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La Gloire Et Les Périls

La Gloire Et Les Périls

Titel: La Gloire Et Les Périls
Autoren: Robert Merle
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dans ses
murs des commissaires du roi pour acertainer les présentes ressources de la
ville.
    — Et bien entendu, ils noulurent ? dit le roi.
    — Tout à trac. Ils arguèrent que ce n’était guère
faisable, la plupart des Rochelais cachant férocement leurs vivres quand ils en
avaient.
    — Dans ce cas, dit Louis, comment pouvaient-ils savoir
que La Rochelle avait encore devant elle trois mois de vivres ?
    — C’est en effet, Sire, ce que je leur fis observer.
Néanmoins je leur promis que la proposition qu’ils avaient faite serait portée
à la connaissance de Votre Majesté.
    — Est-ce tout ?
    — Nenni, Sire. Avant que de départir, ils me firent
remarquer que les Rochelais n’avaient pas touché aux fleurs de lys de leurs
portes et de leurs murailles, preuves qu’elles étaient encore « empreintes
très avant dans leur cœur », et raison, sans doute, pour laquelle les
Anglais avaient été si tardifs et si languissants à les secourir.
    — Et que répondites-vous à cela, mon cousin ? dit
le roi.
    — Que le roi, leur seul légitime souverain, le savait,
et que c’était là la seule porte qui leur restait ouverte pour rentrer en
grâce.
    — Bien dit. Cependant, rien n’est sorti de cette
rencontre.
    — Parce que rien, Sire, n’en pouvait sortir, les
Rochelais extra muros de la flotte anglaise ne pouvant nous ouvrir les
portes des Rochelais intra muros. Mais dans l’enchaînement véritablement
admirable des faits, c’est le deuxième acte d’une tragédie dont le premier acte
fut la demande faite par Lord Montagu de rétablir la paix entre la France et
l’Angleterre. Dès lors, les Rochelais de la flotte anglaise s’apensèrent :
« Si les Anglais font la paix, pourquoi ne la ferions-nous
pas ? »
    — Ils y avaient d’évidence le plus grand intérêt, dit
Louis. S’ils ne rentraient pas en grâce, leurs bateaux seraient bannis de mes
ports et ils auraient perdu leur patrie.
    Ce mot « patrie », qui était inaccoutumé dans la
bouche d’un roi de France, me surprit, Louis semblant admettre qu’il y avait à
côté de lui-même une entité qui représentait le royaume. Richelieu, à mon
sentiment, n’en fut pas moins étonné, mais avec sa coutumière prudence il s’abstint
de poser le pied sur ce chemin douteux.
    — Si j’entends bien, reprit le roi, ce que vous dites
de l’enchaînement admirable des faits, l’exemple des Rochelais extra muros doit amener les Rochelais intra muros à demander la paix ?
    — J’en suis bien assuré, Sire, et d’autant plus que le
maire Guiton, ayant pâmé au culte, a dû cesser de se croire immortel.
    — Dans ces conditions, mon cousin, dit le roi, il
faudra dès demain, après les matines, réunir céans le Conseil, afin d’arrêter
notre politique à l’égard des Rochelais, dès lors qu’ils se seront soumis.
    Sa Majesté me donna alors mon congé et je retrouvai Nicolas,
Hörner et mon Accla qui, à me voir, hennit tendrement.
    Mon Nicolas avait la face rouge et toute chaffourrée de
colère, et ne pouvant lui parler au botte à botte, mon Accla, comme on sait, ne
souffrant pas le voisinage de son hongre, j’attendis d’être de retour à
Brézolles et d’avoir démonté pour quérir de lui le pourquoi de sa triste
figure.
    — Monseigneur, dit-il, nous vous attendions, Hörner et
moi, avec les chevaux dans la cour de La Sauzaie, quand deux mousquetaires du
roi nous ont daubés d’importance, Hörner et moi.
    — Qu’est cela ? Dauber le frère d’un de leurs
capitaines ?
    — C’était sans doute des mousquetaires de fraîche date.
Ils ne me connaissaient pas, pas plus que mon frère.
    — Ne leur as-tu pas dit qui tu étais ?
    — Nenni, Monseigneur, je n’ai pas voulu avoir l’air de
m’abriter derrière mon grand frère.
    — Et que vous ont dit ces outrecuidants ?
    — Le premier me demanda « à qui j’étais ».
    « — Au duc d’Orbieu, répondis-je.
    « — Le duc d’Orbieu ? dit-il. Je ne le
connais point.
    « Et le second ajouta :
    « — Ce duc doit être fort pauvre, pour réduire son
escorte à deux cavaliers.
    « À quoi le premier renchérit :
    « — S’il n’est pas pauvre, il est chiche-face et
rechigne à la dépense.
    « — Messieurs, dit alors Hörner en se rebecquant,
bien fol est celui qui parle à la volée d’un grand seigneur sans avoir l’heur
de le connaître.
    « Cela fut dit d’un ton si écrasant que les deux
coquebins se
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