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Le cadavre Anglais

Le cadavre Anglais

Titel: Le cadavre Anglais
Autoren: Jean-François Parot
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tous ici le confirment. Qu'avez-vous pu observer ?
    — J'avais été retardé, ne trouvant pas de fiacre. Sur place je me suis tenu à bonne distance. Il y avait un corps étendu. Je distinguai avec difficulté, les lanternes étaient éteintes…
    — Et pour cause, dit Nicolas en fixant Sartine.
    — … le corps était immobile. Soudain M. de Rivoux apparut en uniforme. Il longeait la muraille avec précaution. Il s'est approché du corps, a regardé autour de lui, sans doute dans la crainte de quelque passant, puis a tiré son épée et l'a plongée dans le corps du pauvre Peilly.
    — Tu en as menti, coquin ! s'exclama Rivoux que Bourdeau dut retenir, m'accuser de la sorte alors que je puis prouver que…
    — … qu'il était à Versailles, dit Sartine, où je me trouvais avec M. de Vergennes à l'heure dite.
    — Calmons-nous, dit Nicolas, et précisons les faits. De votre point d'observation, comment était déposé le corps ?
    Deplat sembla éprouver une courte hésitation.
    — Il se trouvait sur le ventre, face contre terre.
    Nicolas se remémorait toutes ses constatations et reconstituait la scène. Peilly tombe lourdement sur le dos. Deplat se précipite et l'achève d'un coup de canne ou d'épée, il dépose le bouton d'uniforme pris à Rivoux, retourne le corps et s'enfuit. C'est alors sans doute que le carrosse paraît et que Lord Aschbury constate le désastre. Contrairement à d'autres hypothèses Lord Aschbury n'aurait point achevé Peilly : pourquoi aurait-il abandonné un bouton et comment d'ailleurs se le serait-il procuré ?
    — Monsieur, dit-il, vous mentez ! Et je vais vous dire pourquoi. Le corps de Peilly ne pouvait se trouver que sur le dos. Ses blessures ne lui auraient pas permis de se retourner. Or nous le découvrons face contre terre. Puisque nous savons en certitude que M. de Rivoux ne pouvait être sur place, étant à Versailles, vous mentez. Vous disposiez des manteaux d'uniforme de l'officier. Se trouvant ailleurs, comment aurait-il pu perdre le bouton retrouvé sous le corps de Peilly ? Or vous, vous affirmez qu'il a été achevé. Dans ce cas, qui d'autre que vous pouvait accomplir ce geste et laisser sous le corps le bouton en question ? Ce fait étant acquis, je laisse à d'autres que moi le fait d'en approfondir les conséquences. Je m'interroge, oui, je m'interroge. Votre jalousie fut-elle poussée jusqu'à ne pas craindre tromper les uns et les autres ?
    Deplat baissa la tête devant cet implacable réquisitoire.
    — Et le mobile de tout ceci ? demanda Sartine.
    — Tuant Peilly, il se débarrassait d'un rival honni et, du même coup, compromettait l'autre. Et pourquoi, monsieur, cet attentat contre moi sur la route de Versailles ?
    — Monsieur, balbutia Deplat, pour le coup je n'y suis pour rien.
    — C'est possible après tout. Ou alors…, murmura Nicolas, ces guinées m'embarrassent ; jouait-il double jeu ? Qu'on l'emmène.
    Sartine se taisait, les queues de sa perruque dissimulant l'expression de son visage.
    — Un innocent justifié et un coupable convaincu. Que de reconnaissance nous vous devons, dit Le Noir ravi du tour que prenait la séance.
    — Hélas, monsieur, nous n'en avons pas fini. Je dois vous apprendre, au cas où vous l'ignoreriez, ce que m'a confirmé M. Le Roy, homme bien et honnête, au sujet de Mlle Agnès Guinguet. Il se trouve qu'elle n'est pas sa filleule. Il l'a trouvée un soir d'hiver en guenilles et affamée. Il l'a aidée et recueillie. Le bizarre dans cette affaire c'est qu'elle se soit révélée si douée et experte qu'on ait pu la mettre au travail d'atelier. L'étrange aussi qu'à part son nom elle n'ait aucun souvenir de sa vie antérieure. J'ai le regret de vous informer que cet ange de beauté et d'aménité paraît être au centre de l'affaire d'État qui nous occupe et qui n'est pas seulement un drame de la jalousie. La perquisition opérée rue de Harlay au moment de son arrestation nous a permis de saisir, là aussi, plusieurs guinées.
    — Vous voilà bien grandiloquent. Expliquez-vous.
    — J'accuse Agnès Guinguet d'être un agent anglais. Voilà une jeune femme, soudainement apparue chez Le Roy, qui acquiert rapidement, trop rapidement, la maîtrise d'un métier délicat. Voilà une jeune femme qui, amante de Deplat, devient celle de Peilly et joue les coquettes avec Rivoux. Elle manipule les uns et les autres, apprend tout de Peilly qui ne lui dissimule rien, pousse à bout Deplat malade
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