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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse
Autoren: Louis Noir
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troupes prêtes à en venir aux mains.
    « Cependant, M. de Beaumont fut rendu à son régiment et tout ne tarda pas à rentrer dans l’ordre.
    « Désormais, l’armée révolutionnaire de Ronsin fut seule chargée d’accompagner et d’achever les condamnés. Aussi, cette troupe indisciplinée vivait-elle fort mal avec les dragons. »
    Dans cette armée révolutionnaire de Ronsin, on avait incorporé le bataillon de la Croix-Rousse ou plutôt ce qui en restait.
    Outre qu’il était presque anéanti par la dernière victoire du cimetière qui lui avait coûté deux cents morts et beaucoup de blessés, il avait vu ses rangs s’éclaircir encore par le départ d’un grand nombre qui, Lyon pris, avaient considéré leur rôle comme fini et étaient rentrés chez eux.
    Il ne restait que les trois compagnies de Carmagnoles commandées par la Ficelle, Monte-à-Rebours et un autre capitaine.
    On fit entrer dans ces compagnies tous les hommes qui voulurent rester au service.
    Dans le principe, Couthon assigna à ce bataillon d’élite le poste d’honneur, la garde de l’Hôtel de Ville.
    Il constituait la réserve de l’armée révolutionnaire.
    À l’arrivée de Collot-d’Herbois et de Fouché, on lui maintint ce rôle, et il n’eut ni à perquisitionner ni à fusiller.
    Mais Ronsin, qui jalousait Saint-Giles, lui tendit un piège.
    Il se doutait bien que le jeune héros n’accepterait pas le rôle de massacreur.
    Il intrigua auprès de Collot-d’Herbois et obtint sans peine de celui-ci l’ordre de fournir des fusilleurs et de les conduire aux Brotteaux.
    Saint-Giles avait eu le malheur de faire paraître autrefois une caricature contre Collot-d’Herbois   : de là une rancune de ce comédien qui, selon le récit de Lamartine, était d’une vanité folle.
    La caricature était cependant inoffensive.
    Saint-Giles, pour toute réponse, envoya sa démission en annonçant qu’il allait entrer comme simple soldat dans un bataillon partant pour Toulon.
    Il signa sa lettre   : Saint-Giles, Soldat et point bourreau.
    Collot-d’Herbois répondit par un ordre d’arrestation.
    Saint-Giles fut incarcéré comme le colonel des dragons   ; mais les Carmagnoles, les seuls soldats du bataillon de Croix-Rousse qui restassent, étaient trop imbus des principes de Châlier, trop altérés de vengeance pour ne pas soutenir quand même les proconsuls.
    Ronsin, du reste, les harangua et gagna…
    Ils ne se révoltèrent pas comme les dragons et Saint-Giles resta en prison.
    Bientôt après il passa en jugement.
    Il y avait sept juges, mais cinq seulement firent leurs fonctions.
    Comme Saint-Giles était désigné et recommandé, sa condamnation était pour ainsi dire prononcée d’avance.
    À cette époque, l’uniformanie était poussée à l’extrême, tout le monde s’habillait en officier. Les juges avaient donc des épaulettes et un sabre.
    C’était grotesque et terrible.
    Quand Saint-Giles, au milieu d’une journée, parut devant ce tribunal de farceurs sinistres, il haussa les épaules avec mépris et répondit au président qui le questionnait   :
    – Je n’ai rien à dire à ton tribunal d’assassins. J’ai fait mon devoir de soldat, fais ton métier de pourvoyeur de la guillotine.
    Le président furieux consulta ses collègues du regard.
    Tous portèrent la main à leur front et il fit de même.
    C’était la condamnation à mort.
    – Les juges, dit le baron Raverat, usaient d’un certain moyen pour prononcer la sentence sans manifester à haute voix.
    Leur main étendue, ouverte sur le tapis de la table, désignait l’élargissement ou le renvoi à quelques jours. La main se portant au front indiquait la fusillade, elle envoyait à la guillotine quand elle touchait à la hache d’argent.
    Lorsque le geste avait indiqué le genre du jugement, le guichetier attentif frappait l’accusé sur l’épaule et lui disait brièvement   : « lève-toi et suis-moi. » Puis un autre guichetier, selon le prononcé du jugement, le conduisait dans la grande salle ou par la petite porte et le petit escalier, dans la salle des Petites-Archives   ; de là, dans le vestibule du rez-de-chaussée au pied de l’escalier en ovale, où on le remettait aux mains d’un geôlier qui l’entraînait par un escalier obscur jusque dans les caves, soit à gauche, dans la bonne cave, soit à droite, dans la mauvaise cave située à extrémité d’un long passage.
    Dans ce paysage, Saint-Giles vit une femme, une
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