa merci, le temps de descendre sur la rive. Elle avait eu raison de venir directement ici. Elle était certaine que cette petite garce s'y trouverait. Et avec elle toutes les réponses qu'elle attendait.
    Elle s'installa tranquillement sur une pierre plate, puis dénoua le sort. La pression relâchée, Algonde émergea de l'eau sans dommage et essuya d'un revers de manche son visage dégoulinant.
    — L'essai est concluant ? demanda-t-elle en se tournant de quart vers la Harpie.
    Un rictus amusé étira les lèvres rentrées de Marthe. Elle devait lui reconnaître une belle force de caractère.
    — Ma sœur et moi t'avons sous-estimée. Je t'en fais mes excuses.
    — Des excuses… vous… fanfaronna Algonde en se redressant.
    Elle dégoulinait.
    — Mélusine pensait que tu serais facile à berner et j'avoue qu'en ce temps-là je l'ai cru aussi. Tu n'étais qu'une petite servante sans envergure, juste bonne à pleurnicher, souviens-toi…
    Algonde ne se laissa pas prendre à son air mielleux. Elle croisa les bras sur sa poitrine.
    — Assez de parlotte. Vous voulez l'enfant de la prophétie. Je ne l'ai pas. Et si vous venez de Bressieux comme je l'imagine, vous savez déjà ce qu'il en est.
    Le visage de Marthe s'assombrit.
    — Seule, tu n'aurais rien pu contre nous. Notre mère t'a aidée.
    Algonde ne trahit rien de son trouble et, haussant les épaules, la toisa de mépris.
    — Ça ne change rien. Tout est à recommencer. Par la faute de ce sire de Montoison que vous avez si stupidement protégé.
    Marthe sauta à bas de son rocher.
    — Ne me provoque pas, péronnelle.
    Algonde sentit son sang battre à ses tempes. La colère la gagnait. Elle en avait assez de ce jeu du chat et de la souris.
    — Tuez-moi donc !
    Marthe l'envoya s'abattre contre la paroi boueuse, lui écorchant le bras à une pierre affleurante. Malgré la douleur, Algonde ricana méchamment. Elle savait que seul l'affrontement ferait barrière à ses pensées.
    — Est-ce là toute votre puissance ? Je m'attendais à mieux.
    Marthe levait la main, ulcérée.
    — Assez, Plantine !
    Mélusine.
    Algonde se réjouit de la découvrir à demi sortie de l'eau dans le siphon qu'elle bouchait. La colère de Marthe retomba. Elle se retourna vers elle.
    — Ma chère sœur. Tu arrives à point nommé pour gâter mon plaisir, comme autrefois.
    Mélusine ne releva pas.
    — Que s'est-il passé, Algonde ?
    — Hélène a mis un enfant au monde, mais il n'était pas velu. J'ai essayé tout de même de lui administrer la poudre comme vous me l'aviez demandé. Il est mort et j'ai été chassée.
    Elle se tourna vers Marthe demeurée silencieuse.
    — Je l'ai dit à votre mère comme je vous le répète. Vous la trouverez dans la cabane de la sorcière. Arrangez-vous avec elle, moi… j'en ai assez.
    Le silence pesa, quelques secondes. Marquant les traits desquamés de Mélusine. Puis Marthe soupira bruyamment, bougea des ongles. Algonde se retrouva à dix pouces au-dessus de l'eau, la tête en bas, les bras et les jambes collés au corps.
    — Ne pourriez-vous accepter la défaite, une fois, une seule fois ? s'emporta-t-elle, la tresse battant le courant.
    — Il y a un détail que tu as oublié, ma pauvre Algonde. L'odeur. L'odeur de la peur. L'odeur du sang. L'odeur des êtres. Je les connais. Les reconnais. Là fut ton erreur.
    Algonde s'enferma
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