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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville
Autoren: Jean-Pierre Charland
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connaître, loin de tout ça.
    «Tout ça», c'étaient Blanche Girard, la peine d'amour, les menaces, le bordel. Il voulait avoir la chance de connaître Virginie dans un contexte totalement différent, loin de tous les fantômes habitant Québec, pour savoir quelle serait la meilleure décision.
    —    Tu ne crains pas de voyager avec moi ? Ta réputation ?
    Elle trouvait à la fois rassurant et inquiétant d'aborder enfin sa préoccupation des dernières semaines.
    —    Là où personne ne nous connaît, cela peut aller.
    —    Je porterais une alliance et tu me ferais passer pour ta femme ? Ou alors il faudrait prendre des chambres séparées, comme avec nos appartements ?
    —    Ce n'est pas un si mauvais arrangement.
    —    C'est vrai, admit-elle. Ce serait tout de même compliqué, tu aurais peur que l'on rencontre quelqu'un d'ici. Puis tu te demandes toujours si je suis la bonne personne.
    —    Que veux-tu dire ?
    Les yeux fermés, étendue contre lui dans un grand bain, son cœur battait pourtant la chamade.
    — L'avantage que j'ai sur toutes les femmes, c'est que tu me disais tout de toi, quand tu venais au Chat. J'ai été ta confidente. Va voir Elise Trudel. Quand tu reviendras, tu me parleras de nouveau de ton projet de voyage. Je te répondrai alors.
    La vraie difficulté était là. Virginie était prête à accepter le rôle de maîtresse, à la condition qu'il ne se demande pas dans trois mois s'il voyageait avec la bonne personne.
    Elle avait accepté tout de suite, malgré la surprise d'entendre sa voix. Quand il frappa à la porte de la grande maison de la rue Moncton, elle vint ouvrir elle-même. Comme le mois d'avril se révélait aussi beau que le mois de mars avait été mauvais, elle lui demanda de s'asseoir avec elle sur la galerie.
    —    J'aimerais mieux qu'il ne vous voie pas.
    Comme il levait les sourcils, elle expliqua :
    —    Vous ne le saviez pas ? Il a fait un infarctus. Il va se remettre, selon le médecin. Il vous accuse d'être la cause de tout.
    —Je ne comprends toujours pas. Qui a fait un infarctus, et de quoi suis-je responsable ?
    —    Mon père a fait un infarctus lors du mariage d'Henri. Il se remet assez bien, mais il devra laisser son ministère.
    La jeune femme marqua une pause, le temps de voir si quelqu'un les écoutait.
    —    Quant à ses reproches à votre sujet, Descôteaux lui a dit qu'Henri ne devait pas s'attendre à une circonscription sûre aux élections de 1928, comme il s'y était engagé dans le passé.
    —    Qu'est-ce que j'ai à voir là-dedans?
    —    Selon mon père, cela ferait partie de vos conditions pour vous taire.
    Elle connaissait toute l'histoire. Même s'il avait exprimé un avis en ce sens à Descôteaux, il se défendit:
    —    Je n'ai rien à voir dans les stratégies du premier ministre.
    Après tout, il n'avait pas vraiment «exigé» cela.
    —    Je vous crois. Mon père en viendra sans doute à cette conclusion aussi. Ce serait si mesquin, je ne crois pas que ce soit votre nature.
    Il eut un moment d'hésitation avant de dire :
    —    Vous savez tout, alors.
    —Je l'ai sans doute su avant vous. Il l'a dit à Helen, Helen s'est confiée à moi. Je vais dire quelque chose de méchant: il ne la mérite pas. Il ne pense qu'à lui. Il se trouve très malheureux, très malchanceux. En réalité, il s'est comporté très mal et il s'est entouré de personnes qui ne méritaient pas sa confiance.
    —    Que va-t-il faire ?
    —    Il se trouve à Montréal pour visiter la parenté de Helen. Ils vont repasser ici avant de se diriger vers Boston. Mon frère souhaite parfaire ses études de droit là-bas. Il a décidé de devenir riche. Helen rêvait de médecine, mais, avec un bébé au sein, je doute que ce soit en septembre prochain.
    Surtout, un séjour aux Etats-Unis lui permettrait de rompre tous les liens avec ses anciens amis.
    —    Et vous, demanda Renaud, qu'allez-vous faire ?
    Renaud regardait cette belle femme un peu fatiguée déjà.
    —    Je suis le dernier politicien du clan Trudel. Une nouvelle élection est imminente, je vais reprendre le collier. Si mon père va mieux, je me rendrai à Ottawa, pour travailler. D'après Ernest Lapointe, cela pourra se faire.
    —    Je vous le souhaite.
    —    N'ayez pas pitié de la vieille fille.
    Elle eut un rire amer et, pour la première fois depuis qu'il la connaissait, l'homme lui trouva un air de
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