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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse
Autoren: Louis Noir
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évasion des quinze qui stupéfia Fouché et mit Collot-d’Herbois en rage, évasion que le baron Raverat raconte ainsi   :
    – De ces caves de l’Hôtel-de-Ville, deux corridors souterrains se dirigent le long des rues Lafont et Puits-Gaillot jusque dans la cour intérieure.
    C’est par le premier de ces corridors qu’eut lieu l’évasion de quinze condamnés qui devaient être exécutés le lendemain et qui, au milieu de la nuit, après avoir brisé des portes, déplacé des pierres de taille, réussirent à se soustraire à une mort certaine.
    Parmi les quinze se trouvait Saint-Giles.
    Il était sauvé.

Épilogue
    Saint-Giles avait consenti à s’évader quoiqu’il tînt fort peu à la vie pour lui-même   ; mais il avait appris que sœur Adrienne vivait   : il crut devoir profiter de la chance pour délivrer, si c’est possible, sa fiancée.
    Les fatalités de sa vie condamnaient Saint-Giles à subir un second amour, plus sauvage, plus ardent, plus jaloux, plus terrible que celui de la baronne qui avait pesé sur son passé récent   : la bohémienne l’aimait avec une fureur de louve   ; cet homme qui lui devait la vie, était à elle   : elle le surveillait avec une vigilance inouïe.
    Saint-Giles suivait la tribu sous un costume de bohémien   : il était à la merci de ces vagabonds. Toutefois, il avait gagné l’estime et l’affection de cette bande en faisant tomber la manne sous forme de gros sous et de petits écus sur ces nomades.
    Saint-Giles, dans toutes les petites villes où l’on passait, faisait, pour un écu, le portrait en croquis au crayon de qui voulait « se payer sa ressemblance à bon marché ».
    Il commençait par croquer gratis le maire et madame son épouse qui, bien réussis, toujours vantaient le talent du bohémien.
    On le demandait dans toutes les maisons riches, et il venait… flanqué de son inévitable compagne.
    Cela dura près d’un mois.
    Si l’on veut se rappeler qu’en ce temps-là on soupçonnait tout le monde, que vingt fois par jour on exigeait les passeports du voyageur   ; que le premier républicain venu s’arrogeait n’importe où le droit d’arrêter et de questionner un suspect   ; que la moindre dénonciation, la plus petite indiscrétion vous perdait, on comprendra que Saint-Giles, après avoir roulé cent projets de fuite dans sa tête, n’en trouva pas un de praticable.
    Enfin, un jour, il parvint à conduire la bande à Avignon.
    Là, il avait un oncle.
    Sous prétexte de remède, il avait acheté de l’opium   ; il parvint assez facilement à endormir toute la tribu, chiens compris.
    Pendant le sommeil des Bohémiens, il alla trouver son oncle et apprit une nouvelle qui le combla de joie   : Adrienne avait été enlevée par un de ses capitaines sur l’ordre de Dubois-Crancé, ramenée en France par cet officier du bataillon de la Croix-Rousse, et elle s’était réfugiée à Villefranche, au milieu de la famille d’orphelins à laquelle elle servait de sœur aînée.
    Quant à Ernest, il était parti pour l’armée de Toulon, et il avait gagné le grade de lieutenant en allant occuper le premier la batterie des « hommes sans peur » construite sous le feu de l’ennemi par Bonaparte.
    – Connaissez-vous dans la ville, demanda Saint-Giles, un jeune homme qui, réquisitionné pour l’armée de Toulon, serait heureux de me voir partir à sa place, la loi permet les substitutions en pareil cas.
    – Je chercherai   ! dit l’oncle.
    – Je suis à Avignon pour quinze jours au moins, dit Saint-Giles. Quand vous aurez trouvé, venez faire faire votre portrait, je saurai ce que cela veut dire.
    Et Saint-Giles regagna le camp des Bohémiens après avoir écrit à sa fiancée et prié son oncle de lui faire tenir la lettre.
    Le jeune homme à remplacer fut trouvé et Saint-Giles, grâce à l’opium, put un soir s’enfuir, s’équiper et partir pour Toulon en diligence.
    Il parvint à s’incorporer dans le bataillon de son frère et dans sa compagnie.
    Il monta avec Ernest à l’assaut du fort Lamalgue et il entra un des premiers dans la ville au moment où les flottes anglaise et espagnole quittaient le port après avoir incendié nos navires.
    Un grand nombre de malheureux compromis dans la grande trahison qui avait livré la ville aux ennemis ne purent s’embarquer à temps.
    Près de deux mille, restés sur les quais, furent pris.
    Parmi ces victimes qui malheureusement méritaient leur sort, se trouvait la
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