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Lacrimae

Titel: Lacrimae
Autoren: Andrea H. Japp
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Les possessions de l’Ordre étaient considérables (3 450 châteaux, forteresses et maisons en 1257). Avec son système de transfert d’argent jusqu’en Terre sainte, l’Ordre devint au XIII e  siècle l’un des principaux banquiers de la chrétienté.
    Après la chute d’Acre – qui, au fond, lui fut fatale –, le Temple se replia surtout en Occident. L’opinion publique finit par considérer ses membres comme des profiteurs et des paresseux. Diverses expressions de l’époque en témoignent. Ainsi, « on allait au Temple », lorsqu’on se rendait au bordel. Jacques de Molay, grand maître, ayant refusé la fusion de son ordre avec celui de l’Hôpital, les templiers furent arrêtés le 13 octobre 1307. Suivirent des enquêtes, des aveux (dans le cas de Jacques de Molay, certains historiens pensent qu’ils n’ont pas été obtenus sous la torture), des rétractations. Les enquêteurs, versés dans l’art de la rhétorique, n’eurent guère de peine à obtenir des déclarations incriminantes de la part de templiers dont bon nombre étaient des paysans ou de petits seigneurs. Par exemple, certains ne perçurent pas la différence religieuse cruciale entre « idolâtrer » et « vénérer » et furent, bien sûr, accusés d’idolâtrie.
    Clément V, qui craignait Philippe le Bel pour d’autres motifs, dont le procès posthume qu’exigeait le souverain contre la mémoire de Boniface VIII, décréta la suppression de l’Ordre le 22 mars 1312. Jacques de Molay revint à nouveau sur ses aveux et fut envoyé au bûcher, avec d’autres, le 18 mars 1314. Certains templiers parvinrent à fuir à temps, notamment en Angleterre ou en Écosse.
    Il semble acquis que les enquêtes sur les templiers, la saisie de leurs biens et leur redistribution aux hospitaliers coûtèrent davantage d’argent à Philippe le Bel qu’elles ne lui en rapportèrent, preuve que les mobiles du souverain étaient avant tout politiques, d’autant que l’ordre de l’Hôpital, aussi riche que celui du Temple, ne fut pas inquiété.
     
    P HILIPPE  IV LE B EL (1268-1314) : fils de Philippe III le Hardi et d’Isabelle d’Aragon. Il eut trois fils de Jeanne de Navarre, les futurs rois Louis X le Hutin, Philippe V le Long et Charles IV le Bel, ainsi qu’une fille, Isabelle, mariée à Édouard II d’Angleterre. Philippe était courageux, excellent chef de guerre. Il était également connu pour être inflexible et dur, ne supportant pas la contradiction. Cela étant, il écoutait ses conseillers, parfois trop, notamment lorsqu’ils étaient recommandés par son épouse.
    L’histoire retint surtout de lui son rôle majeur dans l’affaire des Templiers, mais Philippe le Bel fut avant tout un roi réformateur dont l’un des objectifs était de se débarrasser de l’ingérence pontificale dans la politique du royaume.
     
    P ROCÉDURE INQUISITOIRE : la conduite du procès, ainsi que les questions de doctrine posées à l’accusé sont tirées et adaptées de Eymerich Nicolau & Pena Francisco, Le Manuel des inquisiteurs (introduction et traduction de Louis Sala-Molins, Albin Michel, 2001).
    Les procès inquisitoires étaient truqués, bien sûr. Pour plusieurs raisons. Il ne fallait pas que l’Église soit soupçonnée d’avoir accusé un innocent. Les inquisiteurs pouvaient s’absoudre les uns les autres. En d’autres termes, nul, hormis eux-mêmes, ne les jugeait. De surcroît, les inquisiteurs étaient payés sur les biens des condamnés. Certains n’avaient donc aucun intérêt à ce que les prévenus soient innocentés. De plus, il y a eu dans leurs rangs, de toute évidence, des psychopathes. Au point qu’en dépit du peu de cas que l’on faisait à l’époque de la vie humaine, seule l’âme comptant, des évêques ont eu le courage de s’élever contre les exactions effroyables de certains inquisiteurs. Des émeutes populaires eurent lieu.
    Parmi les multiples machinations, expliquées dans les manuels d’inquisition, citons-en quelques unes. On questionnait de pauvres gens, ne sachant ni lire ni écrire, sur de délicats points de doctrine chrétienne. Leur ignorance devenait la preuve formelle de leur hérésie. S’ils se trompaient, n’était-ce pas la démonstration sans équivoque que le diable lui-même leur avait troublé l’esprit ? La deuxième ruse consistait à refuser à l’accusé le secours d’un avocat et à tenir secrète l’identité des témoins, ou plutôt des
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