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La Poussière Des Corons

La Poussière Des Corons

Titel: La Poussière Des Corons
Autoren: Marie-Paul Armand
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pas l’aider. Et pourtant, son
souhait était aussi le mien.
     
    Ce fut au cours de la nuit qui suivit que l’idée me vint. Une
fois de plus je ne dormais pas, et le visage en pleurs de Marcelle revenait
constamment me hanter. Je me rappelai alors ce que Marthe, une des femmes du
coron que je connaissais bien, m’avait raconté. Son petit-fils, qui n’était qu’un
bébé, avait failli mourir d’une méningite. Pendant deux jours, il avait eu
beaucoup de fièvre, et sa tête, son cou étaient devenus tout raides. Le médecin,
appelé trop tard, avait annoncé que l’enfant était perdu. Le fils de Marthe n’avait
pas voulu admettre un tel verdict. Il connaissait une femme qui, disait-il, dans
un village voisin, soignait les gens avec un secret, et réussissait des
guérisons spectaculaires. Il avait déclaré qu’il allait lui amener
immédiatement son enfant. Le médecin avait haussé les épaules, avec l’air de
dire : à quoi bon ? Ça ne servira à rien, mais, après tout, si ça
peut vous faire plaisir…
    Le père avait enveloppé son enfant dans une couverture, et
était allé voir cette femme aussitôt. Et elle avait sauvé le bébé. Elle avait
dit, en posant les mains sur lui :
    — Oui, il y a une menace de méningite, mais, heureusement,
il n’est pas encore trop tard. Rentrez chez vous, tuez un pigeon, ouvrez-le en
deux et posez-le sur la tête de votre enfant. Faites vite, il est plus que
temps !
    Il était rentré en catastrophe ; surmontant sa
répugnance, il avait suivi ces instructions, sous l’œil effaré et incrédule de
sa famille. Le bébé guérit, et survécut, sans aucune séquelle. D’après Marthe, cette
femme était extraordinaire, elle faisait de véritables miracles.
    Je décidai d’en parler à Marcelle. Peut-être pour-rions-nous
aller la consulter et lui demander ce qu’elle pouvait faire.
     
    Le lendemain j’allai voir Marthe. Je ne voulais pas donner
la véritable raison de ma démarche car, après tout, le secret de Marcelle ne m’appartenait
pas. J’inventai que, depuis la mort de Charles, j’avais continuellement des
maux de tête qui ne disparaissaient pas, et que j’avais l’intention d’aller
voir cette femme, qui peut-être pourrait me soulager. Marthe m’assura que je
faisais bien d’y aller. Et elle me donna l’adresse sans difficulté.
    Dans la journée, je me rendis chez Marcelle et lui expliquai
tout. Elle était seule, Jean était à son travail. Je revois encore l’expression
indécise de son visage, à la fois tentée et réticente.
    — Mais, interrogeait-elle, pourra-t-elle vraiment
faire quelque chose ? Je serai encore plus déçue après, si ça ne marche
pas !
    — Ça ne coûte rien d’essayer. Parles-en à Jean ce
soir, et dites-moi ce que vous aurez décidé.
    Je rentrai chez moi, lui laissant un peu d’espoir. J’étais
incapable de me l’expliquer clairement, mais je sentais qu’il fallait y aller, que
c’était la bonne solution.
     
    Quelques jours plus tard, Jean vint me chercher en voiture
avec Marcelle, après son travail :
    — Allons-y, me dit-il. Nous nous sommes décidés.
    Avec les explications de Marthe, nous avons trouvé
facilement. La maison était située tout au bout d’un sentier, à l’écart du
village. De chaque côté de la porte, le long des murs, étaient installés des
bancs, sur lesquels des gens attendaient. Comme eux, nous nous sommes assis et
nous avons attendu. Marcelle, près de moi, avait un visage crispé. Nous avons
écouté les gens : ils parlaient de cette femme, et chacun avait une
guérison à raconter, qui concernait quelqu’un qu’ils connaissaient. Elle
guérissait toutes sortes de maladies, elle soignait les hommes, les femmes, les
enfants. Et ses remèdes étaient souvent naturels, basés sur l’utilisation des
plantes.
    — En plus, expliquait un homme qui revenait pour
la quatrième fois, vous ne devez pas lui dire de quoi vous souffrez. C’est elle
qui devine, et elle ne se trompe jamais.
    Jean, Marcelle et moi, nous nous regardions, à la fois
incrédules et émerveillés. Était-ce possible, un tel don ? Je voulais bien
le croire. Je connaissais depuis longtemps les remèdes de bonne femme. Il y
avait bien eu, dans mon enfance, la vieille Pélagie, qui guérissait les « feux
Saint-Antoine » avec des prières dont elle avait le secret !
    Et puis ce fut notre tour. Nous sommes entrés dans une pièce
ordinaire, qui devait être sa cuisine. La femme
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