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Le cadavre Anglais

Le cadavre Anglais

Titel: Le cadavre Anglais
Autoren: Jean-François Parot
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questions. Enfin…
    — Quoi encore ?
    — Rivoux transmet à l'horloger Le Roy un prétendu message de Peilly, forgé de toutes pièces puisque l'intéressé est mort.
    — Cela va de soi, dit Sartine. Il faut taire cette disparition calamiteuse et préserver le secret.
    — Je ne crois pas que cela aille de soi, hasarda Le Noir. Le silence et le secret les plus absolus m'auraient paru plus conformes à une aussi délicate situation. Qu'avait-il à relancer l'intérêt sur un homme mort ?
    — Et que répond Rivoux ? demanda d'Arranet.
    — Il demeure évasif et ne souhaite pas s'expliquer en dépit de vos encouragements à le faire.
    Nicolas se mordit les lèvres, se rendant compte un peu tard de son indiscrétion. Le sursaut de Sartine et son coup d'œil à l'amiral étaient éloquents.
    — Je vois ! On tente de forcer la voie.
    — Monseigneur, il me paraît inévitable de… commença l'amiral avec un regard de reproche à Nicolas confus.
    — Plus un mot, c'est inutile. Nous voyons bien que tout cela nous égare. À force d'avoir toujours raison, Le Floch se croit infaillible. Il prend les vessies pour des lanternes. Son imagination galope et fait le reste.
    — Ce n'est pas tout, reprit froidement Nicolas. Rivoux est suspect. Il avait toute latitude pour dresser le piège dans lequel Peilly a perdu la vie. La jalousie peut l'avoir animé.
    — Soit, dit Le Noir. Cependant, cher Nicolas, si vous le croyez amoureux d'Agnès Guinguet, n'était-ce pas une erreur d'alimenter les espérances de la jeune femme par un message prouvant que l'Anglais était toujours vivant ?
    — La question se retourne. Quel intérêt avait-il à procéder de la sorte ? Voilà bien ce qui cloche dans une affaire où chaque élément paraît n'être pas à sa place. Il y a d'autres suspects et d'abord nous devons réexaminer le cas d'Armand Deplat. Que penser des empreintes de cire découvertes à son domicile alors que Rivoux semble confirmer ses explications ? Reste qu'un indice découvert lors de ma seconde visite à son domicile m'a intrigué. Nous le découvrirons sur pièces.
    Bourdeau apporta alors un plateau d'argent sur lequel avaient été déposés un bouton d'uniforme et des petits carrés de papier plié numérotés. Il le déposa sur le bureau et fit tomber le flambeau.
    — Maladroit ! dit Sartine.
    Bourdeau ramassa l'objet et les chandelles éteintes éparses et porta le tout sur le dessus de la cheminée, l'air satisfait. Désormais seul l'ardent flamboiement du foyer éclairait la grande salle.
    — Qu'on fasse entrer Deplat, demanda Nicolas.
    L'inspecteur ouvrit la porte. Dans l'ombre un homme entra, en manteau d'uniforme et tricorne.
    — Tout cela n'aboutit qu'à une erreur, dit Sartine. Il faudrait revoir vos agencements, monsieur le commissaire. On annonce Deplat et c'est Rivoux qui paraît ! En vérité, lorsqu'on vise trop à l'effet, on le manque.
    — Croyez-vous, monseigneur ? Comme le dit votre ami l'abbé Galiani, l'homme est fait pour jouir des effets sans connaître les causes.
    — N'évoquez pas quelqu'un qui quittait Paris quand vous y arrivâtes.
    — Je ne suis pas M. Rivoux, dit l'homme.
    — Allons, reprit Sartine. La plaisanterie a assez duré !
    — Il dit la vérité, je connais mes officiers, ce n'est pas la voix de Rivoux.
    — L'amiral a raison, reprit Nicolas, et cette mise en scène démontre ce que je voulais vous faire sentir. De l'obscurité jaillit parfois la lumière.
    Il s'adressa à Deplat.
    — Retirez vos bottes et laissez-nous.
    La chose faite, Nicolas saisit l'une des bottes, y plongea la main et en retira une épaisse talonnette de cuir.
    — Voilà le second indice découvert au domicile de Deplat. De quoi lui hausser la taille. Qu'en dit-il ? Que se trouvant trop petit il use de ce subterfuge. C'est un bien pauvre argument, trop évident dans sa simplicité pour être reçu sans examen. Or je constate que son apparition vous a tous convaincus d'avoir affaire au lieutenant de vaisseau. La voix seule a détruit l'illusion. Imaginez l'impression sur ceux qui n'étaient pas familiers avec les deux hommes. Or dès qu'on écarte une illusion, il faut bien y substituer une réalité. Laquelle ? Pour quelle raison Deplat qui disposait de la garde-robe de Rivoux avait-il besoin de se hausser ? Considérez-les, ils se ressemblent tous les deux. Même couleur des yeux, même profil et avec la perruque tout concorde, sauf la taille évidemment.
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