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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia
Autoren: Sara Poole
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séparait les deux hommes était au moins aussi important que ce qui les unissait.
    Le Cardinal me scruta du regard.
    — Qu’es-tu en train de me dire ?
    Je le regardai, non pas lui mais à travers lui, et vis le sombre et tortueux labyrinthe dans lequel j’étais entrée depuis le jour où j’avais rencontré le prêtre fou et tenté de sonder ses intentions. D’une voix qui me semblait venir de très loin, je m’entendis parler.
    — Della Rovere veut être pape, mais il se contentera au besoin d’élire un homme qu’il peut contrôler. Morozzi, lui, souhaite seulement garantir l’élection d’un pape qu’il pourra convaincre de signer l’édit contre les juifs. Cela pourrait être n’importe qui – pas seulement della Rovere ou sa marionnette, n’importe qui sauf vous.
    — Je ne vois pas quelle différence cela fait. Les deux sont déterminés à contrarier mes projets.
    — Certes, mais vous-même avez dit que Morozzi n’était pas la créature de della Rovere. Pourtant, assurément, il lui a fait croire le contraire, sinon le cardinal ne l’aurait jamais emmené avec lui au conclave.
    Lorsque je prononçai ces mots, la dernière pièce tomba en place et le casse-tête s’ouvrit sous mes yeux surpris, révélant tous les éléments qui s’étaient dérobés à moi jusqu’à présent.
    Vite je fis volte-face, ne pensant plus à rien, sentant que chaque seconde comptait et redoutant qu’il ne soit déjà trop tard.

39
    B orgia me suivit. Il m’avoua par la suite avoir véritablement cru que j’avais perdu la raison, d’autant plus lorsque je fis irruption dans les appartements de della Rovere et repoussai violemment ses assistants. Les pauvres avaient ouvert la porte en m’entendant dire que j’apportais un message de la plus vitale importance. Une fois à l’intérieur je me précipitai vers la chambre, indifférente à mon chapeau qui voltigeait, et trouvai Son Éminence en train de déguster son dîner.
    — N’y touchez pas, criai-je – mais il était trop tard.
    Il était déjà en train de mâcher.
    — Crachez, lui ordonnai-je, et je l’aurais volontiers empoigné pour le forcer à m’obéir si l’un des secrétaires ne m’avait saisie à bras-le-corps, ne m’avait jetée sur le plancher et ne s’était assis sur moi.
    Je n’arrivais quasiment plus à respirer vu comment il m’écrasait la poitrine, mais je criai de toutes mes forces :
    — Morozzi n’a pas besoin de tuer Borgia ! Tout ce qu’il lui faut, c’est de faire en sorte qu’il ne soit pas élu !
    Della Rovere me regardait bouche bée. En dépit du morceau qu’il avait toujours dans sa bouche, il parvint à articuler :
    — Une femme ? C’est une femme !
    Doux Jésus, on aurait cru que les portes de l’Enfer s’étaient ouvertes et qu’un millier de démons s’en étaient déversés. Dans le tumulte qui suivit la révélation de mon sexe, je parvins à me remettre debout malgré la pluie de coups que je reçus, des assistants mais aussi de della Rovere, qui s’était levé exprès et mettait du cœur à l’ouvrage.
    Seul le beuglement d’indignation de Borgia, lorsqu’il parvint à se frayer un passage, les calma quelque peu. Il m’arracha d’un coup sec à cette rixe (il n’y a pas d’autre terme), me mit en sécurité derrière lui et affronta son rival honni. Le rouge lui montant aux joues, il tança vertement della Rovere.
    — Ne l’as-tu pas entendue, espèce de sot ? Nous savons tous pourquoi tu as amené Morozzi ici, mais il n’est pas ta créature, il ne l’a jamais été. Il n’a pas réussi à m’atteindre, mais ça lui est égal car il lui suffit de t’atteindre, toi !
    Della Rovere ouvrit la bouche, sans aucun doute pour lui faire une réponse cinglante, mais aucun son n’en sortit. Ses yeux s’agrandirent démesurément et il porta une main à la gorge. Un regard de terreur pure le submergea, puis il se mit à convulser.
    Si mon arrivée avait causé le trouble, la confusion était à présent à son comble. Les deux secrétaires de Borgia nous avaient suivis ; avec les deux assistants de della Rovere, nous étions sept dans la pièce. De nous tous, seuls Borgia et moi avions gardé la tête froide, et de nous deux, j’étais la seule à avoir une quelconque idée de ce qu’il fallait faire à présent.
    — Mettez-le à terre, ordonnai-je, et après un instant de flottement, je fus obéie.
    La catastrophe qui se déroulait sous nos yeux éclipsait tout le
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