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Le cadavre Anglais

Le cadavre Anglais

Titel: Le cadavre Anglais
Autoren: Jean-François Parot
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vieille couverture brune en tas. Comme toujours dans les prisons, il releva un peu partout des inscriptions qui lui parurent anciennes. Il s'approcha pour scruter la surface sale de la muraille. Un infime détail de plâtras attira son regard. Il éleva la lanterne pour mieux discerner la chose et découvrit une minuscule fissure de laquelle il parvint à extraire un papier fin enroulé sur lui-même. Il le déposa dans une poche de son habit, remettant à plus tard son examen approfondi. Appartenait-il d'ailleurs au prisonnier ? Le sol de tomettes encrassées n'apporta aucune nouveauté remarquable hors des miettes, des gravats et des cadavres recroquevillés d'araignées. Sous le jour, gisait la hotte de bois de chêne qui devait en défendre l'accès au fenestrou. Sa présence à terre ramenait au drame intervenu. Il constituait, avec l'absence de draps, le second élément anormal du lieu.
    Il saisit à pleines mains la lourde pièce pour l'examiner de près sur tous ses côtés. Montant sur l'escabeau, il tenta de la replacer dans son logement. De fortes vis qui la maintenaient avaient disparu. Il la reposa et les rechercha sans succès. C'était là un nouvel élément intrigant. Il faudrait vérifier dans les poches du mort qu'elles ne s'y trouvaient pas. Comment les avait-on dévissées ? Il se félicita des instructions données sur les précautions à prendre avec le cadavre. Il remonta sur l'escabeau, se haussa pour atteindre l'ouverture vers l'extérieur. Quatre barreaux sur huit avaient été descellés. Grâce à quel solide outil ? Où d'ailleurs se trouvaient-ils ? Il redescendit pour fouiller derechef la cellule. Il finit par les retrouver alignés sous la couverture de la paillasse. De retour vers le fenestron, il constata qu'il fallait être jeune, mince et vigoureux pour se hisser à cette hauteur, s'introduire dans l'étroit emplacement et se laisser aller dans le vide, cramponné à un fragile assemblage de draps. Il y avait là une manœuvre périlleuse au cours de laquelle la moindre faute pouvait entraîner l'accident.
    Nicolas disposait des vestiges supérieurs du cordage, là où il avait cédé. Pourtant, songeait-il, des draps ainsi torsadés étaient la plupart du temps capables de résister à de fortes tractions. Seule l'usure due à un frottement prolongé sur la pierre ou contre un métal rouillé pouvait, entamant les fibres, produire la rupture fatale. Or, à bien y regarder, le tissu n'avait pas cédé sur l'angle droit de la pierre, mais un peu avant, entre celle-ci et le barreau auquel l'assemblage était attaché. Il dut d'ailleurs s'y reprendre à plusieurs fois pour détacher le nœud solidement serré. Le morceau de drap rejoignit dans sa poche les autres indices. Il se livra à une ultime et longue inspection de la cellule. Rien n'attira sa vigilance. Maintenant, c'était au gouverneur du Fort-l'Évêque de lui apporter les informations nécessaires.
    Celui-ci l'attendait au détour du couloir et le conduisit à son logis. Le feu crépitait dans un salon meublé à l'ancienne mode. Mazicourt, confit en déférence, lui proposa à nouveau une boisson, un verre de liqueur d'Arquebuse si réconfortante par ces temps hivernaux. Nicolas refusa et laissa s'installer un silence prolongé. Aucun de ses interlocuteurs n'avait jamais supporté bien longtemps son examen impavide et circonspect. Il abattait toutes défenses de ceux que son attitude était destinée à confondre.
    — C'est un bien regrettable achèvement pour un homme si jeune, dit Mazicourt, battu à ruines 9 devant cette statue médusante de la justice. Il n'était des nôtres depuis longtemps, mais chacun, geôliers et porte-clés, louangeant sa politesse et son aménité… Il ne paraissait guère souffrir de son état.
    — Oui… ponctua Nicolas sans forlonger son propos.
    Fébrile, le gouverneur se versa un verre de liqueur aussitôt avalé. Son visage aux traits épais s'empourpra.
    — Il est vrai qu'il venait presque de nous rejoindre…
    Il toussa, se rendant compte en parlant qu'il se répétait. Son trouble s'accentua.
    — Reste, autant vous l'avouer, que j'en sais fort peu sur lui… Et pour cause.
    — Pour cause ?
    Il ne disposait plus d'aucun moyen de défense face à un adversaire comme le commissaire.
    — Que j'ignore tout du personnage.
    De nouveau il se répétait. Ses bras se levèrent puis retombèrent lourdement. Nicolas décida de pousser une pointe.
    — Vos propos, monsieur le
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