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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville
Autoren: Jean-Pierre Charland
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se rendit au Château Frontenac pour téléphoner à Virginie. Mieux valait le faire d'une cabine téléphonique du grand hôtel et payer le prix de la communication au comptoir. Les appels effectués de chez lui pouvaient plus facilement être entendus, un lieu public lui procurait un certain anonymat.
    Il obtint rapidement la communication, demanda la jeune femme à l'employée au bout du fil. Celle-ci vint bientôt et s'enquit d'une voix anxieuse :
    —    Renaud, c'est toi ?
    —    C'est moi. Tu aimes ton petit hôtel ?
    Sa voix détendue lui fit comprendre que la situation s'était améliorée.
    —    Plein de vieilles dames. Elles se demandent bien ce que je fais seule, sans mes parents, dans la grande ville. Qu'est-ce qui se passe pour toi? As-tu parlé avec... celui qui me cherchait ?
    —    Tu n'as plus rien à craindre.
    Le ton était définitif.
    —    Qu'est-ce qui s'est passé ? Tout est arrangé, tu en es sûr ?
    —    Absolument. Le mieux est de ne plus aborder ce sujet. Surtout au téléphone.
    —    ... Je comprends. Je peux revenir, alors?
    Il y avait une nouvelle inquiétude dans sa voix.
    —    Oui. L'autre affaire me tracasse encore un peu, mais cela va se tasser bien vite. Peut-être serait-il prudent que tu restes là-bas encore quelques jours. Je te laisse décider.
    —    Je préfère revenir. Si cela te convient, évidemment.
    La même inquiétude perçait encore dans le ton.
    —    Cela me convient. J'ai très hâte de te revoir.
    —    Aujourd'hui ?
    —    Un train fait le trajet en fin de journée, j'ai vérifié tout à l'heure.
    —    Tu seras là ?
    —    Sans faute, je te le promets. À tout à l'heure.
    L'homme raccrocha le cornet de l'appareil, troublé au
    point de demeurer un instant dans la petite cabine. Entendre sa voix lui faisait mesurer combien elle lui manquait. Tout d'un coup, il se sentit terriblement seul. La vie sociale construite depuis l'été dernier s'effritait.
    Il reprit son travail en après-midi. Les recherches sur le Labrador étaient terminées, l'année universitaire s'achevait. Le professeur entendait bien boucler son cours. Quand le téléphone sonna à l'heure du souper, il hésita un moment avant de répondre. À sa grande surprise, il entendit la voix de Helen :
    —    Renaud, puis-je venir te voir, tout de suite ?
    —    Je... bien sûr. Je t'attends.
    Voilà la dernière personne qu'il attendait. Que pouvait elle bien vouloir? L'annonce de son mariage avait déjà été publiée dans les journaux. S'il se rappelait bien, cela devait avoir lieu en avril. Plutôt rapides, ces épousailles faisaient sans doute jaser dans les salons. La jeune femme arriva une dizaine de minutes plus tard, visiblement intimidée, sans son air frondeur habituel. Elle ne voulut pas enlever son manteau, prit place dans un fauteuil et chercha longuement ses mots. Finalement, elle risqua une question :
    —    Qu'est-ce que tu vas faire ?
    Renaud ouvrit de grands yeux. Voulait-elle s'informer de ses états d'âme face à son mariage prochain? Cela paraissait bien improbable.
    —    Que veux-tu savoir exactement ?
    —    Que vas-tu faire à propos du meurtre de Blanche Girard ?
    Elle avait dit ces mots d'une voix timide. Une inquiétude maladive semblait s'emparer d'elle maintenant, toute dissimulation devenait impossible.
    —    Henri n'a aucune responsabilité là-dedans, affirma-t-elle avec précipitation. Il m'a tout expliqué. Les tueurs sont sans doute morts. Dans la voiture...
    Donc, l'heureux fiancé s'était confié à sa future épouse. Avait-il vraiment tout avoué? Un peu cruellement, Renaud lui dit:
    —    Il n'est tout de même pas blanc comme neige. Disposer d'un cadavre, conspirer pour que la justice ne soit pas rendue...
    —    Que voulais-tu qu'il fasse? Ruiner toutes ces familles?
    —    Une jeune femme a été tuée. Cela compte moins à tes yeux que le confort de la famille Trudel ?
    Elle baissait les yeux, toute pâle.
    —    Il regrette de ne pas être allé à la police tout de suite. C'est vrai, je te jure... Ensuite, il n'a plus eu le courage. L'instinct de conservation a joué, sans doute. Je t'en prie, ne dis rien.
    Jusqu'où irait-elle pour le protéger ? Lui offrirait-elle de l'argent ? Son corps ? Elle portait l'une de ses petites robes un peu trop courtes, mais ses yeux enflés et rougis lui enlevaient beaucoup de son charme, ou lui en donnaient un autre.
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