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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan
Autoren: Jean-François Parot
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ses malversations, il le thésaurisait, décidé à prendre la fuite aussitôt que possible. Nul doute, d’ailleurs, que le chanoine, son frère, se serait dissous dans la lointaine Espagne et n’aurait pas partagé le butin avec ses complices.
    — Et l’ordre des Prémontrés ?
    — Ils n’obtiendront rien. Leurs droits n’existent pas. Ils sont forclos. Mais je ne pleure point la situation de ces bons pères si fertiles en grasses spéculations. Le trésor reviendra au Trésor…
    — Je crois que nous en avons fini, dit Le Noir qui se levait.
    — Pas encore, messeigneurs, intervint Nicolas. Puisque nous sommes en comité réduit, j’aimerais vous poser à mon tour quelques questions.
    — Des questions ! À nous ? s’exclama Sartine déjà sur la défensive. Allons, la séance est close.
    — Il me paraît utile, dit Le Noir, que nous prêtions quelque attention aux interrogations du commissaire Le Floch qui, au péril de sa vie, a su démêler cette sombre histoire. Ce ne serait que justice de l’entendre.
    — Merci, monseigneur, dit Nicolas qui maintenait les règles de politesse qu’imposait la solennité du lieu. J’ai démontré l’usage fait d’un semblant de carrosse de cour, mais il y a eu, en vraisemblance, une autre voiture rue du Val d’Enfer, cette nuit-là. Car, enfin, comment…
    Il regarda autour et derrière lui. Seul Bourdeau était là, attentif. Sartine à nouveau s’agitait.
    — … comment la nouvelle en est-elle parvenue si tôt à Versailles au point que le magistrat en fut de suite informé et moi-même dûment mandé au château ?
    — Je n’ai, à cet égard, répondit Le Noir, aucun éclaircissement à vous offrir. Je fus pris de court, comme vous-même !
    Il se tourna vers Sartine dont les lèvres fines ciselèrent une phrase sibylline.
    —  Cette nuit-là le vent soufflait du nord .
    Nicolas comprit aussitôt cette allusion qui confirmait la présence au Val d’Enfer d’un émissaire de la reine. Un homme venu de Suède…
    — Une dernière question, sans abuser de votre patience. Nous avons entendu ce que le contrôleur général des finances a bien voulu nous confier. Certes, je comprends qu’une enquête ouverte et un débat public seraient de nature à porter préjudice aux intérêts et au renom du royaume, mais je m’interroge et serais heureux de savoir qui se trouvait derrière ce trafic de fausse monnaie. Ceux que nous avons arrêtés n’étaient, selon moi, que la valetaille d’une organisation plus importante.
    Sartine, grave, prit la parole :
    — Votre curiosité est légitime, mais impossible à satisfaire. La seule chose que je peux vous confier c’est que nous soupçonnons une société dont les membres sont les bénéficiaires de ce crime et qui, hélas, comptent des grands noms de France. L’entreprise de fausse monnaie que vous avez si heureusement bousculée n’est malheureusement qu’une petite partie d’actions et de tentatives délétères. Ces tentatives s’ajoutent à la crise générale, à la démoralisation de l’opinion, à la corruption qui gagne peu à peu tous les ordres de la société. Hélas ! Nicolas,vous aurez encore à les combattre, ces forces d’autant plus redoutables qu’elles n’ont point de visage, mais bien de multiples apparences. Pour une fois, je serai, comme vous, à la surface des choses…
    Le silence tomba sur ce terrible verdict. Peu après, les cloches de Saint-Jacques la Boucherie sonnèrent l’heure comme un glas.

    21 novembre 1783
    M. de Noblecourt, dans sa pelisse de fourrure, la tête enfouie dans sa vaste perruque, jasait avec Aimée d’Arranet qui, par ce froid déjà vif, se pelotonnait contre lui. Sur l’autre banquette Nicolas devisait avec son ami La Borde. Il s’était trouvé que Mme de Polignac, gouvernante des enfants de France, occupait pendant le séjour des souverains à Fontainebleau le château royal de la Muette avec Monseigneur le dauphin. Ayant appris qu’une machine aérostatique devait s’élever dans les airs avec deux téméraires passagers, elle avait engagé M. de Montgolfier à la faire partir depuis le jardin du château, bâti sur un coteau d’environ quatre-vingts toises, lieu idéal pour cette expérience. Aucune des précédentes n’avait impliqué la présence d’humains dans la nacelle. Mme de La Borde, lectrice de la reine, avait obtenu des billets pour assister à cette première.
    — Vous voilà sorti de cette sinistre
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