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La Guerre Du Feu

La Guerre Du Feu

Titel: La Guerre Du Feu
Autoren: J.H. Rosny aîné
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Faouhm aurait péri pendant la semaine où sa blessure le tint couché au fond d’une caverne, épuisé par la perte du sang. Le Feu ne lui semblait pas aussi indispensable qu’aux autres. Elle le désirait pourtant avec passion et, au début des nuits, elle se demandait si c’était Aghoo ou Naoh qui le rapporterait. Elle était prête à se soumettre, le respect du plus fort étant dans les profondeurs de sa chair ; elle ne concevait même pas qu’elle pût refuser d’être la femme du vainqueur, mais elle savait qu’avec Aghoo la vie serait plus dure.
    Or un soir approcha qui s’annonçait redoutable. Le vent avait chassé les nuages. Il passait sur les herbes flétries et sur les arbres noirs, avec un long hurlement. Un soleil rouge, aussi large que la colline dressée au couchant, éclairait encore le site. Et, dans le crépuscule qui allait se perdre au fond des temps innombrables, la horde s’assemblait avec un grand frisson. Elle était faible, elle était morne. Quand reviendraient les jours où la flamme grondait en mangeant les bûches ! Alors une odeur de chair rôtie montait dans le crépuscule, une joie chaude entrait dans les torses, les loups rôdaient lamentables, l’ours, le lion et le léopard s’éloignaient de cette vie étincelante.
    Le soleil sombra ; sur l’occident nu, la lumière mourut sans éclat. Et les bêtes qui vivent de l’ombre commençaient à rôder sur la terre.
    Le vieux Goûn, dont la misère avait accru l’âge de plusieurs années, poussa un gémissement sinistre :
    – Goûn a vu ses fils, et les fils de ses fils. Jamais le Feu n’avait été absent parmi les Oulhamr. Voilà qu’il n’y a plus de Feu... et Goûn mourra sans l’avoir revu.
    Le creux du roc où s’abritait la tribu était presque une caverne. Par un temps doux, c’eût été un bon abri ; mais la bise flagellait les poitrines.
    Goûn dit encore :
    – Les loups et les chiens deviendront chaque soir plus hardis.
    Il montrait les silhouettes furtives qui se multipliaient avec la chute des ténèbres. Les hurlements se faisaient plus longs et plus menaçants ; la nuit versait continuellement ses bêtes faméliques. Seules les dernières lueurs crépusculaires les tenaient encore éloignées. Les veilleurs, inquiets, marchaient dans l’air dur, sous les étoiles froides...
    Brusquement, l’un d’eux s’arrêta et tendit la tête. Deux autres l’imitèrent.
    Puis le premier déclara :
    – Il y a des hommes dans la plaine !
    Un tremblement passa sur la horde. Il y en avait chez qui dominait la crainte ; l’espérance enflait la poitrine des autres. Faouhm, se souvenant qu’il était encore chef, se leva de la fissure où il reposait.
    – Que tous les guerriers apprêtent leurs armes ! commanda-t-il.
    Dans cette heure équivoque, les Oulhamr obéirent en silence. Le chef ajouta :
    – Que Hoûm prenne trois jeunes hommes et qu’il aille épier ceux qui viennent.
    Hoûm hésita, mécontent de recevoir les ordres d’un homme qui avait perdu la force de son bras. Mais le vieux Goûn intervint :
    – Hoûm a les yeux du léopard, l’oreille du loup et le flair du chien. Il saura si ceux qui approchent sont des ennemis ou des Oulhamr.
    Alors, Hoûm et trois jeunes hommes se mirent en route. À mesure qu’ils avançaient, les fauves s’assemblèrent sur leurs traces. Ils devinrent invisibles. Longtemps la horde attendit, misérable. Enfin, une longue clameur fendit les ténèbres.
    Faouhm, bondissant sur la plaine, clama :
    – Ceux qui viennent sont des Oulhamr !
    Une émotion terrible perça les cœurs, les petits enfants même se levaient ; Goûn parla sa pensée et celle des autres :
    – Est-ce Aghoo et ses frères... ou Naoh, Nam et Gaw ?
    De nouveaux cris roulèrent sous les étoiles.
    – C’est le fils du Léopard ! murmura Faouhm, avec une joie sourde.
    Car il redoutait la férocité d’Aghoo.
    Mais la plupart ne songeaient qu’au Feu. Si Naoh le ramenait, ils étaient prêts à se courber devant lui ; s’il ne le ramenait pas, la haine et le mépris s’élèveraient contre sa faiblesse.
    Cependant, une troupe de loups se rabattait vers la horde. Le crépuscule était mort. La dernière traînée écarlate venait de s’éteindre, les étoiles étincelaient dans un firmament de glace : ah ! voir croître la chaude bête rouge, la sentir palpiter sur les poitrines et les membres !
    Enfin, Naoh fut en vue. Il arrivait tout noir sur la plaine grise
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