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Le cadavre Anglais

Le cadavre Anglais

Titel: Le cadavre Anglais
Autoren: Jean-François Parot
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de jalousie, découvre d'une manière ou d'une autre la liaison entre Rivoux et Freluche. Si Deplat est emporté par sa frénésie amoureuse, chez elle il n'est rien d'autre que le froid raisonnement, l'artifice, le piège ou la séduction dans lesquels ses victimes doivent tomber. Nul doute qu'elle aurait ensuite imaginé quelque bonne raison de se débarrasser de Deplat afin de poursuivre sa mission au service du secret anglais. Monsieur Rivoux, sauf objection de vos chefs, vous êtes libre et pouvez vous retirer. Qu'on fasse comparaître Agnès Guinguet.
    Les larmes aux yeux, l'officier vint serrer la main de Nicolas et le remercier. Déjà Agnès Guinguet paraissait, frêle et confuse, comme une enfant devant un auditoire intimidant.
    — Mademoiselle, dit Nicolas, vous n'êtes point la filleule de M. Le Roy.
    — Je ne l'ai jamais caché. Il suffit de me le demander. C'est ainsi que je marque les liens de reconnaissance que j'ai à son égard.
    — D'où veniez-vous quand il vous a recueillie ?
    — Je n'en ai nul souvenir et vous le deviez savoir me posant la question. J'étais malade et l'esprit égaré.
    — C'est en effet ce que vous avez fait croire. Qui vous a enseigné le métier ?
    — Je n'en possède que quelques rudiments, ce que m'a bien voulu apprendre mon parrain.
    — Que faisiez-vous dans la nuit du mercredi 12 février de la semaine dernière ? C'est tout proche et votre mémoire ne peut faillir.
    Elle parut méditer, le doigt sur la bouche.
    — Je crois bien que j'étais au bal de l'Opéra.
    — Je crois bien que vous faites erreur. Il n'y a point de bal le mercredi des Cendres.
    — Sans doute avez-vous raison. Je me trompe de semaine.
    — Où étiez-vous donc ?
    — Eh, ma foi ! au logis.
    — Ah ! vous voilà plus précise ! Seule ?
    — J'étais seule, M. Le Roy étant à Vitry.
    — Pourquoi étiez-vous en possession de guinées anglaises ?
    — C'est un présent de M. Peilly au moment de son départ.
    — Autre point. C'est vous qui vous consacrez au finissage des montres les plus précieuses ?
    — Oui, les montres en or.
    Nicolas désigna deux petits carrés de papier numérotés sur le plateau d'argent.
    — Savez-vous ce qu'ils contiennent ? Non, bien sûr. L'un contient une sorte de limaille recueillie sur le revers d'un manteau que portait une jeune femme nommée Freluche. La connaissez-vous ?
    — Je devrais ?
    Cela fut proféré avec un peu d'insolence.
    — C'est selon. L'autre contient des paillettes d'or prélevées lors de mon passage rue de Harlay et que vous avez semées en venant m'entretenir. Ce sont les mêmes. Auriez-vous quelque explication de cette coïncidence ?
    — Ce n'est pas mon affaire.
    — Je crois que si. Donnez-moi votre main.
    — Et pourquoi le ferais-je ?
    — Parce que vous ne pouvez pas faire autrement car ce serait vous avouer coupable d'un meurtre, mademoiselle.
    Avec réticence elle lui tendit la main gauche.
    — La droite, s'il vous plaît.
    Il l'examina avec soin, essuyant l'intérieur des ongles avec son mouchoir. Les assistants médusés suivaient ses gestes avec attention. Il demanda à l'inspecteur de rallumer le flambeau. Il s'en approcha et considéra avec soin le coin de son mouchoir, enfin secoua la tête, l'air entendu.
    — De la poussière d'or, cela va de soi ! Mais aussi des grains incrustés de poudre noire. C'est intrigant ! Je m'étonne qu'une jeune femme manie des instruments aussi dangereux… Cela laisse des traces longtemps après.
    — Mais que signifie, monsieur ?
    — Vous ne comprenez pas et ce noble auditoire non plus. Il se trouve qu'il y a deux ans à Vienne, ayant du temps à perdre, j'ai visité un institut très en avance sur nos propres tentatives où l'on examine les corps péris de mort violente.
    — Le voilà reparti dans ses macabres manipulations. Que va-t-il nous annoncer, toujours à se forfanter 169 de quelque diablerie !
    — Pas de diablerie, monseigneur, la science au service du siècle. Un savant interlocuteur m'avait alors dévoilé que lorsqu'on tirait avec un pistolet, les traces de poudre noire s'incrustaient dans la peau et ne disparaissaient que longtemps après. Vous ne paraissez pas comprendre, mademoiselle. Il n'est plus possible de nier. Il y a peu nous supposions, désormais la preuve est faite. C'est vous qui êtes l'auteur de l'assassinat de Mlle Freluche et de l'attentat contre moi route de Versailles.
    — Non, je n'y étais pas,
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