Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere
Autoren: Eiji Yoshikawa
Vom Netzwerk:
ils
s’entassèrent dans leurs bateaux, à l’affût. Tous étaient armés de sabres, mais
il y avait une longue lance au fond de chaque bateau.
     
    — Voilà Musashi !
    Ce cri retentit dans tout
Funashima quelques instants plus tard.
    Le bruit des vagues, les voix des
pins et le froissement des bambous se mêlaient doucement. Depuis le début de la
matinée, la petite île avait eu un air désolé malgré les présences officielles.
Un nuage blanc, en s’élevant du côté de Nagato, effleura le soleil, assombrit
les feuilles. Le nuage passa et la clarté revint.
    L’île était fort petite.
L’extrémité nord comportait une colline basse, couverte de pins. Au sud, le
terrain était plat, à mi-hauteur environ de la colline, jusqu’à ce que l’île
sombrât vers les hauts-fonds.
    Très loin du rivage, on avait
tendu un dais entre des arbres. Les officiels et leur escorte attendaient en
silence, discrètement : ils ne souhaitaient pas donner à Musashi
l’impression qu’ils essayaient d’ajouter à la dignité du champion local.
    Maintenant, deux heures après le
moment fixé, ils commençaient à manifester leur anxiété, leur ressentiment. A
deux reprises, ils avaient envoyé des bateaux rapides pour presser Musashi.
    Le guetteur du récif monta en
courant vers les officiels et leur dit :
    — C’est lui ! Aucun
doute là-dessus.
    — Il est vraiment venu ?
demanda Kakubei qui se leva sans le vouloir.
    Ce faisant, il commettait une
grave entorse à l’étiquette. En sa qualité de témoin officiel, il était censé
garder une froide réserve. Pourtant, sa bien naturelle excitation fut partagée
par d’autres membres de son groupe, qui se levèrent aussi. S’apercevant de sa
gaffe, Kakubei se ressaisit et fit signe à ses compagnons de se rasseoir. Il
était essentiel qu’ils ne permissent pas à leur préférence personnelle pour Ganryū
de colorer leurs actions ou leur décision. Kakubei jeta un coup d’œil vers
l’endroit où Ganryū attendait. Tatsunosuke avait pendu un rideau, à
l’emblème de la gentiane, à plusieurs pêchers sauvages. A côté du rideau se
trouvait un seau de bois neuf avec une louche à poignée de bambou. Ganryū,
impatienté par sa longue attente, avait demandé à boire de l’eau et se reposait
maintenant à l’ombre du rideau.
    Nagaoka Sado se tenait plus loin
que Ganryū, et un peu plus haut. Il était environné de gardes et de
serviteurs, Iori à son côté. Quand le guetteur arriva avec sa nouvelle, le
visage du garçon – et jusqu’à ses lèvres – pâlirent. Sado
était assis de façon protocolaire, droit, immobile. Son casque s’inclina
légèrement à droite, comme s’il eût regardé sa manche de kimono. A voix basse,
il appela Iori.
    — Oui, monsieur.
    Iori s’inclina jusqu’à terre avant
de lever les yeux vers Sado qu’il regardait par-dessous son casque. Incapable
de maîtriser son excitation, il tremblait de la tête aux pieds.
    — Iori... dit Sado en
considérant le garçon droit dans les yeux. Regarde tout ce qui se passe. Ne
laisse pas échapper la moindre chose. N’oublie pas que Musashi a mis sa vie en
jeu pour t’enseigner ce que tu vas voir.
    Iori fit oui de la tête. Ses yeux,
qui fixaient le récif, étincelaient. La blanche écume des vagues qui se
brisaient contre lui éblouissait le garçon. Le récif était à quelque deux cents
mètres de distance ; aussi, Iori ne pourrait-il distinguer le détail des
mouvements ni la respiration des combattants. Mais ce n’étaient pas les aspects
techniques que Sado voulait lui faire observer. C’était l’instant dramatique où
un samouraï se lance dans une lutte à mort. Voilà qui survivrait dans l’esprit
d’Iori, et l’influencerait toute son existence.
    L’herbe ondoyait. Un petit
papillon gracile voleta de brin d’herbe en brin d’herbe, puis disparut.
    — Il approche, haletait Iori.
    Le bateau de Musashi approchait
lentement du récif. Il était presque dix heures juste.
    Ganryū se leva et descendit
sans hâte le tertre. Il salua les officiels, à sa droite et à sa gauche, et
foula sans bruit l’herbe jusqu’au rivage. On accédait à l’île par une espèce de
crique où les vagues devenaient des vaguelettes, puis de simples rides. Musashi
voyait le fond à travers l’eau bleue, transparente.
    — Où faut-il accoster ?
demanda Sasuke, qui avait ralenti son rythme et scrutait des yeux le rivage.
    — Allez tout droit, répondit
Musashi en
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher