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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia
Autoren: Sara Poole
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responsabilité engendrée par l’élection d’un nouveau pape. Borgia étant investi du pouvoir de désigner celui qui allait s’acquitter de cette tâche, tout le monde tendit le cou pour voir qui il avait choisi d’honorer. Lorsque l’ambassadeur espagnol, un compatriote d’Il Cardinale, se leva pour monter sur l’estrade, un frisson parcourut l’assemblée.
    Le discours de l’ambassadeur ne déçut pas. Sans détour, il exhorta les cardinaux à mettre de côté toute considération personnelle, ambition, rivalité, ou mauvaise volonté, afin d’élire l’homme le plus à même, par son tempérament et son talent, à guider notre Mère la sainte Église. L’opposition éminemment personnelle de della Rovere à Borgia n’étant un secret pour personne, tout le monde comprit à qui ses admonestations étaient destinées.
    Enfin nous en eûmes terminé, et nous fûmes autorisés à nous relever pour chanter le Te Deum. À la fin, tous ceux qui ne devaient pas rester à l’intérieur du conclave sortirent. Nous entendîmes les lourdes portes en bois être rabattues, puis le cliquetis des chaînes apposées sur les poignées pour plus de sécurité.
    C’était fait, nous étions enfermés – vingt-trois cardinaux, près de soixante-dix assistants, un homme fou déterminé à commettre un meurtre, et moi-même.
    Et nous allions rester là jusqu’à ce que la volonté de Dieu soit faite.

38
    A près la grandiose cérémonie d’ouverture, le reste de cette première journée de conclave fut consacré aux menus détails d’un accord limitant le nombre de cardinaux que le nouveau pape aurait le droit de nommer au cours de son règne. Ce fut en tout point aussi assommant que la description que je viens d’en faire.
    Je décidai donc qu’il était grand temps de m’occuper de notre installation. On avait annoncé qu’une sorte de dortoir avait été installé pour loger les cardinaux dans des conditions « spartiates » pendant leurs délibérations. Il semblerait que tout le monde n’ait pas la même définition de ce mot.
    Ainsi que Vittoro et moi l’avions vu lors de notre précédente visite à la chapelle Sixtine, la grande salle adjacente avait été transformée en appartements privés. Chacun comprenait trois pièces, la première permettant d’entrer ou de sortir de l’appartement, par une porte que l’on pouvait verrouiller au besoin. C’est là que les assistants dormiraient. La deuxième était une chambre plus grande et élégante, dans laquelle le Cardinal mangerait, dormirait, prierait (à supposer que le cœur lui en dise) et, plus important, aurait ses rendez-vous privés. Bien plus petite mais contiguë à la précédente, la troisième pièce servirait à ce que les visiteurs aillent et viennent en toute discrétion. Je me l’appropriai.
    J’aurais été encline à le faire de toute façon ; mais cela devint totalement impératif lorsque, quelques heures après le début du conclave, je découvris que mon badinage amoureux avec César n’avait pas porté ses fruits. Fort heureusement, j’avais eu la bonne idée de parer à cette éventualité en emportant avec moi tout le linge nécessaire. Mais pour être tout à fait honnête, j’avoue que le désagrément invariablement subi par les femmes dans ces cas-là ne fit rien pour égayer mon humeur.
    Malgré ma préoccupation de tous les instants concernant Morozzi (où il était, ce qu’il comptait faire), certaines questions plus triviales ne pouvaient être ignorées. Borgia était attendu en entretien une grande partie de la journée, mais il finirait par se retirer dans ses quartiers et à ce moment-là, il voudrait se restaurer. Une nourriture simple, conçue pour évoquer un sentiment d’humilité à celui qui la mangerait, était envoyée des cuisines du Vatican – du pain, un peu de poisson, un potage aux lentilles, le tout glissé à travers une fente dans l’une des portes. Les quelques rares cardinaux réputés pour leur dévotion et n’ayant pas à craindre un empoisonnement s’en satisferaient. Les autres, comme Borgia, avaient fait le nécessaire.
    Malgré mon manque de talents domestiques je suis capable, lorsque j’y suis forcée, de mettre un repas sur la table. S’exercer à empoisonner la nourriture n’est probablement pas le moyen le plus orthodoxe d’apprendre à cuisiner, mais présentement cela allait m’être utile. Par ailleurs, c’était une occupation appropriée pour un page qui ne
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