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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour
Autoren: Robert Merle
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l’absolue certaineté qu’il lisait dans le mien. Puis se tournant vers Rosny,
lequel s’accoisait d’un air d’immense et réservée sagesse, aimant, à ce que
j’avais déjà observé, se faire prier par son maître pour lui bailler ses avis,
Navarre dit, l’œil toujours fort épiant, mais d’une voix plus enjouée et le
front déplissé :
    — Eh
bien, Monsieur de Rosny, qu’opinez-vous ?
    — Sire,
dit Rosny, j’ai déjà dit que dans ces sortes d’affaires, il faut jeter beaucoup
de choses au hasard. Cependant…
    — Cependant ?
dit Navarre qui connaissait son Rosny sur le bout des doigts, et le priait,
puisqu’il le voulait être.
    — Sire,
c’est tout ce que je dirais, dit Rosny. Sauf…
    — Sauf ?
dit Navarre avec la patience d’un saint.
    — Sauf
que si Votre Majesté est en quelque doutance encore, elle pourrait faire de
prime passer la Loire à sa noblesse qui pourrait inspecter le site, et les
bateaux revenant à Elle, passer Elle-même avec ses gardes.
    — C’est
bien pensé, Monsieur de Rosny, dit Navarre. Et si ferai-je.
    Mais ayant
dit, il ne fit pas tout à fait ainsi. Ordonnant au capitaine de Vignelles de
passer avec partie des gardes et partie de la noblesse, et après avoir laissé
lesdits gardes à proximité du château et du Pont Saint-Anne, de lui revenir
dire comment les choses se présentaient, lui-même passant alors avec le reste.
Encore que les mariniers fussent fort dextres à ce que je vis, cette navette
prit du temps, durant lequel Navarre marcha sur la berge qui-cy qui-là sans
piper, se rongeant les ongles quand et quand, et l’œil fiché sur l’autre berge.
    Enfin
Vignelles nous revint dire qu’ayant trouvé le château vide, il l’avait occupé,
que le Pont Saint-Anne n’étant pas gardé, il y avait mis ses gardes, et
qu’enfin il avait appris que le roi et sa noblesse étaient à faire leurs
dévotions à l’autre bout du parc au couvent des Minimes, et qu’enfin ne se
voyait nulle part la queue ni la trogne d’un archer royal. À quoi Navarre, je
gage, immensément soulagé en son for, mais sans sourire, ni dire mot ni miette,
embarqua.
    À jeter l’œil,
comme je le fis dans la suite de Navarre, au château de Plessis-les-Tours,
j’entendis de prime pourquoi le roi Louis XI, qui était fort suspicionneux
et craignait les surprises, y logeait volontiers : le château est sis,
comme j’ai dit, dans une sorte d’île, et comme si la Loire, le Cher et le
ruisseau Saint-Anne qui l’entourent ne suffisaient pas à sa défense, il est, au
surplus, circonstruit de douves sur les quatre côtés. Il est vrai que les murs
ne sont pas une grosse affaire, étant faits rustiquement de briques avec un
appareillage de pierres blanches autour des ouvertures, mais pour les
contrebattre que malaisé serait de faire traverser l’eau à des pièces
d’artillerie ! Lesquelles n’étaient point, de reste, du temps de
Louis XI, tant puissantes qu’elles le sont, depuis, devenues.
    Encore qu’à
mon sentiment le logis ne soit point si bien situé que Mespech, lequel a de
charmantes vues sur les pechs et les combes du Périgord, il ne laisse pas que
d’être une fort plaisante demeure campagnarde, entourée d’un grand parc que je
m’apense giboyeux et de beaux jardins fort bien complantés de fruitiers, et
j’entends bien qu’un roi, humble en paroles et en habits comme l’était
Louis XI, aimât ce séjour agreste, d’autant que la lumière de Loire y est
douce, et le climat, à ce qu’on me dit, sans méchantise.
    Mais quant à
mon bien-aimé maître, qui est lui, fort amoureux des villes (et en particulier
de son ingrate Paris), il avait préféré se loger ès Tours dans un fort bel
hôtel qui lui apportait ses coutumières commodités.
    Le capitaine
de Vignelles à qui Navarre avait donné l’ordre de reconnaître le
château, l’ayant trouvé vacant à l’exception d’un unique majordome tout chenu
et cassé (le roi habitant ès ville, comme j’ai dit) n’y était pas allé que
d’une fesse et l’avait tout de gob occupé, s’étant saisi : primo, au nord, du châtelet d’entrée lequel comportait un pont-levis défendu par deux
petites tours ; secundo, à l’ouest, d’une grande tour pentagonale
(doublée d’une échauguette) qui menait par des degrés à la chambre qu’occupait
jadis Louis XI ; tertio, il avait déployé ses Suisses dans la
cour d’honneur, laquelle faisait face à l’ouest, le logis royal
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