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Délivrez-nous du mal

Délivrez-nous du mal

Titel: Délivrez-nous du mal
Autoren: Romain Sardou
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même éminent, pouvait être sacrifié sans scrupules.
    — Aussi décida-t-il, il y a huit ans, après la mort de l’évêque Romée de Haquin à Draguan [02] , d’assurer sa vie. Il entra en contact avec un certain évêque Moccha, un prélat alors peu en vue de la curie romaine, conspué pour son mode de vie exubérant et qui n’inquiétait personne de par son manque apparent d’ambition. Seulement, derrière ses dehors licencieux, Moccha était un homme foncièrement honnête, incorruptible et qui haïssait l’injustice. Maxime de Chênedollé décida de consigner par écrit tout ce qu’il voyait et entendait au sein du Convent ; puis de remettre ces informations en secret à Moccha. S’il se sentait en danger, il pourrait menacer ses maîtres de tout révéler. S’il lui arrivait malheur, Moccha avait instruction de tout rendre public. En dépit des risques encourus, leur association fut florissante et Moccha constitua un terribleréquisitoire contre Artémidore de Broca et sa société secrète.
    Chênedollé eut raison d’agir de la sorte car Artémidore décréta, en petit comité, une gigantesque purge dans les rangs du Convent de Megiddo.
    Créé jadis par dix hommes, le Convent était aujourd’hui un monstre protéiforme, affaibli et vulnérabilisé par le nombre de ses activités et la prolifération de ses membres. Le silence de certains personnages trop instruits coûtait des fortunes, et la démence de quelques autres, tel l’abbé Domenico Profuturus, mettait l’édifice en péril. Artémidore de Broca, habitué à devancer ses ennemis, au lieu de se préparer à la chute du Convent de Megiddo, résolut de la précipiter !
    — Il décida l’élimination des neuf dixièmes de ses troupes. Ce fut dans la résidence de Chênedollé, hors de Rome, que Broca et Rasmussen, aidés par le jeune Rainerio, établirent l’incroyable faux organigramme de Megiddo qui avait pour but de confondre les traîtres du Convent, en particulier ceux déjà réfugiés chez l’empereur. Rainerio avait pour mission de falsifier au Latran, mais aussi à l’abbaye de Pozzo, les documents officiels qui contrediraient l’organigramme. Rasmussen et lui jouèrent habilement leurs rôles à Rome, préparant leurs disparitions…
    Maxime de Chênedollé ne tarda pas à apprendre qu’il faisait partie des membres touchés par la purge . Son dernier acte notable fut d’octroyer les fonds nécessaires à Rasmussen et à Rainerio pour feindre l’assassinat du premier et payer le voyage du second jusqu’en Moravie !
    — Chênedollé s’est alors décidé à fuir Rome avec son épouse et à disparaître. Mais il se savait surveillé : son valet à la solde du Convent, tous ses faits et gestes étaient reportés à Fauvel de Bazan. Le temps était venu d’employer les documents remis à Moccha. Il se résolut alors à venir me voir moi. Bénédict Gui. Il savait mes succès dans les prétoires et comptait que, à l’aide des secrets chez Moccha, je saurais établir une attaque logique et irrévocable. Il réussit à me glisser, imperceptiblement, de menus indices qui devaient selon lui, et d’après ma réputation, suffire à me ramener vers le cardinal Moccha. Avant de mourir assassiné (son plan de fuite avait été éventé), Chênedollé eut le temps de prévenir son ami de mon implication et du rôle qu’il me voyait jouer dans la grande révélation. Lorsqu’il apprit la fin horrible de Chênedollé, Moccha s’est précipité pour me trouver dans ma boutique ; mais Fauvel de Bazan avait déjà orchestré mon arrestation et il trouva ma maison en cendres ! Cependant la foule lui apprit que j’avais réussi à m’enfuir. Aussi Moccha m’attendait-il avec impatience pour rendre publics les dossiers de Chênedollé. Hélas, il était loin de s’imaginer, lorsque je le rencontrai dans son palais sous une fausse identité, qu’il tenait en face de lui l’homme choisi par Chênedollé pour déjouer les projets d’Artémidore de Broca !
    Le pape, et ceux qui l’entouraient, écoutaient avidement les explications de Gui, fascinés par les incroyables ramifications qu’il avait réussi à mettre au jour.
    De leur côté, Artémidore, Rainerio et Rasmussen restaient de marbre. Seul Fauvel de Bazan était stupéfait ; lui savait ce qu’avait enduré Bénédict Gui, et il ne pouvait comprendre comment cet homme avait échappé à la mort et à l’anéantissement complet de ses facultés
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