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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere
Autoren: Eiji Yoshikawa
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déjà.
    — Père...
    — Qu’y a-t-il ?
    — Il est temps pour lui de
partir. J’ai mis ses sandales à l’entrée du jardin.
    — Il n’est pas encore prêt.
    — Toujours en train de
peindre ?
    — Oui.
    — Je croyais que tu allais
l’interrompre afin qu’il se prépare.
    — Il sait quelle heure il
est.
    Un petit bateau accosta sur la
plage, à proximité, et Tarōzaemon entendit appeler son nom. C’était
Nuinosuke, qui demandait :
    — Musashi est parti ?
    Tarōzaemon ayant répondu que
non, Nuinosuke reprit rapidement :
    — Veuillez lui dire de se
préparer et de se mettre en route le plus tôt possible. Kojirō est déjà
parti, ainsi que le seigneur Hosokawa. Mon maître quitte à l’instant même
Kokura.
    — Je ferai de mon mieux.
    — Je vous en prie !
Peut-être que vous trouvez que je radote, mais nous voulons être sûrs qu’il ne
sera pas en retard.
    Et il s’éloigna, laissant le
courtier maritime et sa fille à leur propre impatience, sur la véranda. Ils
comptaient les secondes, et jetaient de temps à autre un coup d’œil en
direction de la petite chambre du fond, dont il ne provenait pas le moindre
son. Bientôt, un second bateau arriva, avec un messager de Funashima, envoyé
pour presser Musashi. Au bruit du shoji qui s’écartait, Musashi ouvrit les
yeux. Otsūru n’eut pas besoin d’annoncer sa présence. Lorsqu’elle lui parla
du bateau de Funashima, il acquiesça de la tête et sourit avec affabilité.
    — Je vois, dit-il, et il
quitta la pièce.
    Otsūru jeta un coup d’œil par
terre, là où il s’était assis. La feuille de papier était maintenant couverte
d’encre. Au premier regard, l’image avait l’air d’un nuage indistinct, mais la
jeune fille s’aperçut bientôt qu’il s’agissait d’un paysage. Il était encore
humide.
    — ... Veuillez donner cette
image à votre père ! cria Musashi par-dessus le bruit d’éclaboussement
d’eau. Et l’autre à Sasuke.
    — Merci. Vous n’auriez
vraiment pas dû faire cela.
    — Je regrette de n’avoir rien
de mieux à vous offrir après tout le mal que vous vous êtes donné, mais
j’espère que votre père l’acceptera comme souvenir.
    Otsūru répondit
gravement :
    — Ce soir, je vous en prie,
revenez vous asseoir auprès du feu avec mon père, comme vous l’avez fait hier
au soir.
    La jeune fille fut contente
d’entendre un froissement de vêtements dans la pièce voisine. Il s’habillait
enfin. Puis, nouveau silence, et elle entendit Musashi parler à son père. La
conversation fut très courte, uniquement quelques mots succincts. En traversant
la pièce voisine, Otsūru remarqua qu’il avait plié avec soin ses vieux
vêtements avant de les ranger dans un coffre. Un inexprimable sentiment de solitude
s’empara d’elle. Elle se baissa pour enfouir son visage dans le kimono encore
tiède.
    — Otsūru ! appela
son père. Que fais-tu ? Il part !
    — Oui, père.
    Elle s’essuya des doigts les joues
et les paupières, et courut le rejoindre. Musashi se trouvait déjà à la porte
du jardin, qu’il avait choisie afin de passer inaperçu. Le père, la fille,
quatre ou cinq autres personnes de la maison et de la boutique,
l’accompagnèrent jusqu’à cette porte. Otsūru se trouvait trop accablée
pour prononcer une parole. Quand les yeux de Musashi se tournèrent vers elle,
elle s’inclina comme les autres.
    — Adieu, dit Musashi.
    Il franchit la porte basse en
herbe tressée, la referma derrière lui et ajouta :
    — ... Prenez bien soin de
vous-mêmes.
    Quand ils relevèrent la tête, il
s’éloignait à grands pas. Ils eurent beau le fixer des yeux, il ne se retourna
pas. Otsūru disparut aussitôt. Quelques secondes plus tard, son père se
retira dans la maison.
    Le pin de Heike se dressait,
solitaire, à environ deux cents mètres de la plage. Musashi marcha vers lui,
l’esprit tout à fait en paix. Il avait mis toutes ses pensées dans l’encre
noire du paysage. Ça lui avait fait du bien de peindre, et il estimait avoir
réussi.
    Et maintenant, à Funashima. Il
partait calmement, comme pour un voyage quelconque. Il n’avait aucun moyen de
savoir s’il en reviendrait jamais, mais il avait cessé d’y penser. Des années
plus tôt, quand à l’âge de vingt-deux ans il s’était approché du pin parasol d’Ichijōji,
il était fort tendu, assombri par un sentiment de tragédie imminente. Il avait
empoigné son sabre solitaire avec une intense
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