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Lacrimae

Titel: Lacrimae
Autoren: Andrea H. Japp
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l’ami de toujours.
    Un long reniflement lui fit tourner la tête. Huguelin pleurait, essuyant ses larmes de sa manche. Il balbutia :
    — Oh… c’est affreux, si beau… C’est de là que vient votre amour, de votre père. Celui que vous m’avez accordé, celui que vous avez instillé en moi. Merci, Tendre Vierge, d’avoir permis que nos routes se croisent. Peut-être serais-je mort aujourd’hui sans vous, ou peut-être serais-je un vaurien ?
    Druon caressa les cheveux doux comme de la soie et poursuivit :
    — Je savais que mon père poursuivait une quête. Il s’en était ouvert, à mots prudents, de crainte de me mettre en danger. Igraine… Igraine a vu son bûcher, su que j’étais fille. Elle m’a parlé d’une pierre rouge, aussi rouge que le sang qu’elle a fait verser, et que je dois retrouver coûte que coûte afin d’en percer la signification. Elle a également évoqué une femme très belle, très redoutable, dont je me devais défier.
    — Et… qu’est cette pierre rouge ?
    — Je l’ignore. Il me faut également confronter Sevrin, lui extirper la vérité.
    — N’est-ce pas bien périlleux ? demanda Huguelin d’une faible voix.
    — Si fait. Aussi mes confidences sont-elles devenues nécessaires. Huguelin… Je crois qu’il est préférable que nos chemins se séparent céans. Nous partagerons ma bourse. Je ne puis, en mon âme et conscience, t’exposer ainsi aux menaces. Car elles sont bien réelles. L’Inquisition est sur mes talons. Peut-être d’autres aussi.
    Certes, Huguelin n’avait nulle envie de se faire navrer, ni surtout jeter dans les prisons de l’Inquisition que son jeune âge n’arrêterait pas s’il était reconnu complice de son maître. Ils prétendraient qu’il était un démon ayant pris apparence d’enfant pour attendrir et mieux séduire les pauvres créatures humaines, et le tour serait joué. Cependant, il aimait Druon. Il aimait la métamorphose de sa vie. Et puis, qui, hormis son jeune maître, se préoccupait de lui ?
    Très ferme, presque guerrier, il déclara en se redressant de toute sa petite taille :
    — Oh, que nenni ! À moins qu’il s’agisse d’un congé, que vous m’abandonniez vilement… car ce serait bien vil après m’avoir communiqué l’espoir de m’améliorer, de devenir aesculapius à votre image… je demeure à vos côtés ! Des périls ? Certes, je ne suis pas bien grand, mais grâce à vous mon esprit s’est éveillé et je puis vous être d’aide !
    Druon s’immobilisa, aussitôt imité par Brise qu’il menait par la bride. Il détailla le garçonnet, roide sur ses ergots, tel un valeureux petit coq. Une incontrôlable émotion le submergea. Dieu que la vie était parfois magnifique !
    Il plaqua l’enfant contre lui et lui embrassa les cheveux, murmurant :
    — Quelle étonnante chance j’ai. Je m’interdis à jamais de me plaindre. Ce serait offense. Je t’autorise à me tancer si j’en venais un jour à geindre de quoi que ce soit. Huguelin… je crois que… Non, je suis certain que Dieu a voulu notre rencontre. Ce serait affreux péché de Lui désobéir. Allons, notre route est longue.
    1 - Nombre des chevaux qui menèrent les croisés jusqu’en Terre sainte étaient des percherons.

Brève annexe historique
    A BBAYE DE LA S AINTE- T RINITÉ DE T HIRON- G ARDAIS  : elle fut édifiée au XII e  siècle (charte de fondation de 1114) par saint Bernard de Ponthieu, né près d’Abbeville en 1046, ancien abbé de Saint-Cyprien de Poitiers, une élection décidée presque contre sa volonté puisque les honneurs ne l’intéressaient guère. Bernard souhaitait revenir à la stricte observance de la règle de saint Benoît, grâce, entre autres, à la protection de l’évêque Yves de Chartres et de Rotrou III le Grand, comte du Perche.
    La réputation de sainteté de Bernard se propagea vite, et l’abbaye fut soutenue par de nombreux souverains, dont Henry I er d’Angleterre. Elle connut très vite un grand rayonnement, au point que l’on parla de l’ordre de Thiron, et une expansion très importante puisque vingt-deux abbayes et plus de cent prieurés lui furent rattachés, notamment en Angleterre, en Écosse et en Irlande. À la mort de saint Bernard en 1116, l’abbaye était déjà royale, privilège accordé par Louis VI le Gros, roi de France, en échange du fait qu’elle devait accueillir d’anciens soldats invalides comme frères laïcs.
    Une des abbayes filles de
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