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La Poussière Des Corons

La Poussière Des Corons

Titel: La Poussière Des Corons
Autoren: Marie-Paul Armand
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pouvait avoir mon âge, peut-être
un peu moins, sans rien de particulier. Simplement, sur son visage, il y avait
un grand air de bonté. Elle nous a regardés, tous les trois, et a demandé à
Marcelle :
    — C’est vous qui voulez me voir, n’est-ce pas ?
    — Oui, a dit Marcelle, impressionnée.
    — Asseyez-vous, dit-elle en lui montrant une
chaise placée juste au milieu de la pièce.
    Marcelle s’assit sans quitter Jean des yeux, un peu inquiète.
    — Allons, reprit la femme, n’ayez pas peur !
Je suis là pour vous soigner, rien d’autre ! Penchez la tête en avant, s’il
vous plaît.
    Elle se plaça derrière la chaise et posa sur la nuque de
Marcelle ce qui me parut être une médaille. Puis elle ferma les yeux et sembla
se concentrer. Le silence était complet, seulement troublé par le tic-tac d’un
gros réveil, sur la cheminée.
    — Ah, je vois ce que c’est ! Un bébé qui
tarde à venir, n’est-ce pas ?
    Sa question n’appelait même pas de réponse. C’était plutôt
une constatation. Sidérés, nous la regardions. Elle sourit :
    — Ne craignez rien, vous n’êtes pas stérile. Simplement
il va falloir aider la nature, parfois capricieuse. Comment vous appelez-vous ?
Notez votre nom et votre adresse sur ce petit papier.
    Marcelle obéit. Pendant ce temps, la femme continua :
    — Voilà ce que vous allez faire : vous allez
boire, tous les matins à huit heures, un grand verre de lait. Et vous mettrez
sous votre oreiller un grain de blé et un grain d’orge.
    — C’est tout ? demanda Marcelle, et sa voix
trahissait un doute, une surprise.
    La femme sourit de nouveau :
    — Oui, c’est tout, du moins en ce qui vous
concerne. Le reste, c’est moi qui le ferai.
    Jean, un peu timidement, a questionné :
    — Que ferez-vous ?
    Elle l’a regardé, et gravement, a dit :
    — Je prierai. Je prierai, monsieur, pour que vous
ayez votre enfant. Tous les soirs, je prie pour mes malades, pour leur guérison.
Et, voyez-vous, Ils m’écoutent, et Ils acceptent de m’exaucer, ajouta-t-elle en
nous montrant, au mur, des images représentant Jésus, la Vierge, et des saints
que je ne reconnus pas.
    Elle a donné une médaille à Marcelle :
    — Tenez, mon petit. Gardez-la toujours sur vous. Et
faites ce que je vous ai dit. Tout ira bien.
    Toute rose, Marcelle a remercié. Avant de sortir, Jean
demanda :
    — Combien vous doit-on, madame ?
    Elle a secoué la tête, avec son doux sourire :
    — Rien, vous ne me devez rien. Je n’accepte pas d’argent.
Parfois, des clients me paient avec des œufs, ou des produits de leur jardin, car
je suis veuve. Mais vous, si vous voulez me faire plaisir, venez me présenter
votre bébé, lorsqu’il sera né. Je le bénirai.
    — C’est promis, dit Marcelle, nous viendrons.
    Nous sommes sortis. Marcelle, excitée comme une petite fille,
serrait dans sa main la médaille. Jean ne disait rien.
    — Elle est formidable, dit Marcelle. Tu ne crois
pas, Jean ? Elle a trouvé tout de suite et toute seule.
    — Oui, dit Jean, avec un air sceptique. Nous
verrons. Qu’en dis-tu, toi, maman ?
    J’avais tendance à y croire, moi aussi. Ce que les gens
avaient raconté, pendant que nous attendions, ils ne l’avaient pas inventé. Et
il était vrai qu’elle avait découvert, sans indication, la raison de notre
venue. Alors, pourquoi ne pas lui faire confiance ? Je me disais qu’il y
avait là quelque chose que nous ne pouvions pas comprendre, quelque chose qui
nous dépassait. Cette femme possédait urf don mystérieux, dont elle se servait
pour faire le bien, pour venir en aide à son prochain. Elle n’en était que plus
admirable.
    — Attendons, ajoutai-je simplement, et espérons. L’avenir
nous dira si nous avons eu raison d’y croire.
     
    Avait-elle réellement des pouvoirs extraordinaires ? Ou
tout était-il basé sur une sorte de suggestion inconsciente ? Je ne saurais
le dire. Nous, nous étions des gens simples, et nous y croyions. Mais il ne
manquait pas de sceptiques qui, lorsque Marcelle racontait ce qui s’était passé,
souriaient ironiquement.
    Quelques mois après, elle eut enfin la certitude d’attendre
ce bébé tant désiré. Elle exultait, elle rayonnait. Moi aussi, j’étais heureuse.
À vrai dire, je n’étais pas surprise. Au fond de moi, je m’y attendais.
    Elle eut une grossesse agréable. Au début, elle eut bien
quelques nausées, mais ce n’était en rien comparable à mes vomissements,
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