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Délivrez-nous du mal

Délivrez-nous du mal

Titel: Délivrez-nous du mal
Autoren: Romain Sardou
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faut les sauver !
    Rapidement Agnès se retrouva aux côtés de Jehan, Damien et Simon, sous la protection des hommes de son père.
    — Il manque Perrot ! s’exclama-t-elle.
    — Où est-il ? fit Isarn qui s’inquiétait du temps perdu et de l’avancée du feu.
    — Nous l’ignorons, répondirent les enfants. Cela fait plusieurs jours que nous sommes séparés de lui…
    Le brigand de Toulouse jeta un regard à la ronde sur le monastère. Sous la vigueur des flammes, on y voyait comme en plein jour.
    Les langues de feu se propageaient à une vitesse effrayante. Isarn voyait venir le moment où son plan d’évacuation serait compromis.
    — Nous n’avons plus le temps pour Perrot, hurla-t-il. C’est lui ou nous ! Allons !
    Il entraîna les enfants, malgré leurs cris : « Non ! Perrot est indispensable ! Il faut le trouver ! »
    Le feu avait pris dans l’immense salle aux établis des laborantins, là où le père Aba avait découvert les mille travaux du monastère. Le bois céda sous les morsures des flammes, et tout l’édifice s’effondra, emportant sous les éboulements des années d’études et de découvertes.
    Dans l’aile des invités de marque, les geôliers qui surveillaient la chambre d’Até de Brayac la libérèrent, avant de fuir eux-mêmes, jugeant ne pas devoir laisser périr la fille d’Artémidore de Broca.
    Cette dernière, toujours enfiévrée, arracha une épée à l’un des gardes et disparut.
    Arrivée à l’air libre, elle fut épouvantée par le désastre. Elle s’élança en quête de l’abbé Profuturus.
    Elle retrouva l’homme étendu dans son bureau, mourant, le visage roussi et lacéré par les éclats de vitraux. Un moine non loin de lui s’était entièrement consumé avec sa bure.
    — Où est Perrot ? cria Até. Il faut le préserver ! Où est l’enfant ?
    Profuturus ne pouvait plus décoller ses lèvres. Il trouva à peine la force de lever une main : une clef s’y trouvait, agrippée entre ses doigts pétrifiés.
    Puis il fit un geste vers le vitrail béant de son bureau et désigna l’angle le plus élevé du monastère.
    Une petite croisée solitaire s’y trouvait.
    Até arracha la clef de l’abbé et bondit.
    Cependant Isarn réunissait ses hommes et les enfants dans un des cloîtres du monastère.
    Après s’être assuré que tout le monde était présent, comme prévu selon son plan de bataille, il fit exploser cinq tonnelets qui ceinturèrent de feu le jardin, le rendant inaccessible et invisible.
    À la suite de quoi, selon les indications du vieil Althoras qui lui avait appris les secrets de ce monastère, il brisa le bord de pierre de la fontaine centrale.
    L’eau dégueula entièrement par la brèche sur l’herbe.
    Dans le fond, il trouva, gras et verdi, un anneau.
    Il le fit hisser par ses hommes : une dalle s’éleva, donnant accès à un passage secret.
    Le seul dans tout Albert-le-Grand qui permettait de fuir. Inconnu, hormis d’une poignée de privilégiés.
    La troupe d’Isarn s’y engouffra.
    Après avoir suivi un long tunnel obscur, ils débouchèrent sur la plaine de broussailles qui entourait la forteresse.
    Sans attendre, les rescapés se précipitèrent vers la mer et le ponton où les attendait le Saint-Lin  ; ce navire aux mains des hommes d’Isarn avait eu pour consigne d’attendre au large et de se rapprocher dès l’apparition des premières flammes jaillies du monastère.
    Isarn, Agnès, Jehan, Damien, Simon et les brigands montèrent à bord de canots qui les menèrent au navire.
    Le Saint-Lin appareilla aussitôt.
    Ils étaient libres.
    Até gravit les étages du monastère sans craindre pour sa vie, bravant les flammes et les braises.
    Toutes ses pensées étaient tournées vers Perrot.
    Soudain son existence prenait un sens profond : elle devait sauver ce garçon, se racheter du mal qu’elle lui avait fait…
    Elle atteignit la chambre désignée par Profuturus et glissa fiévreusement la clef dans la serrure.
    Elle entra.
    Perrot était assis au chevet du père Aba.
    Le ressuscité était étendu, il dormait en respirant faiblement, insensible au drame qui se jouait près de lui.
    Perrot lui-même ne paraissait pas ému.
    — Le temps presse ! cria Até. Nous devons te mettre à l’abri !
    Elle voulut empoigner l’enfant, mais il se récria :
    — Je ne peux pas abandonner le père Aba.
    — Peut-il marcher ?
    Le silence embarrassé de Perrot condamnait le prêtre.
    — Impossible
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