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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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existence propre, ni mandat. Aussi était-ce pour éviter les parlements ou les états-généraux que Calonne s’était adressé à une assemblée plus subordonnée, et qu’il crut dès-lors plus docile. Mais composée de privilégiés, elle était peu disposée aux sacrifices. Elle le devint encore moins lorsqu’elle vit l’abîme qu’avait creusé une administration dévorante. Elle apprit avec effroi que les emprunts s’étaient élevés en peu d’années à un milliard six cent quarante-six millions, et qu’il existait dans le revenu un déficit annuel de cent quarante millions. Cette révélation fut le signal de la chute de Calonne. Il succomba, et il fut remplacé par l’archevêque de Toulouse, Brienne, son antagoniste dans l’assemblée. Celui-ci crut que la majorité des notables lui était dévouée, parce qu’elle s’était unie à lui pour combattre Calonne. Mais les privilégiés n’étaient pas plus portés à faire des sacrifices à Brienne qu’à son prédécesseur, ils avaient secondé ses attaques qui étaient dans leur intérêt, et non son ambition qui leur était étrangère.
    L’archevêque de Toulouse, auquel on a reproché d’avoir manqué de plan, ne pouvait pas en avoir. Il n’était pas permis de continuer les profusions de Calonne, il n’était plus temps de revenir aux réductions de Necker. L’économie qui, dans l’époque antérieure, était un moyen de salut, n’en était plus un dans celle-ci. Il fallait ou des impôts, et le parlement s’y opposait, ou des emprunts, et le crédit était épuisé, ou des sacrifices de la part des privilégiés, et ils ne voulaient pas en faire. Brienne, dont le ministère avait été le but de toute la vie, qui, aux difficultés de sa position, joignait la faiblesse de ses moyens, tenta de tout et ne réussit dans rien. C’était un esprit actif mais sans force, un caractère téméraire mais sans constance. Hardi avant l’exécution, mais faible après, il se perdit par ses irrésolutions, par ses imprévoyances, et par ses changements de moyens. Il n’avait que de mauvais partis à prendre, mais il ne sut pas se décider pour un seul et le suivre   ; ce fut son vrai tort.
    L’assemblée des notables se montra peu soumise et très-parcimonieuse. Après avoir approuvé l’établissement des assemblées provinciales, un règlement sur le commerce des blés, la suppression des corvées, et un nouvel impôt sur le timbre, elle se retira. Elle répandit dans toute la France ce qu’elle avait découvert des besoins du trône, des fautes des ministres, des dilapidations de la cour, et des misères irrémédiables du peuple. Brienne, privé de cette assistance, recourut aux impôts, comme à une ressource dont on avait, depuis quelque temps, abandonné l’usage. Il demanda l’enregistrement de deux édits, celui du timbre et celui de la subvention territoriale. Mais le parlement, qui était dans toute la force de sa vie, dans toute l’ardeur de son ambition, et à qui les embarras financiers du gouvernement offraient un moyen sûr d’accroître sa puissance, refusa l’enregistrement. Relégué à Troie, il se lassa de l’exil, et le ministre le rappela, à condition qu’il accepterait les édits. Mais ce n’était là qu’une suspension d’hostilités, les besoins de la couronne rendirent bientôt la lutte plus vive et plus acharnée. Le ministre avait de nouvelles demandes d’argent à faire   ; son existence était attachée à la réussite de plusieurs emprunts successifs jusqu’à la concurrence de quatre cent quarante millions. Il fallait en obtenir l’enregistrement.
    Brienne s’attendait à l’opposition du parlement. Il fit dès-lors enregistrer cet édit dans un lit de justice   ; et, pour adoucir la magistrature et l’opinion, dans la même séance, les protestants furent rétablis dans leurs droits, et Louis XVI promit la publication annuelle d’un compte de finances, et la convocation des états-généraux avant cinq ans. Mais ces concessions n’étaient déjà plus suffisantes, le parlement refusa l’enregistrement et s’éleva contre la tyrannie ministérielle. Quelques-uns de ses membres, et entre autres le duc d’Orléans, furent exilés. Le parlement, par un arrêt, protesta contre les lettres de cachet, et demanda le rappel de ses membres. L’arrêt fut cassé par le roi et confirmé par le parlement. La guerre s’engagea de plus en plus. La magistrature de Paris fut soutenue par toute
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