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La Guerre Du Feu

La Guerre Du Feu

Titel: La Guerre Du Feu
Autoren: J.H. Rosny aîné
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et Faouhm hurlait :
    – Le Feu !... Naoh apporte le Feu !
    Ce fut un vaste saisissement. Plusieurs s’arrêtèrent, comme frappés d’un coup de hache. D’autres bondirent avec un rauquement frénétique – et le Feu était là.
    Le fils du Léopard le tendait dans sa cage de pierre. C’était une petite lueur rouge, une vie humble et qu’un enfant aurait écrasée d’un coup de silex. Mais tous savaient la force immense qui allait jaillir de cette faiblesse. Haletants, muets, avec la peur de le voir s’évanouir, ils emplissaient leurs prunelles de son image...
    Puis ce fut une rumeur si haute que les loups et les chiens s’épouvantèrent. Toute la horde se pressait autour de Naoh, avec des gestes d’humilité, d’adoration et de joie convulsive.
    – Ne tuez pas le Feu ! cria le vieux Goûn, lorsque la clameur s’apaisa.
    Tous s’écartèrent. Naoh, Faouhm, Gammla, Nam, Gaw, le vieux Goûn formèrent un noyau dans la foule et marchèrent vers le rocher. La horde accumulait les herbes sèches, les rameaux, les branches. Quand le bûcher fut prêt, le fils du Léopard en approcha la lueur frêle. Elle s’empara d’abord de quelques brindilles ; avec un sifflement, elle se mit à mordre aux rameaux, puis, grondante, elle commença de dévorer les branches, tandis que, au bord des ténèbres refoulées, les loups et les chiens reculaient, saisis d’une crainte mystérieuse.
    Alors Naoh, parlant au grand Faouhm, demanda :
    – Le fils du Léopard n’a-t-il pas rempli sa promesse ? Et le chef des Oulhamr remplira-t-il la sienne ?
    Il désignait Gammla debout dans la clarté écarlate. Elle secoua sa grande chevelure. Palpitante d’orgueil, elle n’avait plus de crainte. Elle était dans cette admiration dont toute la horde enveloppait Naoh.
    – Gammla sera ta femme comme il a été promis, répondit presque humblement Faouhm.
    – Et Naoh commandera la horde ! déclara hardiment le vieux Goûn.
    Il disait ainsi, non pour mépriser le grand Faouhm, mais pour détruire des rivalités qu’il jugeait dangereuses. Dans ce moment où le Feu venait de renaître, personne n’oserait le contredire.
    Une approbation exaltée fit houler les mains et les visages. Mais Naoh ne voyait que Gammla : la grande chevelure, la vie des yeux frais parlaient le langage de la race ; une indulgence profonde s’élevait dans son cœur pour l’homme qui allait la lui remettre. Pourtant, il comprenait qu’un chef au bras débile ne pouvait commander seul aux Oulhamr. Et il s’écria :
    – Naoh et Faouhm dirigeront la horde !
    Dans leur surprise, tous se turent, tandis que, pour la première fois, Faouhm au cœur féroce se sentait envahir d’une confuse tendresse pour un homme non issu de ses sœurs.
    Cependant, le vieux Goûn, de beaucoup le plus curieux des Oulhamr, souhaitait connaître les aventures des trois guerriers. Elles tressaillaient dans le cerveau de Naoh, aussi neuves que s’il les avait vécues la veille. En ce temps, les mots étaient rares, leurs liens faibles, leur force d’évocation courte, brusque et intense. Le grand Nomade parla de l’ours gris, du lion géant et de la tigresse, des Dévoreurs d’Hommes, des mammouths, des Nains Rouges, des Hommes-sans-épaules, des Hommes-au-poil-bleu et de l’ours des cavernes. Pourtant, il omit, par défiance et par ruse, de dévoiler le secret des pierres à feu, que lui avaient enseigné les Wah.
    Le rugissement des flammes approuvait le récit ; Nam et Gaw, par des gestes rudes, soulignaient chaque épisode. Comme c’était le discours du vainqueur, il pénétrait au plus profond, il faisait haleter les poitrines.
    Et Goûn clama :
    – Il n’y a pas eu de guerrier comparable à Naoh parmi nos pères... et il n’y en aura point parmi nos enfants, ni les enfants de nos enfants !
    Enfin, Naoh prononça le nom d’Aghoo ; les torses frissonnèrent comme des arbres dans la tempête. Car tous craignaient le fils de l’Aurochs.
    – Quand le fils du Léopard a-t-il revu Aghoo ? interrompit Faouhm avec un regard de méfiance vers les ténèbres.
    – Une nuit et une nuit se sont passées, répondit le guerrier. Les fils de l’Aurochs ont traversé la rivière. Ils ont paru devant le roc où se tenaient Naoh, Nam et Gaw... Naoh les a combattus !
    Alors, ce fut un silence où s’éteignaient même les souffles. On n’entendait que le Feu, la bise et le cri lointain d’un fauve.
    – Et Naoh les a terrassés ! déclara
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