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Le cadavre Anglais

Le cadavre Anglais

Titel: Le cadavre Anglais
Autoren: Jean-François Parot
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Pont-au-change !
    — Moi ?
    — Non, le commissaire de permanence.
    Nicolas se leva prêt à l'action.
    — De quoi s'agit-il ?
    — Le gouverneur de la prison du Fort-l'Évêque vous enjoint de venir sur-le-champ pour constater un décès.
    — M'enjoint ! Peste, que ne fait-il appel à un médecin du quartier ? Ils ne manquent point.
    — Je n'en sais diantre rien ! Il paraît que le cas est spécial.
    — Et le commissaire du quartier ?
    — On ne l'a point trouvé.
    Nicolas consulta sa montre, elle pointait une heure du matin. Il fallait y aller. En bas des degrés, il découvrit un gros homme rougeaud revêtu d'une cape de ratine brune. Il triturait un bonnet bleu entre ses doigts.
    — Rénier, dit-il, garde-clés au Fort-l'Évêque. M. de Mazicourt, notre gouverneur, vous requiert sur-le-champ à la prison.
    — Savez-vous pour quelle précise raison ?
    Le bonnet s'agita derechef dans les mains du gardien.
    — Je ne suis pas autorisé à vous éclairer.
    — Eh bien ! Allons-y.
    Le père Marie lui tendit un bâton ferré.
    — Prenez garde, le gel est revenu. C'est un chemin de chausse-trapes à se casser le cou.

    Dehors un silence pesant écrasait la ville étouffée de neige. Au moment où ils s'engageaient dans la rue Saint-Germain-l'Auxerrois, une pointe de glace se ficha devant eux, se brisant en plusieurs morceaux.
    — Il ne faut point longer les murs, dit Rénier. Sinon c'est à y perdre la vie. La neige charge les toits et ces piques que le redoux affine tombent des gouttières.
    Ils cheminèrent prudemment, marchant au milieu de la rue. Quelques années auparavant, Nicolas avait enquêté sur une mort causée par un semblable accident. De fait il avait découvert qu'il s'agissait d'un meurtre. Il n'avait tenu qu'à un fil que le coupable en réchappât : la chaleur de la main de l'assassin avait laissé des marques imprimées sur un débris de glace que le gel avait préservé. Ce détail avait permis de le confondre.
    Devant la prison un groupe d'hommes attendait. Il reconnut des archers du guet. Un inconnu, qui semblait avoir jeté un manteau sur son vêtement de nuit, se détacha. Sous la perruque mal arrimée, de petits yeux mouvants sans expression le dévisageaient.
    — C'est vous le commissaire de permanence ? demanda-t-il sans saluer. Il est temps ! Nous vous attendions.
    — Je suis en effet…
    — Peu importe. Il faut constater. C'est pour cela qu'on est allé vous dénicher. Alors officiez ! A-t-on jamais vu…
    L'attitude de ce déplaisant personnage ne laissait pas d'irriter Nicolas qui dut inspirer une longue bouffée d'air froid pour calmer la fureur qui montait en lui. L'homme continuait à grommeler tant et si bien qu'un homme du guet se détacha du groupe et lui parla à l'oreille en désignant le commissaire. Il parut embarrassé par ce qu'il apprenait. Il s'inclina.
    — Je suis Mazicourt, monsieur de Mazicourt, dit-il d'un ton plus amène, gouverneur de cette prison pour le roi. Monsieur le marquis, je suis à votre disposition.
    — Pour vous, Nicolas Le Floch, jeta froidement le commissaire le fixant droit dans les yeux. Veuillez m'informer de ce qui se passe ici.
    La patrouille du guet s'écarta. Sur la neige il put distinguer une forme humaine, face contre terre. À hauteur de la tête, le sol était souillé de taches brunes que la neige avait bues. Leur teinte se révéla pourpre dès qu'on eut approché une torche pour éclairer la scène. À première vue, l'homme en coiffure naturelle paraissait jeune. Par acquit de conscience, Nicolas se pencha et vérifia que la mort avait bien fait son œuvre. Il était incontestable qu'elle était survenue depuis peu, le froid permettait cette irrécusable constatation. Il réfléchit qu'étant passé devant la prison vers les onze heures, il n'avait alors rien remarqué d'anormal. Pour une fois il était en mesure de fixer, lui-même, la période au cours de laquelle le drame s'était produit. Entre onze heures et le moment présent, deux heures s'étaient écoulées desquelles il fallait ôter le délai de la découverte du corps et des démarches qui avaient suivi. Ainsi pouvait-il fixer la mort de l'inconnu entre onze heures et minuit quinze ou trente, en gros une heure.
    — Qui a découvert le cadavre ?
    — La patrouille du guet, dit Mazicourt.
    L'homme qui avait parlé à Mazicourt intervint.
    — Le quart passé de minuit, monsieur Nicolas. Avons buté contre lui. Les lanternes
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