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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour
Autoren: Robert Merle
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place que Navarre quiert du roi sur la
Loire comme passage pour asseoir ses sûretés.
    — Quoi ?
dis-je, levant un sourcil, mais je croyais bien au rebours, que c’était résolu,
et que M. de Brigneux, de son chef, était prêt à livrer Beaugency à votre
maître.
    — C’est
qu’à la réflexion, dit Rosny, un léger nuage d’embarras passant sur sa franche
et belle face, Navarre opine que Beaugency est bien trop proche d’Orléans, où
les ligueux se sont mis comme le ver dans le fruit. Tant est que Mayenne, fort
de leur appui, n’aurait qu’à faire un saut de puce pour surprendre nos armées.
    — Donc,
dis-je, fort étonné, et ne sachant à quoi Navarre voulait en venir, le voyant
comme chat, avancer le museau sur une ville de Loire, se reculer, y revenir, et
n’en plus vouloir derechef, donc, Monsieur de Rosny, repris-je, plus de
Beaugency ?
    — Et
d’autant, dit Rosny, que le roi propose à Navarre de lui donner les Ponts de
Cé, lequel est petit bourg sur Loire à deux milles d’Angers.
    — Voilà
donc qui va bien.
    — Voilà
donc qui va mal. Les Ponts de Cé est chétive bourgade, fortifiée, si j’ose
dire, d’un très faible château. En outre, bien trop proche d’Angers. À dire le
vrai, je ne doute pas que les ennemis de Navarre à la Cour aient conseillé ce
mauvais choix.
    — Que
donc Navarre doit refuser.
    — Que
donc Navarre ne peut qu’il n’accepte, dit Rosny vivement. Sans cela ses ennemis
à la Cour diront qu’il est comme Guise, qu’il exige toujours plus que ce qu’on
veut lui bailler.
    Après quoi, un
silence chut, que je laissais à plat, sans le relever tout de gob, sentant
bien, connaissant l’homme, que le fin mot m’allait être dit à ma première
question. Ce que très bien comprit Rosny qui tout soudain sourit d’un sourire
qui, arrondissant ses larges pommettes, me parut l’ouvrir tout à plein.
    — Siorac,
dit-il, vous ai-je bien ouï ? Avez-vous quis de moi ce que veut Navarre à
la fin ?
    — Vous
m’avez bien ouï, dis-je en riant. Et que veut-il ?
    — Saumur,
dit Rosny sans battre un cil.
    — Ho !
Ho ! criai-je, c’est gros morcel ! Et dont se déferait peu volontiers
le roi, réduit qu’il est à ne tenir au centre que Tours, Blois et Beaugency.
Matignon par ailleurs ayant ramené Bordeaux, d’Ornano le Dauphiné et d’Épernon
occupant Angoulême : Tristes débris épars d’un grand royaume. Tout le
reste étant gagné à la Ligue.
    — Ce qui
importe, dit Rosny gravement, en le périlleux prédicament où s’encontre le roi
de France, ce n’est pas le nombre de villes qu’il tient encore, c’est la force
avec laquelle il les tient face à Mayenne. Or, si Navarre occupait Saumur,
laquelle est ville bien remparée sur Loire, il serait à dix-sept lieues de
Tours où se trouve le roi, c’est-à-dire que son armée lui pourrait porter
prompt secours.
    — C’est
bien pensé, dis-je, après m’être un petit sur moi-même réfléchi, et j’en tombe
d’accord. Vous voulez donc que j’aille supplier le roi de bailler Saumur à
Navarre.
    — Ha !
que nenni ! Que nenni ! s’écria Rosny en élevant les bras au ciel. Ce
serait jouer ès mains de nos ennemis de Cour et émoudre de prime la méfiance du
roi, lequel est fort suspicionneux du fait des écornes qu’il a subies.
    — Que
faire donc ?
    — User
d’adresse, dit Rosny.
    Et sans tant
languir, il m’exposa le plan de Navarre, lequel, belle lectrice, pour bien
entendre, il faut que vous sachiez qu’en ces temps de désordre, les grands de
ce royaume étaient accoutumés, quand le roi leur redemandait une place qu’il
leur avait confiée, d’exiger de lui pécunes contre sa restitution : abus
que la bonté du roi et sa trop grande libéralité avaient de prime permis, et
que la faiblesse de ses armes avait ensuite perpétués ; tant est que le
roi se trouvait quasiment contraint de racheter son bien, pour en disposer
derechef.
    Sachant cela,
Navarre dépêcha trois émissaires ; le premier au roi pour lui dire qu’il
acceptait les Ponts de Cé en toute gratitude et soumission ; le second à
Cossein, lequel commandait les Ponts de Cé pour lui suggérer d’en demander un
prix très élevé au roi, celui-ci se trouvant dans une position trop critique
pour le lui pouvoir refuser. Le troisième – et celui-là nul autre que
moi-même – à Lessart, qui commandait à Saumur, pour lui conseiller de ne
quérir d’Henri III que de fort
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