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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere
Autoren: Eiji Yoshikawa
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cœur.
    — ... Où est Musashi, Otsūru ?
Lui as-tu donné son petit déjeuner ?
    — Oh ! oui. Il y a
longtemps. Après quoi, il s’est enfermé dans sa chambre.
    — Pour se préparer, je
suppose.
    — Non, pas encore.
    — Que fait-il ?
    — Il semble qu’il peigne un
tableau.
    — Maintenant ?
    — Oui.
    — Hum... Nous parlions peinture,
et je lui ai demandé s’il accepterait de peindre un tableau pour moi. Je
n’aurais pas dû, j’imagine.
    — Il a déclaré qu’il le
terminerait avant de partir. Il en peint un autre pour Sasuke.
    — Pour Sasuke ? répéta
en écho Tarōzaemon, incrédule, et dont la nervosité augmentait. Il ne sait
donc pas qu’il se fait tard ? Il faut voir tout le monde grouiller dans
les rues.
    — D’après l’expression de
Musashi, on croirait qu’il a oublié le combat.
    — Eh bien, ce n’est pas le
moment de peindre. Va le lui dire. Sois polie, mais fais-lui savoir que cela
peut attendre.
    — Pourquoi moi ? Je ne
pourrais pas...
    — Et pourquoi non ?
    Voilà qui confirmait ses soupçons
qu’elle était amoureuse. Père et fille communiquaient en silence, mais à la
perfection. En bougonnant gentiment : « ... Quelle enfant stupide !
Pourquoi pleures-tu ? », il se leva et se dirigea vers la chambre de
Musashi.
    Celui-ci était à genoux,
silencieux, comme en méditation, son pinceau et son encrier à côté de lui. Il
avait déjà fini une peinture : un héron sous un saule. Le papier qui se
trouvait maintenant devant lui était encore vierge. Il se demandait quoi
dessiner. Ou plutôt, il essayait en silence de se mettre dans l’état d’esprit
qu’il fallait, car c’était nécessaire avant de pouvoir se représenter le
tableau, ou de savoir quelle technique il emploierait.
    Il considérait le papier blanc
comme le grand univers de la non-existence. Un simple coup de pinceau y ferait
naître l’existence. Il pouvait évoquer la pluie ou le vent à volonté ;
mais quoi qu’il dessinât, son cœur subsisterait à jamais dans le tableau. Si
son cœur était corrompu, le tableau serait corrompu ; si son cœur était
agité, le tableau le serait aussi. S’il essayait de faire étalage de son
adresse, impossible de le cacher. Le corps humain s’efface, mais l’encre
survit. L’image de son cœur survivrait après que lui-même aurait disparu.
    Il se rendit compte que ses
pensées le retenaient. Il était sur le point d’entrer dans le monde de la
non-existence, de laisser son cœur parler seul, indépendamment de son ego,
libéré de la touche personnelle de sa main. Il essayait d’être vide, attendant
l’état sublime où son cœur s’exprimerait à l’unisson de l’univers.
    Les bruits de la rue
n’atteignaient pas sa chambre. Le combat du jour lui paraissait tout à fait
extérieur. Il n’était conscient que des frémissements des bambous dans le
jardin clos.
    — ... Puis-je vous
déranger ?
    Derrière lui, le shoji s’ouvrit
sans bruit, et Tarōzaemon jeta un coup d’œil à l’intérieur. Il paraissait
mal à propos d’intervenir, mais il se fit violence pour dire :
    — ... Je suis désolé de vous
déranger alors que vous semblez si heureux de travailler.
    — Ah ! je vous en prie,
entrez.
    — Il va être temps de partir.
    — Je sais.
    — Tout est prêt. Tout ce dont
vous aurez besoin se trouve dans la pièce voisine.
    — C’est fort aimable à vous.
    — Je vous en prie, ne vous
faites pas de souci au sujet des tableaux. Vous pourrez les finir au retour de
Funashima.
    — Oh ! ce n’est rien. Je
me sens très dispos, ce matin. C’est le bon moment pour peindre.
    — Mais vous devez penser à
l’heure.
    — Oui, je sais.
    — Dès que vous désirerez vous
préparer, n’hésitez pas à appeler. Nous attendons pour vous aider.
    — Merci beaucoup.
    Tarōzaemon s’apprêtait à
sortir, mais Musashi lui demanda :
    — ... A quelle heure est la
marée haute ?
    — En cette saison, la marée
est au plus bas entre six et huit heures du matin. Elle devrait remonter à peu
près maintenant.
    — Merci, répondit Musashi
d’un air absent, de nouveau attentif au papier blanc.
    Tarōzaemon ferma doucement le
shoji et regagna le salon. Il avait l’intention de s’asseoir pour attendre
tranquillement ; mais bientôt, ses nerfs prirent le dessus. Il se leva et
sortit à grands pas sur la véranda, d’où il voyait le courant traverser le
détroit. Sur la plage, l’eau montait
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