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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse
Autoren: Louis Noir
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manquer d’énergie le domina si bien qu’ayant reçu le décret du 12 octobre il écrivit au Comité de Salut public, dans une lettre destinée à être communiquée à la Convention   : « La lecture de votre décret du 12 du présent mois nous a pénétrés d’admiration. Oui, il faut que Lyon perde son nom… De toutes les mesures grandes et vigoureuses que la Convention vient de prendre, une seule nous avait échappé, celle de la destruction totale. »
    Rien ne répondait moins qu’un pareil langage à la secrète pensée de Couthon, et la preuve, c’est qu’il n’y conforma nullement sa conduite. Plus d’une semaine s’écoula sans que rien n’annonçât de sa part l’intention d’exécuter les ordres de l’Assemblée. Il avait reçu, dès le 13 octobre, le décret rendu le 12, et ce fut le 26 seulement que le signal de la destruction fut donné par lui. Comme ses infirmités l’empêchaient de marcher, il se fit placer dans un fauteuil et porter devant l’un des édifices de la place Bellecour qu’il frappa d’un petit marteau d’argent en ayant soin de dire   : « La loi te frappe   ! » mot remarquable, à l’adresse des anarchistes et qui empruntait aux circonstances une signification particulière.
    Dans le cortège, figuraient quelques hommes armés de pioches et de leviers mais il ne leur fut pas enjoint, même alors, d’en faire usage, et la répugnance de Couthon à détruire le foyer de l’industrie française devint de jour en jour plus marquée. Tant de modération n’était pas faite pour plaire à tous ceux qu’animait un impatient et brutal esprit de vengeance   ; mais, si Couthon n’avait pas montré assez de courage dans ses lettres à la Convention, il en montra du moins et beaucoup dans chacun de ses actes. Informé que, non contente de déclamer contre les retards de la Commission de Justice, certains meneurs allaient jusqu’à se permettre des arrestations arbitraires, il signa et fit signer à ses collègues, Maignet, Laporte et Châteauneuf-Randon, un arrêté.
    Cet arrêté menaçait de peines terribles ceux qui commettraient des excès de zèle, et il invitait les citoyens à se plaindre hardiment des énergumènes qui les persécuteraient.
    Malheureusement, Couthon ne put maintenir sa situation à Lyon.
    Dubois-Crancé était à Paris, où il faisait retentir le Club des Jacobins de ses plaintes, et Couthon ne tarda pas à apprendre que, dans une séance du Club, le soupçonneux Collot-d’Herbois, parlant de l’évasion de Précy, s’était écrié ironiquement   : « Comment les Lyonnais ont-ils pu s’ouvrir un passage   ?… Ou les rebelles ont passé sur le corps des patriotes ou ceux-ci se sont dérangés pour les laisser passer. »
    Collot-d’Herbois ne nommait pas son collègue, mais l’attaque était suffisamment claire. Elle avertissait Couthon des accusations meurtrières qu’il allait s’attirer, pour peu qu’il hésitât à exécuter le décret du 12 octobre. Ne voulant pas se charger de cette responsabilité sanglante, il obtint qu’on la lui épargnât, et elle fut acceptée, le 30 octobre, par deux hommes bien faits pour se présenter aux Lyonnais comme les messagers de la mort   : Collot-d’Herbois et Fouché.
    Les plus terribles fléaux s’abattant sur Lyon eussent été moins redoutables que ces deux hommes.

Fouché et Collot-d’Herbois
    Les deux proconsuls qui arrivaient à Lyon partagèrent un moment leur pouvoir avec Albite, mais celui-ci fut bientôt écœuré et se retira.
    Des deux proconsuls, le plus féroce fut Collot-d’Herbois, le plus coupable fut Fouché.
    Celui-ci n’avait aucune conviction et devait se rallier à tous les gouvernements pour les trahir tous.
    Traître à la République, traître plus tard à l’Empire, plus tard encore traître à la Restauration elle-même.
    Lamartine l’a jugé ainsi   :
    « On connaissait, dit-il, Collot-d’Herbois   : vanité féroce qui ne voyait la gloire que dans l’excès et dont aucune raison ne modérait les emportements.
    « On ne connaissait pas Fouché   ; on le croyait fanatique, il n’était qu’habile.
    « Il n’avait vu dans la Révolution qu’une puissance à flatter et à exploiter.
    « Il se dévouait à la tyrannie du peuple, en attendant le moment de se dévouer à la tyrannie de quelque César.
    « Il flairait les temps.
    « Quant à Collot-d’Herbois, c’était un singulier mélange d’histrion, qui avait fait la parade dans
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