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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere
Autoren: Eiji Yoshikawa
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arrivée aux chutes de Magome, nous étions tous les meilleurs amis
du monde. Depuis, Musashi ne dit plus un mot, et vous ne lui parlez pas non
plus. Qu’est-ce qui se passe ?
    Comme elle ne répondait pas, il
reprit :
    — ... Pourquoi donc est-ce
qu’il marche devant nous ? Pourquoi donc est-ce que nous couchons dans des
chambres séparées, maintenant ? Vous vous êtes disputés, ou quoi ?
    Otsū ne put se résoudre à lui
donner une réponse sincère, car elle avait été dans l’incapacité de s’en donner
une à elle-même. Est-ce que tous les hommes traitaient les femmes comme Musashi
l’avait fait, en essayant ouvertement de lui imposer son amour par la
force ? Et pourquoi l’avait-elle repoussé avec autant de véhémence ?
Sa détresse et sa confusion actuelles étaient, en un sens, plus pénibles que la
maladie dont elle ne s’était remise que récemment. La source d’amour qui
l’abreuvait depuis des années s’était soudain transformée en chute d’eau
furieuse.
    Le souvenir de l’autre chute d’eau
résonnait à ses oreilles, ainsi que son propre cri de détresse et la
protestation irritée de Musashi.
    Il lui arrivait de se demander
s’ils continueraient de la sorte éternellement, sans jamais se comprendre l’un
l’autre ; mais la raison pour laquelle elle traînait maintenant à sa
remorque, en tâchant de ne pas le perdre de vue, la frappait par son illogisme.
Ils avaient beau, par gêne, rester séparés et se parler rarement, Musashi ne
faisait pas mine de rompre sa promesse d’aller avec elle à Edo.
    Au Kōzengi, ils prirent une
autre route. Il y avait une barrière au sommet de la première colline.
Otsū avait ouï dire que depuis la bataille de Sekigahara, sur cette route,
des fonctionnaires gouvernementaux examinaient minutieusement les voyageurs, en
particulier les femmes. Pourtant, la lettre d’introduction du seigneur
Karasumaru fit merveille, et ils passèrent sans difficulté le contrôle. Comme
ils atteignaient le dernier des salons de thé à l’autre extrémité de la
barrière, Jōtarō demanda :
    — Otsū, que veut dire
« Fugen » ?
    — Fugen ?
    — Oui. Là-bas, devant un
salon de thé, un prêtre vous désignait du doigt en disant que vous aviez
« l’air de Fugen sur une vache ». Qu’est-ce que ça signifie ?
    — Je suppose qu’il voulait
parler du bodhisattva Fugen.
    — C’est le bodhisattva qui
monte un éléphant, n’est-ce pas ? Dans ce cas, je dois être le bodhisattva
Monju. Ils sont toujours ensemble.
    — Un Monju très glouton, à
mon avis.
    — Assez bon pour un Fugen
pleurnichard !
    — Ah ! tu trouves !
    — Pourquoi donc est-ce que Fugen
et Monju sont toujours ensemble ? Il ne s’agit pas d’un homme et d’une
femme.
    Intentionnellement ou non, il
frappait de nouveau près du but. Ayant beaucoup entendu parler de ces matières
alors qu’elle vivait au Shippōji, Otsū aurait pu donner à cette
question une réponse détaillée, mais elle se contenta de répliquer :
    — Monju représente la
sagesse ; Fugen, le comportement dévot.
    — Halte !
    La voix, celle de Matahachi,
venait de derrière eux. Ecœurée, Otsū pensa : « Le
lâche ! » Elle se retourna pour le considérer froidement. Matahachi
lui répondait par un regard furibond, ses sentiments plus embrouillés que
jamais. A Nakatsugawa, il s’était agi de jalousie pure, mais il avait continué
d’espionner Musashi et Otsū. Lorsqu’il vit qu’ils restaient séparés, il
interpréta cela comme une tentative pour tromper le monde, et s’imagina toutes
sortes d’agissements scandaleux quand ils se trouvaient seuls.
    — ... Descends !
ordonna-t-il.
    Otsū, incapable de dire un
mot, regardait fixement la tête de la vache. Ses sentiments à l’égard de
Matahachi s’étaient mués une fois pour toutes en haine et en mépris.
    — ... Allons, femme,
descends !
    Bien qu’elle brûlât d’indignation,
elle répondit froidement :
    — Et pourquoi donc ? Je
n’ai rien à voir avec toi.
    — Vraiment ? gronda-t-il
d’un ton menaçant, en l’empoignant par la manche. Peut-être n’as-tu rien à voir
avec moi, mais moi, j’ai à voir avec toi. Descends !
    Jōtarō lâcha la corde et
cria :
    — Laissez-la
tranquille ! Si elle ne veut pas descendre, pourquoi le ferait-elle ?
    Et il repoussa des poings la
poitrine de Matahachi.
    — Pour qui te prends-tu,
espèce de petit coquin ?
    Déséquilibré, Matahachi
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