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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere
Autoren: Eiji Yoshikawa
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je suis ton épouse.
    — Cela gâcherait tout si je
te disais ce que tu sais déjà.
    — Pourtant... pourtant...
    Elle sanglotait de tout son corps,
mais dans une explosion d’énergie elle lui saisit la main et cria :
    — ... Dis-le ! Dis que
je suis ton épouse pour toute cette existence.
    Lentement, silencieusement, il fit
oui de la tête. Puis, un par un, il écarta de son bras les doigts délicats de
la jeune fille et se redressa.
    — L’épouse d’un samouraï ne
doit pas pleurer ni se mettre dans tous ses états quand il part pour la guerre.
Ris pour moi, Otsū. Envoie-moi là-bas avec un sourire. C’est peut-être le
dernier départ de ton mari.
    Tous deux savaient que l’heure
était venue. Il la regarda quelques instants et sourit. Puis il dit :
    — ... Au revoir.
    — Oui. Au revoir.
    Elle voulut lui rendre son
sourire, mais ne parvint qu’à refouler ses larmes.
    — Adieu.
    Il se détourna, et gagna d’un pas
ferme le bord de l’eau. Un mot d’adieu monta aux lèvres d’Otsū mais refusa
de sortir. Les larmes jaillissaient, irrépressibles. Elle ne le voyait plus.
    Le fort vent salin rebroussait les
favoris de Musashi. Son kimono claquait.
    — ... Sasuke !
Rapprochez un peu le bateau.
    Bien qu’il attendît depuis plus de
deux heures, et sût que Musashi se trouvait sur la plage, Sasuke avait pris
soin de détourner les yeux. Maintenant, il regarda Musashi en disant :
    — Tout de suite, monsieur.
    En quelques coups de perche
puissants et rapides, il amena le bateau. Lorsqu’il eut touché le rivage,
Musashi sauta légèrement à l’avant, et ils gagnèrent le large.
    — Otsū !
Arrêtez !
    C’était Jōtarō qui
criait. Otsū courait droit vers l’eau. Il courut après elle. Saisis,
Gonnosuke et Osugi se joignirent à la poursuite.
    — Otsū, arrêtez !
Que faites-vous ?
    — Vous êtes folle !
    Ils l’atteignirent ensemble,
l’entourèrent de leurs bras et la retinrent.
    — Non, non, protesta-t-elle
en secouant lentement la tête. Vous ne comprenez pas.
    — Que... qu’essayez-vous de
faire ?
    — Laissez-moi m’asseoir
seule, répondit-elle d’une voix calme.
    Ils la relâchèrent ; elle
marcha avec dignité vers un endroit situé à quelques mètres, où elle
s’agenouilla dans le sable, apparemment épuisée. Mais elle avait retrouvé ses
forces. Elle redressa son col, se lissa les cheveux, s’inclina vers la petite embarcation
de Musashi.
    — ... Va sans regrets,
dit-elle.
    Osugi s’agenouilla et s’inclina.
Puis Gonnosuke. Et Jōtarō. Après avoir fait tout le chemin depuis
Himeji, Jōtarō avait manqué sa chance de parler à Musashi malgré son
désir intense de lui dire un mot d’adieu. Sa déception fut adoucie à l’idée qu’Otsū
avait bénéficié de ces quelques instants.
     
     
     
L’âme des profondeurs
     
    A marée haute, le courant
traversait le détroit comme un torrent en crue dans un ravin étroit. Ils
avaient le vent en poupe, et le bateau volait sur les vagues. Sasuke se
montrait fier ; ce jour-là, il entendait qu’on le félicitât pour son maniement
de la rame. Musashi était assis au milieu de la barque, les genoux largement
écartés.
    — Cela prend longtemps
d’aller là-bas ? demanda-t-il.
    — Pas très longtemps avec
cette marée, mais nous sommes en retard.
    — Hum...
    — Il est plus de huit heures.
    — Oui. A quelle heure
croyez-vous que nous arriverons ?
    — Il sera probablement dix
heures ou un peu davantage.
    — Parfait.
    Le ciel que Musashi regardait ce
jour-là – le ciel que Ganryū regardait – était d’un
profond azur. La neige qui couvrait la chaîne des monts Nagato ressemblait à
une banderole blanche flottant à travers le ciel sans nuages. Les maisons de la
ville de Mojigasaki, les rides et crevasses du mont Kazashi se distinguaient
clairement. Aux flancs des montagnes, des foules écarquillaient les yeux en
direction des îles.
    — ... Sasuke, puis-je avoir
ceci ?
    — Qu’est-ce que c’est ?
    — Cette rame cassée au fond
du bateau.
    — Je n’en ai pas besoin. Que
voulez-vous en faire ?
    — Elle a à peu près la bonne
dimension, répondit mystérieusement Musashi.
    Il ramassa d’une main la rame un
peu imbibée d’eau, et regarda si elle était droite. Un bord du plat se trouvait
arraché. Musashi posa la rame sur son genou, et, totalement absorbé, se mit à
la tailler avec son sabre court. Plusieurs fois, Sasuke jeta des coups d’œil
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