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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau
Autoren: Mireille Calmel
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ordonna-t-elle sans animosité cette fois.
    Comme il s’éloignait, elle interpella Ma et écouta pour la forme :
    —  S’il tente de s’enfuir, tue-le.
    Le prêtre laissa échapper un petit rire, comme si cette idée était aussi invraisemblable que la situation elle-même, puis descendit l’escalier. Lorsqu’ils furent seuls, Marie s’enquit :
    —  Que sais-tu que j’ignore, père ?
    Il eut un pâle sourire.
    —  Je vais mourir, Marie, lâcha-t-il en caressant sa joue souillée de sang, de poussière et de sillons de sel.
    Marie couvrit sa main de la sienne, la rage au ventre, pour mieux contrer son propre pressentiment.
    —  Tu as l’air mieux, dit-elle, essayant de se convaincre que son pessimisme n’était que fatigue.
    —  C’est vrai. Le poison n’a plus d’effet, reconnut Philippus. Sans s’y attarder, il s’exclama : Dire que nous avons cherché si longtemps ce que tu détenais en toi ! Par quel miracle ? J’ignore quelle est cette prophétie dont il parle, mais il doit nous livrer ce secret. Nous devons savoir pourquoi et en quoi tu es l’élue.
    —  Quelle importance, si cela a permis de te sauver. Si cela peut nous rendre maman, assura Marie avec espoir.
    —  Il faut agir vite. Mêler la liqueur à ton sang et la lui faire absorber.
    —  À l’instant.
    Mais Philippus l’arrêta.
    —  Il faut que potion et sécrétions soient à la même température, ou le mélange sera incomplet et tout sera perdu.
    Il finissait ces mots comme Lévi revenait. Outre ce que Marie avait réclamé, l’Hébreu avait rapporté des vêtements propres et de l’eau savonneuse dans un autre seau.
    —  J’ai demandé à la louve, expliqua-t-il. Elle est très perspicace.
    Comme Marie hochait la tête, il ajouta, certain de la réponse :
    —  La liqueur est à son usage, n’est-ce pas ? Qui est-elle ?
    —  Ma mère, répondit-elle simplement, mais avec tant d’amour que les dernières barrières de convenance s’effacèrent entre eux.
    L’Hébreu lui sourit avec respect.
    —  Alors ne tardons plus. Le jour va se lever.
    Marie sentit une confiance souveraine la gagner.
    —  M’aideras-tu ?
    —  Oui, femme, promit l’Hébreu avec franchise. Ensuite, je t’expliquerai, ajouta-t-il, le regard baigné d’une dévotion qui fit se détourner Marie. Je vais m’occuper du Médicus. Il te faut stabiliser la liqueur en veillant à ce que sa température descende graduellement jusqu’à 37°C. C’est l’étape la plus difficile. Une erreur et tout peut basculer.
    —  Cela ira, assura Marie qui découvrait cet homme, bien loin du prêtre froid et hautain qu’elle avait abordé.
    Elle se concentra sur l’alkaheist tandis qu’il nettoyait et changeait son père. Ensuite, après s’être assuré que Philippus était confortablement installé, Lévi vint la rejoindre, laissant Ma prendre le relais. La louve coucha sur les genoux de son aimé sa belle tête triste et se berça de la tendresse d’une caresse entre ses oreilles. Philippus se concentra sur son geste, pour ne pas s’endormir. Pas encore. Pas avant d’avoir serré dans ses bras cette femme pour laquelle il avait tout donné sa vie durant.
    Un long moment passa. Marie laissa Lévi la guider, pas à pas. Puis se saigna une nouvelle fois dans les proportions qu’il indiqua pour que le mélange soit homogène.
    Le coq chantait lorsque, dans une timbale d’argent, elle posa le breuvage devant Ma. La louve lapa jusqu’à ne laisser plus aucune trace, et retourna s’étendre auprès de Philippus. Le souffle court, ils attendaient, l’espoir comme une plaie béante au ventre de ces années de sursis.
    Il fallut quelques minutes interminables avant que le corps s’étire dans un cri long et douloureux. Le prêtre semblait fasciné. Philippus avait fermé les yeux sur une prière muette tandis que Marie chantonnait cette comptine que lui avait apprise Isabeau. « Je la fredonnais parfois lorsque Loraline était enfant. Elle est mon héritage, avait avoué sa grand-mère après un ultime échec. J’aurais voulu la voir naître une seconde fois. Je l’aurais bercée dans mes bras au moment du passage, ce refrain aux lèvres. Elle aurait su alors combien je l’aimais. » En cet instant où toutes les frontières du possible perdaient leur sens, c’est à Isabeau que Marie songeait, à son sacrifice, à sa vie tollue, et sa voix qui rassurait Ma n’était qu’un hommage, un hymne à l’amour. Celui d’une
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