Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
crocs.
    L’Hébreu recula. Il transpirait à son tour.
    —  Ecoute-moi, femme. La consigne de la Confrérie des Fils de Salomon est formelle. Quiconque découvre le secret des tablettes doit mourir. Le poison est contenu dans l’encre qui a servi à rédiger la formule, il y est extrêmement concentré. Je n’ai pas son antidote. À partir de la liqueur, on peut le créer, mais il sera trop tard pour ton père. À moins que ce que je crois soit vrai, ajouta-t-il d’une voix hachée.
    —  Sauvez-le ou vous mourrez, ragea Marie.
    —  Montre-moi tes doigts et ta langue.
    —  Je ne comprends pas…
    —  Fais ce qu’il te dit, Marie, hoqueta Philippus.
    Elle obtempéra et les yeux de Lévi s’écarquillèrent de surprise autant que d’émerveillement. Marie présentait les mêmes traces marbrées que son père. Lévi joignit les mains en une prière :
    —  Par Adonaï ! Ainsi donc c’était vrai.
    —  Qu’est-ce qui est vrai ? S’impatienta Marie qui voyait Philippus se tordre sur le plancher où il s’était étendu en râlant.
    —  Tu es l’élue, femme. Celle de la prophétie.
    Elle se rua sur lui, l’attrapa au collet et, dans la violence de sa colère, le souleva presque du sol.
    —  Cesse de gagner du temps, et sauve-le !
    —  Toi seule le peux, s’il n’est pas trop tard déjà !
    —  Comment ? Insista Marie sans lâcher l’homme dont le visage reflétait à présent une dévotion étrange.
    —  Avec ton sang. Il faut lui faire ingurgiter de ton sang. Je t’ai empoisonnée aussi, femme, ces marques le prouvent. À l’heure qu’il est, tu devrais souffrir autant que lui. Or tu ne présentes aucun malaise. Tu es l’élue, celle mentionnée dans le texte gravé. Contre toi et pour une raison que j’ignore, la liqueur ne peut rien.
    En un instant revint à Marie le souvenir de Triboulet lui certifiant qu’elle était l’élue. Même si cela lui paraissait absurde, elle devait se rendre à l’évidence. Sur elle, le poison était sans effet. Elle s’empara d’un lien de cuir et d’un scalpel, puis ordonna.
    —  Garrotte-moi l’avant-bras. Là, plus haut. Serre à présent. Maintiens ce récipient sous l’entaille. Lorsqu’il sera rempli tu le feras boire à mon père. Ensuite, nous attendrons ensemble qu’il guérisse. Et tu devras prier pour cela, sans quoi aucun Dieu ne te sauvera, tu m’entends !
    L’homme hocha la tête et l’admira planter la lame sans sourciller pour ouvrir la saignée. Un sang presque noir en jaillit et Marie le regarda couler, avide, tandis qu’en elle s’égrenait une prière sans âge.
    Lorsque l’Hébreu retira le récipient, elle appliqua un linge sur la coupure. Philippus avala le sang, docile. Comme il en recrachait un peu, Marie se précipita et l’empêcha de vomir en lui maintenant la tête en arrière. Elle se sentait faible mais cela n’avait plus d’importance.
    —  Les cornues, hoqueta Philippus. Surveille les cornues. Fais-le pour moi, Marie. Sauve-la, gémit-il comme elle s’écartait.
    Elle acquiesça et ordonna au prêtre :
    —  Toi, tu ne bouges pas. Ma, surveille-le !
    Puis elle s’inquiéta de la liqueur qui prenait corps. Peu à peu, absorbée par le travail, elle récupéra en elle une force et une aura nouvelles. Le regard de Lévi qu’elle croisait de temps à autre avait perdu de sa superbe au profit d’un respect qu’elle lisait grandissant. L’aube pointait lorsque la distillation s’acheva. Son père avait cessé de gémir et quelques couleurs avaient regagné ses joues, mais ses yeux demeuraient cernés d’un bleu noirâtre, même si sa migraine s’était estompée. Il avait encore vomi du sang digéré, pas autant cependant qu’il en avait bu.
    —  Je me sens mieux, dit-il alors que Marie s’approchait, délaissant pour quelques instants l’alkaheist qui bouillonnait.
    L’Hébreu hocha la tête.
    —  Je n’ai jamais rien vu de semblable ma vie durant, femme. Les effets du poison s’estompent. Ton sang l’a sauvé !
    Mais Marie n’écoutait pas. Elle était épuisée et pas totalement rassurée. En fait, malgré l’apaisement de Philippus lié à la régression des symptômes, elle avait le sentiment qu’il lui cachait quelque chose. Elle l’aida à s’adosser au mur puis se tourna vers Lévi.
    —  Dans la souillarde, tu trouveras un baquet et de quoi lessiver le sol. Ma va t’accompagner. Ramène-les. L’odeur est pestilentielle et tourne le cœur,
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher