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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan
Autoren: Jean-François Parot
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seuls, nous direz-vous ce qui vous conduit à soupçonner le chanoine de Trabard, frère de la victime, d’être à l’origine de ce complot meurtrier ?
    — Monseigneur, il me semblait peu conséquent et contradictoire que le chanoine censure et dénonce la vie débauchée de son frère aîné et, dans le même temps, participe à son niveau à ce que j’appellerai la dissolution des piastres fausses en monnaie sonnante et trébuchante.
    — Soit, je vous suis, mais ce n’était qu’une présomption.
    — Ce qui a déclenché mon soupçon, c’est la question du carrosse de cour que l’on voit mystérieusement surgir dans cette affaire à deux reprises. La première au Val d’Enfer la nuit du crime, la seconde dans les cours intérieures de la Bastille. Le capucin qui égorge Bezard arrive et repart dans ce véhicule pareillement timbré. Bref, musant près du Palais et admirant la grille superbe qui en fait l’ornement, mon esprit s’est mis en marche et comme un engrenage, déclic après déclic…
    — Au fait, Nicolas, au fait. Vous nous faites languir. Épargnez l’itinéraire et la mécanique !
    — Soit. Je me remémorai alors un détail qui m’avait frappé, mais qui était demeuré enfoui au tréfonds de ma mémoire.
    — Et de quelle nature était ce vestige oublié ?
    — C’est quelque chose que j’avais remarqué sans y prêter attention dans la sacristie de Saint-Sulpice, lors du premier entretien avec le chanoine Trabard. Il y avait un amoncellement de vestiges des décorations de la dernière Fête-Dieu et, en particulier, un blason en bois aux armes de France.
    — Et le rapport avec la grille du Palais ?
    — Elle est surmontée des mêmes armoiries. J’ai retourné ce fait dans ma tête. Il m’est apparu que si un visiteur était venu au Val d’Enfer et si c’était le même qui s’était introduit à la Bastille, il devait disposer non seulement d’une voiture, mais également d’un cocher pour la mener. Et je me suis dit que c’était peut-être la même voiture au Val d’Enfer et à la Bastille.
    — Et comment vous en êtes-vous persuadé ? demanda Le Noir qui ne souhaitait pas laisser Sartine mener le débat.
    Nicolas sortit une feuille de papier de dedans son pourpoint.
    — Considérez, messeigneurs, ce carton. Vous observerez, quand je l’aurai soumis à votre sagacité, qu’à ses quatre coins transparaît, à la mine de plomb, l’empreinte de trous.
    — Et où cela nous mène-t-il ? Je ne vous félicite pas. Où est l’adroit conteur ? Le voilà plus que compendieux. Il nous fait part de détails incompréhensibles.
    — Mon cher, répliqua Le Noir excédé, le laisseriez-vous achever que vous en comprendriez sans doute la raison.
    — Je poursuis donc. Qui pouvait avoir servi de complice à Trabard ? Le seul envisageable devait être impliqué dans l’affaire des fausses piastres.
    Le Noir se frappa le front.
    — M. Bezard ! Le caissier infidèle.
    — Vous y êtes. Il n’y avait que lui. Et cela était d’autant plus vraisemblable que, dans les deux cas, nous avions des voitures aux armes de France.
    — Alors ? dirent en même temps Sartine et Le Noir.
    — Alors, nous nous sommes penchés sur la question. Bezard a un cocher qui, un peu malmené par Bourdeau, a fini par manger le morceau. Et double preuve, il fut aisé de relever les empreintes que je vous ai présentées, sur la portière.
    — Et le rapport avec Trabard ?
    — Et dans la sacristie de Saint-Sulpice j’ai pu constater la parfaite concomitance de ces trous avec ceux de la décoration de la Fête-Dieu trouvée dans ce même lieu ! La même voiture pour les deux crimes.
    — Prodigieux ! dit Le Noir.
    — Il nous surprendra toujours, c’est bien mon disciple ! consentit à reconnaître Sartine, enfin souriant. Cependant, comment saviez-vous que le chanoine conservait le fruit de sa rapine dans la tour du sanctuaire ?
    — Parce que je disposais de documents à demi détruits où j’avais repéré des groupes de mots dans lesquels je pus déchiffrer tour nord et Saint-Sulpice. Il y eut dans ce meurtre si bien organisé une sorte de désordre dans les papiers du vicomte de Trabard.Il est vrai que les criminels oublient trop souvent les détails. Heureusement pour la justice !
    — Comment se fait-il que le vicomte de Trabard était réputé ruiné et couvert de dettes ?
    — Il l’était ! Mais ne voulait pas purger cette situation. Le fruit de
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