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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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qui n’étaient pas les siens. Lorsque les grands furent définitivement abattus à l’époque de la fronde, il déposa les armes, ce qui prouve combien son rôle était secondaire.
    Enfin, après un siècle de soumission absolue, il reparut dans l’arène, mais pour son propre compte. Le passé ne se refait pas, et il n’était pas plus possible à la noblesse de se relever de sa défaite, qu’il ne l’est aujourd’hui à la monarchie absolue de se relever de la sienne. La cour devait avoir un autre antagoniste, car il en faut toujours un, la puissance ne manquant jamais de candidat. Le tiers-état dont l’accroissement, les richesses, la consistance et les lumières augmentaient chaque jour, était destiné à la combattre et à la déposséder. Le parlement ne formait pas une classe, mais un corps, et dans cette nouvelle lutte, il pouvait aider le déplacement de l’autorité, mais il ne pouvait pas l’arrêter à lui.
    La cour elle-même avait favorisé les progrès du tiers-état, et avait contribué au développement d’un de ses principaux moyens, les lumières. Le plus absolu des monarques aida le mouvement des esprits, et créa l’opinion publique sans le vouloir. En encourageant l’éloge, il prépara le blâme, car on ne peut pas provoquer l’examen en sa faveur, sans le subir ensuite à son détriment. Lorsque les chants furent épuisés, les discussions commencèrent, et les philosophes du dix-huitième siècle succédèrent aux littérateurs du dix-septième. Tout devint l’objet de leur recherche et de leurs réflexions   ; et les gouvernements, et la religion, et les lois, et les abus. Ils découvrirent les droits, exposèrent les besoins, signalèrent les injustices. Il se forma une opinion publique forte et éclairée, dont le gouvernement subit les atteintes, et n’osa pas étouffer la voix. Elle convertit ceux même qu’elle attaqua   : les courtisans par bon ton, le pouvoir par nécessité, se soumirent à ses décisions, et le siècle des réformes fut préparé par le siècle de la philosophie, comme celui-ci l’avait été par le siècle des beaux-arts.
    Tel était l’état de la France, lorsque Louis XVI monta sur le trône. Des finances que n’avaient pu restaurer ni le ministère réparateur du cardinal de Fleuri, ni le ministère banqueroutier de l’abbé Terray   ; un pouvoir déconsidéré, des parlements intraitables, une opinion publique impérieuse, voilà les difficultés dont le règne nouveau hérita des règnes précédents. De tous les princes, Louis XVI était celui qui, par ses intentions et ses vertus, convenait le mieux à son époque. On était lassé de l’arbitraire, et il était disposé à en abandonner l’emploi   : on était irrité des onéreuses dissolutions de la cour de Louis XV, et il avait des mœurs pures, et des besoins peu dispendieux   ; on réclamait des améliorations devenues indispensables, et il sentait les nécessités publiques, et mettait sa gloire à les satisfaire. Mais il était aussi difficile d’opérer le bien que de continuer le mal   ; car il fallait avoir la force de soumettre les privilégiés aux réformes, ou la nation aux abus, et Louis XVI n’était ni régénérateur ni despote. Il manquait de cette volonté souveraine, qui seule accomplit de grands changements dans les états, et qui est aussi nécessaire aux monarques qui veulent limiter leur puissance qu’à ceux qui veulent l’agrandir. Louis XVI avait l’esprit juste, le cœur droit et bon   ; mais il était sans détermination de caractère, et il n’avait aucune persévérance dans la conduite. Ses projets d’améliorations rencontrèrent des obstacles qu’il n’avait pas prévus, et qu’il ne sut pas vaincre. Aussi succomba-t-il par ses tentatives de réforme, comme un autre aurait succombé par ses refus. Son règne, jusqu’aux états-généraux, ne fut qu’une longue entreprise d’améliorations sans résultat.
    Le choix que fit Louis XVI, à son avènement au trône, de Maurepas pour premier ministre, contribua surtout à donner ce caractère d’irrésolution à son règne. Jeune, plein de l’idée de ses devoirs et de son insuffisance, il eut recours à l’expérience d’un vieillard qui avait été disgracié sous Louis XV pour son opposition aux maîtresses. Mais au lieu d’un sage, il ne rencontra qu’un courtisan, dont l’influence funeste s’étendit sur toute sa vie. Maurepas fut peu occupé du bien de la France, et de
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