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Délivrez-nous du mal

Délivrez-nous du mal

Titel: Délivrez-nous du mal
Autoren: Romain Sardou
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ne prononça pas un mot.
    Il se saisit du cou du vieil homme et l’étrangla.
    Il venait d’apprendre les liens d’Althoras avec Rome et de comprendre à quel point il n’avait été, pendant de nombreuses années, qu’un pantin entre les mains de l’aveugle. Et combien il avait joué avec la vie de sa fille.
    Althoras expira, sans opposer de résistance.
    La porte du cabinet d’Artémidore de Broca céda sous les coups.
    Six soldats pénétrèrent et se ruèrent sur le vieux chancelier pour l’arrêter. Dans l’antichambre, Fauvel de Bazan était ligoté. Le pape arriva peu après et déclara, voyant les deux hommes prisonniers :
     – C’en est terminé, Broca…

C HAPITRE 0 2
    L’audience accordée à Bénédict Gui par le pape Nicolas IV eut lieu au Latran, en présence des représentants de l’empereur, du roi de France, du roi d’Angleterre et des Templiers.
    Artémidore de Broca, Fauvel de Bazan, Rainerio et le cardinal Rasmussen – qui avait été arrêté à son arrivée en Flandres – comparaissaient ensemble. Quelques jours de prison leur avaient fait perdre beaucoup de leur superbe.
    Dans la vaste salle, Bénédict Gui était prostré sur une chaise à roues de son invention. Il portait encore les séquelles des tortures endurées dans les geôles de Matteoli Flo : il ne pouvait articuler le moindre mot, un œil lui manquait, une large partie de son visage était paralysée ; il ne parvenait ni à marcher ni à coordonner ses bras et ses mains.
    Après son évasion de la prison et sa chute vertigineuse dans les eaux du Tibre, Bénédict avait sombré sous le courant, mais avait été repêché, quelques centaines de mètres en aval, par les « Laveurs » qui, pensant récupérer un nouveau cadavre, furent bien surpris de retrouver leur ami Gui, aux portes de la mort.
    L’ayant une fois trahi au profit de Bazan, ils eurent à cœur de le ranimer.
    Bénédict demeura plusieurs jours auprès d’eux, jusqu’à ce qu’il leur fît péniblement comprendre qu’il voulait être conduit à Ostie.
    Là, il fut recueilli par Oronte et Julia Salutati, les parents de sa femme Aurélia, qui ne l’avaient pas revu depuis deux ans. Bouleversés par son état, ils lui prodiguèrent les soins indispensables pour lui rendre la santé.
    Bénédict ne recouvra jamais complètement sa motricité physique, mais il regagna, pied à pied, l’empire sur son cerveau. Avec ordre et discipline, il reclassa ses pensées et ses souvenirs, recomposa la mosaïque éclatée de sa conscience et retrouva le contrôle de lui-même.
    Aidé par le riche père d’Aurélia, par le fidèle Matthieu, par la veuve de Maxime de Chênedollé, qui grillait elle aussi de découvrir la vérité sur son mari, par la sœur Constanza à l’abbaye de Pozzo qui, en dépit des sévices que lui avaient fait subir les hommes d’Artémidore de Broca avant de la tuer, n’avait jamais avoué où se cachaient les documents sur Rainerio consultés par Gui ; enfin grâce au moine impassible qui seconda le cardinal Moccha jusqu’à sa mort, Bénédict Gui avait remonté toute la trame qui liait Cantimpré à Rainerio, Rainerio au Convent de Megiddo, le Convent à Chênedollé, et Chênedollé à lui…
    Le pape lui donna la parole.
    Bénédict ne pouvant pas s’exprimer, il avait consigné, grâce à un procédé d’écriture innovant, un important plaidoyer qu’il avait remis à Matthieu.
    Ce fut ce jeune garçon, auquel il avait autrefois appris à lire et à écrire, qui s’exprima devant l’insigne assemblée, debout à côté de son maître, face aux représentants de Dieu et de tous les souverains importants du monde.
    Il lut :
    — Un grain peut souvent suffire à faire buter une puissante machinerie. En l’espèce, le grain qui a causé la perte d’Artémidore de Broca et des siens se nommait Maxime de Chênedollé.
    Bénédict expliqua, par le truchement de Matthieu, que cet homme était un richissime marchand banquier qui, depuis de nombreuses années, était le pourvoyeur de fonds du Convent de Megiddo ; rassemblant des sommes extravagantes pour couvrir ses activités diverses.
    — Les dépenses du Convent ne pouvaient apparaître dans les comptes de l’Église ; Chênedollé était l’ordonnateur judicieux de cette trésorerie parallèle.
    Seulement, l’homme était prévoyant : il ne lui avait pas échappé que les règles du Convent étaient très strictes et qu’au moindre faux pas, un membre,
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