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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere
Autoren: Eiji Yoshikawa
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courant de questions d’affaires, mais le marchand l’interrompit en secouant
la tête comme pour chasser un moustique.
    — Ce que je veux savoir,
c’est si quelqu’un est venu ici à la recherche de Musashi.
    — A la vérité, quelqu’un est
déjà venu ici ce matin.
    — Le messager de Nagaoka
Sado ? Je suis au courant. Personne d’autre ?
    Le directeur se gratta le menton.
    — Mon Dieu, je ne l’ai pas vu
moi-même, mais on m’a dit qu’un homme sale, aux yeux perçants, était venu hier
soir. Il portait un long gourdin de chêne, et a demandé à voir « Musashi Sensei  ».
On a eu du mal à s’en débarrasser.
    — Quelqu’un a bavardé. Et
après que j’aie dit combien il importait de se taire sur la présence ici de
Musashi.
    — Je sais. Je le leur ai dit
moi aussi, en termes non équivoques. Mais on ne peut rien obtenir des jeunes.
Avoir ici Musashi leur donne un sentiment d’importance.
    — Comment vous êtes-vous
débarrassés de l’homme ?
    — Sōbei lui a répondu
qu’il se trompait, que Musashi n’était jamais venu ici. Il a fini par s’en
aller, convaincu ou non. Sōbei a remarqué que deux ou trois personnes
l’attendaient au-dehors, dont une femme.
    Sasuke arriva en courant de la
jetée.
    — Vous me demandez,
monsieur ?
    — Oui. Je voulais m’assurer
que tu étais prêt. C’est très important, tu sais.
    — Je m’en rends compte,
monsieur. Je suis debout depuis avant le lever du soleil. Je me suis lavé à
l’eau froide, et j’ai mis une ceinture neuve en coton blanc.
    — Bon. Le bateau est prêt,
tout est comme je te l’avais demandé hier au soir ?
    — Mon Dieu, il n’y avait pas
grand-chose à faire. J’ai choisi le plus rapide et le plus propre des bateaux,
j’ai répandu du sel pour le purifier, et l’ai récuré de fond en comble. Je suis
prêt à partir aussitôt que Musashi le sera.
    — Où donc est le
bateau ?
    — Sur le rivage, avec les
autres bateaux.
    Tarōzaemon, après un moment
de réflexion, déclara :
    — Nous ferions mieux de le
changer de place. Trop de gens remarqueront le départ de Musashi. Il ne le veut
pas. Mène le bateau près du grand pin, celui que l’on nomme le pin de Heike.
Presque personne ne va par là.
    — Bien, monsieur.
    La boutique, très active en
général, était à peu près déserte. Plein de nervosité, Tarōzaemon sortit
dans la rue. Là et à Moji, sur la rive opposée, les gens prenaient le jour de
congé : hommes qui semblaient être des samouraïs venus des fiefs environnants,
rōnins, érudits confucéens, forgerons, armuriers, fabricants de laque,
prêtres, bourgeois de tout poil, quelques paysans des campagnes voisines.
Femmes parfumées, voilées, en large chapeau de voyage. Epouses de pêcheurs aux
enfants sur le dos ou accrochés à leurs mains. Ils se dirigeaient tous dans le
même sens, essayant vainement de se rapprocher de l’île, bien qu’il n’y eût
aucune position avantageuse d’où l’on pût rien voir de plus petit qu’un arbre.
    « Je comprends ce que Musashi
veut dire », pensait Tarōzaemon. Etre harcelé par cette foule de
badauds pour qui le combat n’était qu’un spectacle serait insupportable.
    De retour chez lui, il trouva
toute la maison d’une méticuleuse propreté. Dans la pièce qui donnait sur la
plage, des reflets de vagues marbraient le plafond.
    — Où donc étais-tu,
père ? Je te cherchais, dit Otsūru en apportant le thé.
    — Rien d’important,
répondit-il, levant sa tasse et la contemplant d’un air pensif.
    Otsūru venait passer un
moment avec son père bien-aimé. Par hasard, en faisant la traversée de Sakai à
bord du même vaisseau que Musashi, elle avait découvert que tous deux étaient
liés à Iori. Quand Musashi vint saluer Tarōzaemon et le remercier d’avoir
pris soin du garçon, le marchand avait insisté pour que Musashi séjournât sous
son toit, et chargé Otsūru de s’occuper de lui.
    La veille au soir, tandis que
Musashi s’entretenait avec son hôte, Otsūru, assise dans la pièce voisine,
cousait la ceinture neuve qu’il avait dit vouloir pour le jour du combat. Elle
avait déjà préparé un nouveau kimono noir ; elle pourrait en un instant
enlever le bâti qui maintiendrait les manches et les pans bien pliés jusqu’au
dernier moment.
    Il traversa l’esprit de Tarōzaemon
qu’Otsūru risquait de tomber amoureuse de Musashi. Elle avait une
expression soucieuse, et quelque chose de grave sur le
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