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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan
Autoren: Jean-François Parot
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paroisses de la capitale. En dépit de sa jalousie, il reprend bien sûr des relations avec son aîné. Et, contrairement à ce que vous avez voulu nous faire accroire, vous ne censurez pas vraiment la vie dissolue de votre aîné. La confiance s’établit. Vous en tirez des profits que vous utilisez à asseoir votre réputation à Saint-Sulpice. Vous êtes, j’en suispersuadé, le complice secret et discret du vicomte de Trabard tant pour l’exploitation de la fausse monnaie que pour les contacts nécessaires avec ceux qui mésusent, outre-Manche, des ragots infâmes récoltés dans les sentines de la cour et de la ville.
    — Et ce conte nous mène à quoi ? Vous divaguez, monsieur.
    — Sans doute un fait particulier a-t-il soudain troublé ces paisibles habitudes. Il vous est revenu les accords pris par votre frère avec l’ordre des Prémontrés. C’est alors que vous vous êtes méfié. Vos prochains complices de l’Hôtel de Trabard ont dû également s’apercevoir de quelque chose. Qui a pris l’initiative de former une ligue contre votre frère ? Vous, le plus subtil de la bande. Pour des raisons que j’ignore, mais qui touchent sans doute aux affaires financières, le vicomte de Trabard avait accru un considérable magot, outre celui que favorisait un commis important de la Caisse d’escompte, M. Bezard, au détriment du Trésor royal. Il est possible d’ailleurs qu’au-dessus des Trabard existe une autre organisation dont les membres pouvaient craindre des révélations.
    Nicolas imagina l’attitude horrifiée de Sartine s’il avait entendu cette partie de son réquisitoire.
    — C’est pourquoi vous avez, avec une audace inouïe, tué le caissier de la Caisse d’escompte.
    Nicolas désigna un tas de vêtements empilés les uns sur les autres dans un coin de la cabane.
    — Nul doute que si je le fouillais je tomberais sur un froc de capucin aux manches ensanglantées. Cependant vous étiez sur le point de vous enfuir. Quel intérêt aviez-vous à prendre ce risque insensé ? Vous y étiez contraint ! Mais je reviens au Val d’Enfer. Votre frère allait s’enfuir. Le soir précédantson départ, vous vous portez à son hôtel, en carrosse de cour.
    — En carrosse de cour, quel conte !
    — Nous avons un témoin qui est d’autant plus crédible qu’il est votre complice. La mise en scène se trouve soigneusement préparée. Decroix a acquis les pétards nécessaires. Le vicomte a été drogué. On le traîne dans le box de Bucéphale. On affole l’étalon par l’explosion des dits pétards. Le vicomte est précipité dans le box et périt piétiné. Vous vous emparez des documents et de son trésor. Vous affirmez à vos complices, Decroix, Diego Burgos, votre belle-sœur et sa femme de chambre, que le pactole sera plus tard partagé. Sans doute sur votre initiative, ou avec votre accord, on pousse Diego Burgos à s’enfuir. On le paye grassement pour cela et on lui promet le reste pour plus tard. Pas de chance, il meurt des fièvres en chemin et laisse quelques preuves.
    — Quelles sont-elles, ces preuves ?
    — Je constate que mon récit vous passionne. Permettez que je le réserve à vos juges. Vous n’en avez pas besoin pour reconnaître la véracité de mon récit. Et, pour le conclure, je dirai que, de la même manière que vous aviez trompé votre frère, vous pensiez berner vos complices en vous enfuyant, les laissant seuls en face de la justice. Maintenant vous allez me suivre.
    Trabard baissait la tête. Hésitait-il ? Qu’avait-il à perdre ? se demandait Nicolas, désormais sur ses gardes. Cette prudence fut pourtant trop tardive et il se retrouva soudain la pointe d’une épée sur la gorge.
    Nicolas se sentit étrangement serein. En quelques jours, il avait été à deux reprises menacé de mort.Cela procurait une certaine distance avec l’imminence d’un événement qui de toute façon interviendrait à plus ou moins longue échéance. Il mesura aussitôt la précarité de sa situation. Il ne portait pas son épée et, s’il avait bien le petit pistolet, présent de Bourdeau, dans l’aile de son tricorne, le saisir alors qu’il était menacé lui semblait impossible. La pointe de l’épée s’agita. La pouvait-il saisir ? Eût-il porté des gants que l’action aurait pu être hasardée. Mais à mains nues et dans cette espèce de réduit, il n’était pas question de tenter le moindre geste.
    — Allons, monsieur le commissaire, reculez
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