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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau
Autoren: Mireille Calmel
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à l’hôpital de Salzbourg où le cocher de Lévi les conduisit dès que Loraline fut habillée. Elles le veillèrent ensemble la nuit suivante, comme si par quelque nouveau miracle il pouvait se réveiller, et le pleurèrent dans les bras l’une de l’autre.
    Lévi n’avait pas cessé de prier, profondément attristé pour ces deux femmes qu’il tenait en estime. Il les raccompagna au seuil de leur logis et promit de les visiter dès le lendemain. Epuisées, Loraline et Marie s’effondrèrent sur le lit de Philippus, les yeux secs d’avoir trop pleuré. Lévi s’annonça douze heures plus tard et les trouva à peine levées. Il leur prépara une collation, s’attendrit de voir Loraline porter un bol à ses lèvres et dans un réflexe laper le lait avant de se mettre à boire tristement. Ensuite seulement, il parla, pour qu’aucun secret ne les endeuille plus.
    —  Lorsque j’ai déchiffré les tablettes dont j’ignorais le contenu, j’ai trouvé cette prophétie de Salomon, comme le prêtre que nous avions cru fou et cupide de les avoir dérobées. Salomon prédisait qu’une sorcière naîtrait, à l’esprit mêlé de femme et de louve. Elle seule était l’alkaheist, car en son sang battait le secret de la mutation des corps. Cette femme était l’élue, la gardienne du savoir précieux auquel, dans sa bonté, le Très-Haut lui avait permis d’accéder.
    « Elle seule deviendrait digne de protéger cette connaissance. Salomon disait que la mission de ses fils était de la chercher, de la trouver et de l’instruire. Ensuite, le livre sacré devrait lui être confié, pour épargner à l’humanité la cupidité, l’égoïsme et la souffrance d’une immortalité qu’elle n’était pas prête à recevoir.
    « J’ai refusé d’y croire, alors que tout pourtant aurait dû m’ouvrir les yeux. Votre quête, cette louve… J’ai agi selon les principes qui m’avaient été inculqués. Ils n’étaient qu’orgueil et vanité, nous considérant, nous, fils de Salomon, comme seuls dignes de recevoir et de préserver cet héritage quand nous n’aurions dû être que des messagers.
    « Votre père se serait éteint de toute façon, Marie, mais je ne peux m’empêcher de me sentir responsable de lui avoir volé ce temps précieux, de l’avoir soustrait à vos retrouvailles, à votre tendresse. Je n’aurai pas assez d’une vie pour me racheter et cependant il me faut partir, porter devant mes frères ma décision et la faire adopter par tous. Prenez ces tablettes, insista-t-il en remettant à Marie le bloc enveloppé de cuir, vous saurez en user avec justice et amour. Puisse ce geste vous dire mes regrets, mais plus encore, Marie, l’affection que je vous porte désormais et à jamais. Puissiez-vous un jour me pardonner.
    —  Je ne vous en veux pas, Lévi. N’advient que ce qui doit être, disait mon père. Aujourd’hui, je sais que c’était vrai. Je vous en fais la promesse, nul ne trouvera jamais l’Art Notoire. Je le dois à ma famille que, pour cette seule raison, le destin a sacrifiée.
    —  Allez en paix toutes deux.
    Ils s’enlacèrent fraternellement. Quelques instants plus tard, elles se retrouvaient seules, avec cette complicité bien au-delà des mots jamais prononcés.
    Les funérailles de Paracelse, deux jours plus tard, furent sobres, sans larmes. Ses affaires furent réglées à la façon qu’avait été sa vie, sans s’inquiéter des rumeurs et de la haine.
    Sitôt achevées, mère et fille louèrent une escorte et montèrent dans la voiture sans se retourner.
     
    Une neige épaisse couvrait l’Auvergne. L’hiver serait vif cette année, mais c’est le cœur empli d’une douce tiédeur que Marie aborda Vollore.
    La voiture s’arrêta devant le château d’où Constant sortit, mû par cet instinct qui les rappelait invariablement l’un vers l’autre. Il tenait Philibert emmailloté de fourrures dans ses bras. Marie s’y précipita à son tour tandis que Gasparde poussait des cris de joie en l’apercevant.
    En un instant, la maisonnée fut sur le seuil, immobile, les yeux écarquillés face à cette femme qui, timidement, souriait, derrière Marie.
    —  Grand-mère Isabeau, chuchota Gasparde. Grand-mère Isabeau est revenue du ciel !
    —  Seigneur Dieu, vous l’avez fait, trembla la voix émue d’Albérie.
    —  Bonjour, ma tante, répliqua Loraline en s’avançant vers elle.
    Tandis qu’elles s’étreignaient, Marie s’accroupit devant les
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