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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville
Autoren: Jean-Pierre Charland
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Elle faisait moins fillette. Toute cette histoire devait la propulser un peu brutalement dans le monde des adultes. Tout d'un coup, une bouffée de sympathie monta en lui.
    —    Tu l'aimes tellement? demanda-t-il plus doucement, en s'inclinant vers l'avant, comme pour se rapprocher d'elle.
    —    Oui. Depuis l'été dernier, quand madame Trudel m'a invitée à La Malbaie. C'était tout juste après ces événements... Il paraissait à la fois si fort et si torturé...
    Elle s'arrêta, demeura coite un moment, puis précisa :
    —    Je suis enceinte.
    Cela ne paraissait pas. Henri l'ignorait encore, mais elle avait un mois de retard, lui expliqua-t-elle. Cette gamine n'en pouvait plus de s'inquiéter. Renaud murmura :
    —    Je ne compte pas faire de nouvelles victimes avec cette affaire. Je veux juste avoir la paix, me mettre à l'abri des ennuis. S'il m'arrivait quelque chose, la plus petite égratignure, Henri et tous ses gentils camarades plongeraient. Tu peux lui répéter exactement ce que je viens de te dire ?
    Elle fit signe que oui. Comme elle n'ajoutait plus rien, il regarda sa montre et se leva :
    —    Je m'excuse. Je dois aller chercher quelqu'un à la gare.
    Elle se laissa reconduire à la porte. Les yeux dans les siens,
    elle dit encore :
    —    Je te remercie, Renaud. Tu es généreux. Je n'ai jamais voulu te faire du mal...
    —    Si j'ai eu du mal, tu n'en es pas responsable. Tu répéteras bien mes paroles à Henri ?
    Elle l'embrassa sur la joue avec une certaine brusquerie, bredouilla un « merci » et sortit.
    Renaud arpenta le quai de la gare pendant de longues minutes. Le train avait juste un peu de retard, mais il se prit à imaginer les pires scénarios. La locomotive s'arrêta finalement près du quai. Virginie Sanfaçon descendit, un chapeau cloche enfoncé sur la tête, un manteau un peu plus long que la mode ne le demandait sur le dos, un sac de voyage à la main. Elle le chercha des yeux, il s'empressa de la rejoindre.
    La jeune femme se précipita dans ses bras avec empressement et se serra contre lui. Elle resta lovée suffisamment longtemps pour attirer des regards réprobateurs des autres passagers. L'homme la repoussa un peu.
    —    Tu as fait un bon voyage ?
    La question était banale, le ton l'était moins.
    —    Oui, quoique j'étais un peu inquiète.
    Elle le regardait attentivement. Elle vit le bleu au milieu de son front.
    —    Qu'est-ce que c'est? dit-elle en touchant l'endroit où Ovide Germain lui avait donné le premier coup, avec la crosse du revolver.
    —    Un souvenir de celui qui te cherchait. Il n'embêtera plus personne.
    Il avait dit ces mots très bas, à cause des voyageurs autour d'eux.
    —    Il est?...
    Elle n'osait pas continuer.
    —    Un accident, en quelque sorte. Ne parlons plus jamais de lui.
    Puis il ajouta sur un autre ton :
    —    Tu viens ?
    Auparavant, elle fouilla dans son sac, sortit l'enveloppe reçue au moment de son départ, la mit dans la poche intérieure de son paletot avant de continuer :
    —    J'aime mieux te rendre cela. Tout est là, ou presque. Il me manquait quelques vêtements, puis le coût de l'hôtel...
    Renaud prit son sac et ils quittèrent la gare. Vingt minutes plus tard, ils se trouvaient au Morency. Elle était allée directement à sa porte, lui continua un peu plus loin dans le corridor, jusqu'à un autre appartement. Elle le rejoignit, troublée, alors qu'il entrait dans un logis identique au sien.
    —J'ai loué cet endroit au nom de Virginie Sanfaçon, pour les six prochaines semaines.
    Il posa le sac de voyage sur le plancher, près de l'entrée, et la conduisit jusqu'au salon en lui tendant la fameuse enveloppe dont elle ne voulait pas.
    —    Demain, tu iras payer le concierge. Maintenant, il faut ressusciter Virginie. Elle ne peut vivre avec un célibataire sans ruiner sa réputation. Tu ouvriras un compte bancaire dans les environs, tu te feras voir dans les rues. Tu es la fille d'un commerçant important de Rimouski, tu as fait des études chez les Ursulines. Tu viens à Québec pour les raisons que tu inventeras. Bien sûr, je te laisse un double de la clé de mon appartement. J'espère prendre tous mes repas avec toi, et passer autant de nuits que tu le voudras en ta compagnie.
    En écoutant toutes ces directives, elle paraissait au bord des larmes.
    —    Mais dans six semaines ?
    Elle ne put formuler autrement ses préoccupations.
    —Je
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