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La Gloire Et Les Périls

La Gloire Et Les Périls

Titel: La Gloire Et Les Périls
Autoren: Robert Merle
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malheureux sont au bout du rouleau, et tout
désormais va se dérouler selon une loi quasi mathématique, la cause produisant
l’effet, et l’effet devenant cause, un second effet s’enchaîne sur le premier.
La démarche de Lord Montagu a amené les capitaines rochelais servant dans la
flotte anglaise à demander leur soumission. Et ces capitaines ayant prévenu de
leur initiative le maire Guiton, il est à prévoir que celui-ci, à la parfin,
fera de même.
    « Venez, Duc, l’heure est opportune, le lever de Sa
Majesté doit être terminé, ou sur le point de se terminer, et en nous hâtant
nous pourrons lui parler au bec à bec.
    Je trouvai ce «  nous » très récompensant
et, le cœur plein d’allégresse, je suivis le cardinal. Le château de La Sauzaie
n’est pas le Louvre, et le chemin jusqu’aux appartements du roi fut parcouru en
un clignement d’œil.
    Sa Majesté était assise sur son lit et se lavait les mains
dans une cuvette que lui tendait Berlinghen. Son visage était frais et reposé,
le mois d’octobre lui convenant à merveille, n’étant ni trop chaud ni trop froid
et, comble de félicité, la veille à Surgères, il avait fait bonne chasse.
    Surgères étant bien trop loin du camp, et son logis d’Aytré
ne lui plaisant guère, le roi avait demandé l’hospitalité au cardinal. Je m’en
étais avisé dès mon entrant dans la cour de La Sauzaie, qui était occupée
moitié par ses mousquetaires et moitié par ceux du cardinal, voisinage qui ne
plaisait ni aux uns ni aux autres, comme bien l’on sait. Il y avait des deux
côtés dans les regards une telle dépense de déprisement, reçue et rendue, que
ces béjaunes se seraient allègrement coupé la gorge, si le duel n’avait pas été
puni de mort. Or, s’il était glorieux de mourir la pointe d’une épée en plein
dans le cœur, il était infâme, en revanche, d’être décollé sur l’échafaud
public. Dieu bon ! m’apensai-je, si jeunes ! si beaux ! et si
écervelés !
    S’étant essuyé les mains, Louis tendit sa dextre au baiser
du cardinal, puis à moi. Tout en posant sur ses doigts des lèvres
respectueuses, je ne laissai pas d’observer que cette fois il ne sentait pas le
jaune d’œuf. Ainsi, moi aussi, à l’égard du souverain que pourtant j’adorais,
j’avais, bien cachées, mes petites impertinences, tout comme Nicolas à mon
endroit.
    — Sire, dit le cardinal, l’objet de ma visite est
double. Primo, j’aimerais que vous consentiez à prendre connaissance de
ces feuillets, dans lesquels Monsieur le duc d’Orbieu relate ses entretiens
avec Sir Francis Kirby. Ils décrivent la situation présente de La Rochelle intra
muros. Secundo, j’aimerais vous rendre compte de l’entrevue que j’ai
accordée hier, en votre nom, aux capitaines rochelais servant dans la flotte
anglaise.
    — Voyons d’abord les feuillets, dit Louis.
    Il les lut beaucoup plus lentement que le cardinal, mais non
sans trahir stupeur, horreur, et tristesse.
    — Les pauvres gens ! dit-il à la parfin, quel prix
ils payent pour leur rébellion ! Et pourquoi donc n’ont-ils pas fait leur
soumission avant que leur ville agonise ?
    Le lecteur observera ici que le roi, étant fort pieux,
disait « pourquoi donc » et non « pourquoi diantre », comme
la plupart de ses sujets.
    — Monsieur le Cardinal, dit le roi, j’attends votre secundo.
    —  Hier, Sire, quasiment à la pique du jour, les
capitaines rochelais qui avaient mis leurs bateaux au service de la flotte anglaise
quirent de nous des passeports pour toucher terre et avec nous prendre langue.
Leurs délégués, les sieurs Gobert et Vincent, les obtinrent sans tant languir,
et passèrent en chaloupe du navire amiral de Lord Lindsey au navire amiral de
la flotte française. Là, le commandeur de Valençay les reçut fort bien à dîner
et les débarqua ensuite sur le continent où une de mes carrosses les amena
céans.
    — Et que proposaient-ils ? dit Louis.
    — Ils voulaient que La Rochelle reçût sa grâce
directement de leur roi au lieu de passer par le truchement d’un prince
étranger, duquel ils se plaignirent amèrement.
    — Que vela [82] une clairvoyance tardive ! dit
Louis.
    — En effet, Sire, ils prétendaient que les Rochelais
avaient encore devant eux trois mois de vivres : « Ou trois
jours », dis-je. C’est là que la négociation commença quelque peu à
grincer. Pour trancher le différend, je proposai que La Rochelle admît
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