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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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leur doit un concours au pouvoir. Aussi les emprunts amenèrent les comptes rendus   ; et les impôts, les états-généraux   : deux choses dont la première plaça l’autorité sous la juridiction de l’opinion, et la seconde sous celle du peuple.
    Mais Necker, quoiqu’il fût moins impatient de réformes que Turgot, quoiqu’il voulût racheter les abus que son devancier voulait détruire, ne fut pourtant pas plus heureux que lui. Sous le régime des privilèges particuliers et de l’asservissement général, tous les projets de bien public étaient impraticables. Ces divers ministres rencontrèrent d’invincibles obstacles, et ils quittèrent le pouvoir. Turgot avait mécontenté les courtisans par ses améliorations, déplu au parlement par l’abolition des corvées, alarmé le vieux ministre par l’ascendant que sa vertu lui donnait sur Louis XVI. Louis XVI l’abandonna tout en disant que Turgot et lui étaient les seuls qui voulussent le bien du peuple, tant est à plaindre la condition des rois   ! Necker, sans exciter d’aussi vifs regrets, éprouva le même sort. Ses économies avaient indisposé les courtisans, les travaux des assemblées provinciales avaient encouru la désapprobation des parlements qui voulaient garder pour eux le monopole de la résistance, et le premier ministre ne lui pardonnait pas une apparence de crédit.
    La mort de Maurepas suivit de près la retraite de Necker. La reine le remplaça auprès de Louis XVI, et elle hérita de toute son influence sur lui. Ce bon mais faible prince avait besoin d’être dirigé. Sa femme, jeune, belle, active, ambitieuse, prit beaucoup d’empire sur lui. Cependant on peut dire que la fille de Marie-Thérèse se souvint trop ou trop peu de sa mère   ; elle mêla la frivolité à la domination, et ne disposa du pouvoir que pour en investir des hommes qui causèrent la ruine de l’état et la sienne propre. Maurepas, qui se défiait des ministres courtisans, avait toujours choisi des ministres populaires   ; il est vrai qu’il ne les avait pas soutenus, mais si le bien ne s’était point opéré, le mal ne s’était pas accru. Après sa mort, les ministres courtisans succédèrent aux ministres populaires, et rendirent inévitable par leurs fautes la crise que les autres voulaient prévenir par leurs réformes. Cette différence dans les choix est très-remarquable, c’est elle qui amena, par le changement des hommes, le changement de système dans l’administration. La révolution date de cette époque   ; l’abandon des réformes et le retour des désordres hâtèrent son approche et augmentèrent sa fougue.
    Calonne fut appelé d’une intendance au contrôle général des finances. Ce ministère, le plus important de tous, devenait très-difficile à remplir. L’on avait déjà donné deux successeurs à Necker sans pouvoir le remplacer, lorsqu’on s’adressa à Calonne. Calonne était hardi, brillant, disert, d’un travail facile, d’un esprit léger et fécond. Soit erreur, soit calcul, il adopta en administration un système entièrement opposé à celui de son prédécesseur. Necker avait conseillé l’économie, Calonne vanta la prodigalité   ; Necker était tombé par les courtisans, Calonne voulut se maintenir par eux. Ses sophismes furent soutenus de ses largesses   ; il convainquit la reine avec des fêtes, les grands seigneurs avec des pensions   ; il donna beaucoup de mouvement aux finances pour faire croire à la justesse de ses vues par le nombre et la facilité de ses opérations   ; il séduisit jusqu’aux capitalistes, en se montrant d’abord exact dans ses paiements. Il continua les emprunts après la paix, et il épuisa le crédit que la sage conduite de Necker avait valu au gouvernement. Arrivé à ce point, privé d’une ressource dont il n’avait pas même su ménager l’emploi, pour prolonger la durée de son pouvoir, il fallut recourir aux impôts. Mais à qui s’adresser   ? Le peuple ne pouvait plus rien payer   ; les privilégiés ne voulaient rien offrir. Cependant il fallait se décider, et Calonne, espérant davantage de ce qui était nouveau, convoqua une assemblée des notables. Mais le recours à autrui devait être le terme d’un système fondé sur la prodigalité. Un ministre qui s’était élevé en donnant ne pouvait pas se soutenir en demandant.
    Les notables choisis par le gouvernement dans les hautes classes, formaient une assemblée ministérielle qui n’avait ni
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