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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia
Autoren: Sara Poole
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courut qu’elles étaient dans l’impasse. J’imaginais dans quel état devait se trouver la foule rassemblée pendant tout ce temps-là sur la place, dans l’attente de la nouvelle qui allait déclencher (ou pas) le chaos.
    Avec toutes ces allées et venues dans la suite d’Il Cardinale, je ne fermai pas l’œil de la nuit. Tôt le lendemain matin, j’allai chercher le pain frais envoyé par les cuisines du Vatican, l’ayant testé la veille pour m’assurer qu’il serait au goût de Borgia. Son Éminence avait le palais fin. J’en choisis plusieurs au hasard, espérant ainsi minimiser les risques, si d’aventure on avait eu l’idée de les empoisonner, qu’un malheur survienne – à lui comme à moi.
    Je ramassai en même temps la lettre qu’une main anonyme glissa par la fente de la porte. Comme je l’avais prévu, Il Cardinale s’était arrangé pour continuer à communiquer avec le monde extérieur depuis le conclave. Le contraire m’eût déçue.
    J’allai repartir lorsque je m’arrêtai net, mon cœur battant soudain la chamade. Une vague odeur de camphre et d’agrumes flottait dans l’air. En me retournant, je parvins tout juste à étouffer un cri. Morozzi se tenait juste derrière moi.
    L’ange à la chevelure dorée avait l’air de se porter comme un charme, ne paraissant pas le moins du monde affecté par son échec cuisant à la basilique. Il m’avait reconnue, cela ne faisait pas l’ombre d’un doute. L’espace d’un instant je craignis qu’il aille me dénoncer, mais il se contenta simplement d’incliner la tête et d’accrocher un sourire agréable à ses lèvres.
    — Avez-vous eu l’occasion de goûter le pain ? s’enquit-il. Il est étonnamment bon.
    Quiconque serait passé par là en cet instant aurait pris son amabilité envers un simple page pour un bel exemple de charité chrétienne. Mais je n’étais pas dupe.
    — Soyez assuré que je vais le faire, lui rétorquai-je avec raideur. Il en va de même pour tout ce qui est destiné au Cardinal.
    — Comme c’est responsable de votre part. J’espère qu’il apprécie les risques que vous prenez pour lui.
    Souriant toujours, il se pencha en avant et me dit sur le ton de la confidence :
    — J’ai entendu dire que son empoisonneuse était une juive possédée par les démons. Si j’étais Borgia, c’est elle dont je me méfierais par-dessus tout.
    Tout en parlant il tira mon médaillon de sous sa soutane, de manière à ce que moi seule, parmi tous les assistants qui vaquaient à leurs occupations autour de nous, le voie.
    L’instant d’après, il le faisait disparaître comme il était venu, en le replaçant près de ce qui aurait dû être son cœur.
    Je sentis la nausée me monter à la gorge. Je m’éloignai d’un pas chancelant, espérant en dépit de tout avoir réussi à dissimuler ma peur mais ne sachant que trop bien, au fond de moi, que c’était tout le contraire.
    Mes mains en tremblaient encore lorsque j’apportai à Borgia sa collation du matin et la lettre.
    Tout en la décachetant et en la dépliant, il leva les yeux vers moi.
    — Quelque chose ne va pas ?
    — J’ai fait une rencontre désagréable. Morozzi.
    Il hocha la tête mais ne dit rien, tournant son attention vers la missive. Au bout d’un moment, il annonça :
    — César exprime son entière confiance en toi s’agissant de ma sécurité.
    — Se porte-t-il bien ? demandai-je d’un ton aussi neutre que possible.
    — Apparemment, oui. Les hommes de della Rovere ont appris à leurs dépens que Sienne n’était pas une ville très accueillante. Tout le monde refuse de leur parler.
    Cela ne me surprit guère car, comme César l’avait dit lui-même, il était très bon pour faire peur aux gens. Toutefois, il y avait le revers de la médaille à considérer.
    — Si della Rovere échoue à convaincre les autres cardinaux de ne pas vous élire pape à cause de vos transactions avec les juifs, il ne lui restera plus qu’une seule option.
    Borgia termina la lecture de la lettre et acquiesça.
    — Il devra laisser Morozzi me tuer.
    Pour un homme qui était à deux doigts de mourir, je le trouvais remarquablement calme.
    J’étais quant à moi considérablement plus à bout que lui :
    — Le prêtre fou est ici, il est en possession d’un poison et il a été on ne peut plus clair sur ses intentions de passer à l’acte !
    Pire, il m’avait narguée en me montrant le losange.
    — Je n’en doute pas une seconde. La
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