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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3
Autoren: Mireille Calmel
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le coup.
    Il ne vint pas.
    Tout au contraire, le mur qui faisait face à la porte s'ouvrit sans bruit. Mounia fut poussée dans un étroit couloir transversal, éclairé de fines meurtrières qui charriaient des parfums mêlés d'embruns et d'épices.
    Le temps qu'elle se retourne, elle était emmurée.
    *
    — Je ne suis pas un pesneux, répétait Mathieu en boucle, en talochant son cheval de grands coups de pied.
    Récupérant une arme en salle des gardes, il s'était lancé sur les traces de Marthe, partie à pied et si vite qu'on eût dit un souffle de vent mauvais. Même lancé au grand galop, il ne la rattrapait pas. Cela ne faisait qu'ajouter à sa colère. À son angoisse. À sa rancœur.
    Où étaient-ils donc ? Jacques de Sassenage, Aymar de Grolée ? Ces grands qui n'avaient pas trouvé le courage qu'il avait, lui, un simple panetier. Parler ! Voilà à quoi ces gens étaient bons. Se gargariser de promesses ! Pour détourner la tête le moment venu. Voilà la vérité. Elora et Mayeul avaient disparu et Algonde était seule face au danger. Aucun d'eux n'était en route pour l'aider. Ah, elle était belle la noblesse ! Chevalier ? Chevalier de mes fesses, oui ! Il était bien révolu, le temps où ils étaient preux ! où ils pourfendaient dragons et sorcières ! Ce jourd'hui, ils se terraient comme des rats quand à l'instar de Montoison ils ne violentaient pas les donzelles. Bel exemple en vérité !
    Il allait leur montrer ! lui, le Mathieu de Sassenage ! Il allait leur montrer à tous ce que c'était que la loyauté !
    — Je ne suis pas un pesneux, hurla-t-il au grand vent en se dressant sur ses étriers, ne regrettant qu'une seule chose.
    C'est de n'avoir pas sa deuxième main pour, sans lâcher le licol, menacer le ciel de cette épée courte à son côté.
    *
    Algonde soupira de soulagement lorsque son regard accrocha l'ouverture triangulaire de la Balme de Glos, creusée dans la petite falaise derrière le village de Fontaine. Constantin pleurait toujours contre elle, signe que ses régurgitations ne l'avaient pas étouffé. Elle tira sur la bride de son cheval, sauta à bas et commença à grimper le long d'un raidillon de roche qui y menait. Confiante à présent, elle passa sous le porche haut de vingt-cinq pieds, fouilla des yeux la cavité, profonde d'une soixantaine.
    Elle ne vit personne.
    — Présine ! appela-t-elle.
    Aucune réponse.
    Le doute ébranla Algonde. Et si la fée avait rencontré Marthe sur son chemin ? Si Marthe avait eu raison d'elle ?
    Elle frissonna.
    Se reprit aussitôt.
    C'était impossible. Marthe ignorait la présence de sa mère dans la contrée. Elle ne devait pas se laisser aller au doute. À l'angoisse.
    Réagir.
    Agir.
    Faire ce qui avait été décidé.
    Elle pénétra jusqu'au plus profond de la grotte, évita les ossements qui s'y trouvaient, étendit sur le sol granitique son mantel de voyage et coucha dessus, à l'abri d'un rocher, l'enfançon qui s'était calmé. Au pire, si aucune des deux ne revenait, quelqu'un finirait bien par l'entendre pleurer, se conforta-t-elle, le cœur lourd de l'abandonner.
    Elle n'avait d'autre choix pourtant. Algonde en était persuadée. Si Marthe s'était lancée sur ses traces, c'était par dépit. Seulement par dépit. Elle ne pouvait pas avoir découvert la vérité.
    Elle quitta la place. Pour mieux le sauver, elle devait déjà oublier que cet enfant existait. Sautant en selle, Algonde talonna son cheval sans plus tarder.
    Mélusine l'attendait.
    *
    Adossée au mur, face à ce souffle de vie qui balayait son visage, Mounia s'était lentement laissée glisser jusqu'à s'asseoir. L'espace était si étroit qu'elle fut contrainte de garder les genoux repliés. Il ressemblait à une coursive, en plein cœur vraisemblablement des remparts de l'ancienne Constantinople. Elle avait espéré une autre fin, plus rapide, mais au fil des heures, elle avait fini par se dire que, sans eau, sans nourriture, son agonie durerait peu. Quelques jours à peine. À moins que cette douleur qui lui oppressait la poitrine et lui coupait le souffle ne fasse éclater son cœur.
    Elle renversa la tête en arrière. Elle n'avait plus de larmes. Elle était passée de l'autre côté. Morte déjà.
    Assiégée de souvenirs, sa raison par moment basculait. Elle voyait son fils au sein d'une femme inconnue, brinquebalé dans une carriole bariolée. Enguerrand vêtu de haillons qui s'abreuvait à un point d'eau, près d'un
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