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Le cadavre Anglais

Le cadavre Anglais

Titel: Le cadavre Anglais
Autoren: Jean-François Parot
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s'expliquait que par un sentiment très fort. Freluche, lors de l'enlèvement de Lavalée, ne s'est pas échappée des bras de son prétendu agresseur, il l'a laissée s'enfuir. Pour la forme, elle s'est débattue et l'a mordu pour la frime . Et elle aussi, évoquant cet instant, a laissé échapper un mot amoureux ! À cela s'ajoute ce faux courrier apporté par Rivoux pour faire accroire que Peilly était toujours vivant. Quel imbroglio ! Où allons-nous ? Qui trompe qui ? Tout se mêle, se complique, s'obscurcit. Emmanuel de Rivoux, parlez ! Encore un dernier point, je doute que vous ayez été au courant de la présence des lettres de Peilly dans votre cassette. En revanche, il y a là sans doute des indices se rattachant à Freluche. D'où votre émotion quand je les découvre. Mais, vous ayant informé de ce qu'il en était vraiment, vous avez rebondi. J'ai trop d'expérience pour m'être trompé sur votre compte. Monsieur, je suis persuadé que tout était ménagé pour vous compromettre.
    L'officier baissait la tête comme un adolescent pris en faute. Nicolas songea qu'il était à peine plus âgé que le roi.
    — Monsieur, dit Rivoux, j'en demande pardon, mais j'ai cru pouvoir élucider cette affaire par moi-même. Vous avez vu juste et Mlle Freluche était ma maîtresse. C'était une grave et impardonnable imprudence de ma part. Je n'osais… Sans doute Deplat en a-t-il été informé…
    Dans quel monde cet enfant vivait-il, se demanda Nicolas. Beaucoup de son âge et de sa condition faisaient bien pire sans scrupule aucun. C'était sans doute les conséquences d'une éducation un peu janséniste. La vision de la chambre de l'officier avait fondé en vérité son premier jugement.
    — … J'en savais moins que le commissaire, mais je me refusais à parler de peur de dévoiler…
    — Enfin ! dit d'Arranet. La vie dissipée d'un jeune homme n'a rien d'intolérable. Reprenez-vous.
    — Oui, amiral. Reste que je demeure persuadé être tombé dans un piège et que M. Peilly a payé de sa vie une machination ourdie contre lui dans un complot dont je ne distingue pas les contours.
    — Allons, monsieur, rien ne saurait vous être reproché si ce n'est un excès de scrupule que l'âge et l'expérience se chargeront de tempérer. La vertu est à cet égard plus regardante que la fausseté… Avançons donc. Pourquoi ce message d'outre-tombe adressé à M. Le Roy ? À quoi rimait cette démarche ?
    — Hélas, sachant le sort funeste de M. Peilly, j'ai présagé que ce message provoquerait une réaction du coupable. C'était un caillou jeté dans l'eau pour en observer les effets.
    — Et que furent-ils ?
    — Je n'ai pas eu le loisir de m'en informer, ayant été arrêté.
    — Je vous ai peut-être sauvé la vie, mais vous avez sans doute compromis celle de Freluche. Votre message a laissé croire à quelqu'un que vous en saviez davantage qu'on supposait : votre liaison avec elle a pu faire croire, d'autant plus que vous l'aviez laissée s'enfuir, qu'elle détenait certaines informations.
    L'officier semblait atterré.
    — Que de si ! grogna Sartine, de suppositions, de peut-être ! Votre discours est bâti comme un conte oriental. Qu'allez-vous ajouter à cela ?
    — J'en reviens à Peilly. Qui l'a achevé ? Nous approchons de la vérité.
    — Monsieur, dit Rivoux, je peux désormais indiquer que dans l'évasion de Peilly le rôle de Deplat était de figurer le garçon traiteur chargé de lui apporter sa pitance quotidienne.
    — En effet, dit l'amiral, nous aurions pu laisser filer les choses et attendre que les Anglais tentent de récupérer le transfuge. Cela semait tant d'inconnues que nous avons préféré lui en procurer les moyens. C'est par Deplat également que les services anglais étaient informés par des messages placés dans un faux tronc de l'église Saint-Pierre aux bœufs près de Notre-Dame. Et enfin, et cela vous intéressera, Deplat était chargé de se dissimuler aux abords de la prison pour constater le succès de l'opération.
    — Nous devons l'interroger à nouveau. Était-il un instrument inerte ?
    Deplat, qui avait quitté le manteau d'uniforme, reparut introduit par l'inspecteur.
    — Monsieur Deplat, nous sommes au fait de toutes les missions à vous confiées. L'heure est à la sincérité. Je vous crois intelligent et il faudrait être bien sot pour nous parler faux et nous prendre pour des dupes. Vous étiez sur place le soir de l'évasion et
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