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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan
Autoren: Jean-François Parot
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réservations des malles-postes rapides ?
    — Bien vous en fasse, monsieur le commissaire. Quelle conclusion voulez-vous que j’en tire ?
    — Oh ! Je constate, monsieur de Trabard, maître du nom, car enfin vous voici vicomte, que vos hardes ne vous vont pas bien, vous flottez dedans, la culotte gode, les épaules tombent. Seraient-elles, par hasard, celles de votre frère ?
    — Monsieur, je n’entends rien à vos propos. Et d’abord, comment m’avez-vous trouvé ici ? Vous êtes bien indiscret.
    — Comment ? On ne détruit jamais suffisamment les papiers compromettants. J’ai retrouvé la tour nord de Saint-Sulpice. Voyez comme cela est simple. Mais vous détournez la conversation. Je me suis donc attaché à obtenir d’un commis malgracieux si par hasard il n’y aurait pas un Trabard ayant réservé une place sur une malle-poste rapide à destination d’un pays lointain, car, voyez-vous, les ports sont beaucoup trop contrôlés. J’ai songé à l’Espagne. Pourquoi, me direz-vous ? Les piastres, vraies ou contrefaites, apparaissent trop souvent dans cette affaire. On arrive à Bordeaux, et au-delà, tras los Pirineos , n’est-ce pas ?
    — Je ne vous suis pas.
    — C’est possible car je vous précède ! Imaginez qu’à ma grande surprise le détestable tabellion a fini par découvrir deux réservations et, ô miracle, toutes deux pour un sieur Trabard. Et la première, car la fantasmagorie continue, était pour le vicomte deTrabard à destination, je devrais jouer au paroli , de… de Bordeaux. Et à quelle date le départ ? Le 14 juillet 1783. Toutefois, comme vous le savez, à cette date votre malheureux frère n’était plus qu’une dépouille sanglante dans les écuries de l’Hôtel de Trabard.
    À nouveau le tonnerre se fit entendre et un violent courant d’air fit vaciller la flamme de la chandelle.
    — Rien, ce me semble, n’empêchait mon malheureux frère d’envisager un voyage à Bordeaux. Sans doute son commerce de chevaux l’y contraignait-il.
    — Certes, certes. Ce qui est plus étonnant, à moins de croire aux revenants, c’est qu’une autre réservation, toujours au nom du vicomte de Trabard, existe pour demain, toujours à destination de Bordeaux.
    — Il est possible que mon frère ait réservé deux dates dans le cas où il devrait remettre son départ le 14 juillet.
    — Comme il est aisé d’expliquer ainsi le compliqué et l’obscur de tout cela ! Que ne venez-vous nous apporter votre clairvoyance au Châtelet ?
    — Vous vous moquez, monsieur. Sachez que je ne goûte guère vos allusions et votre ironie. Prenez garde !
    — Mon Dieu, comme votre parole toujours si évangélique s’est rapidement transformée. Bon sang ne saurait mentir et vous n’entendez plus tendre la joue gauche !
    — À la fin, quel est le sens de votre propos ? Je n’ai pas de temps à perdre. Je dois achever mes préparatifs. Aussi, monsieur, parlez ou partez. C’est le conseil que je vous donne.
    — Croyez-vous être en mesure de me donner des conseils ? J’estime comme vous qu’il est un peu tard,monsieur le vicomte, mon révérend père ? Comment vous doit-on nommer désormais ?
    — Qu’importe. Que me reprochez-vous ?
    — Beaucoup de choses, ma foi, que la justice du roi réprouve. En voulez-vous l’énumération ?
    — Je vous en prie.
    — Monsieur de Trabard, vous êtes soupçonné de deux meurtres. Et quand je dis soupçonné, sachez que ma conviction est déjà faite.
    — Jugé avant d’avoir été entendu. Et qui ai-je tué, mon Dieu ?
    — Votre frère, le vicomte de Trabard, et M. Bezard, votre complice, que vous avez réussi à faire disparaître par une incroyable audace au sein même de la Bastille. J’ajouterai à cela la participation à la fabrication et à la diffusion de fausses espèces étrangères, crime capital auquel se joint la complicité de libelles calomniateurs.
    — Rien que cela. Êtes-vous fou, monsieur ?
    — Oh ! Ne vous aventurez pas à me démentir. Je vais vous raconter une histoire, celle d’un cadet de famille auquel tout est refusé afin de favoriser et satisfaire l’ambition de son aîné. Il croupit longtemps dans une pauvre cure de province alors que son frère mène une vie brillante de courtisan à Versailles et à Paris, dans les entours même de la reine. Un jour, ce pauvre curé finit par obtenir une charge non négligeable de vicaire dans l’une des plus belles et riches
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